JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

L’enquête de Jim Garrison

par Pierre NAU

Débattre de l’enquête de Jim Garrison et du personnage est toujours compliqué. Les passions sont telles que la raison a du mal à trouver sa place. La raison en est simple. Le défaut majeur des contradicteurs est d’omettre de replacer le personnage et sa contre-enquête dans le contexte de l’époque.


District attorney à la Nouvelle Orléans, Jim Garrison fut le seul homme de loi à s’élever contre les conclusions de la Commission Warren et à mener ,dès 1967, une contre enquête aboutissant à une inculpation et à un procès. Malheureusement pour lui, des ennuis de toute sorte s’abattront sur l’individu et porteront un rude coup à son entreprise et à sa crédibilité. L’échec de Jim Garrison est la conséquence de plusieurs causes complémentaires les unes des autres :

• Une enquête trop rapide et quelque peu superficielle, faute de temps et de moyens, entameront sa crédibilité ;

• L’acharnement des médias qui verront davantage dans son entreprise un coup de pub plutôt que le but réel de faire progresser la vérité ;

• Des témoins qui disparaîtront avant d’avoir pû témoigner ou aux personnalités telles que la fiabilité de leurs déclarations sera très rapidement remise en question ;

• Une équipe trop réduite pour une enquête aussi vaste qui devait s’acquitter dans le même temps de ses obligations habituelles ;

• L’hostilité fédérale à sa contre-enquête et la détermination manifestée à la discréditer.



Il ne s’agit pas de faire l’apologie ou le procès de Jim Garrison. Ce n’est pas mon intention. Toutefois, il faut bien s’attarder sur le travail de cet homme qui aura consacré une grande partie de sa vie à une cause qui lui semblait juste : faire toute la lumière sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et désigner tous les coupables de la conspiration. En effet et en complète contradiction avec les conclusions de la Commission Warren, Jim Garrison est convaincu que l’assassinat du Président est l’œuvre d’un complot. Lequel ? Quelles étaient les motivations de cette conspiration ? C’est ce que nous allons voir maintenant en voyant successivement :

• Le cadre et le lieu où se serait décidé et préparé l’attentat,

• Les commanditaires et les initiateurs,

• Les personnages clés de la conspiration,

• Les témoins de Garrison,

• Le procès de Clay Shaw,

JFK Affaire non classée PAR Jim Garrison (éditions J’AI LU 1992). D’après le titre original "On the trail of the assassins my investigation and prosecution on the murder of President Kennedy"

Avant de reprendre les différents points évoqués ci-dessus et afin de se forger une opinion personnelle sur le personnage, la lecture de son livre me paraît indispensable avant de lire les critiques des uns et des autres ( et ils sont nombreux) sur le District Attorney de la Nouvelle Orléans. Dans son ouvrage, le procureur de la Nouvelle Orléans nous fait le récit de son enquête et des difficultés auxquelles il s’est heurté. Passionnant, même s’il est difficile d’adhérer à toutes ses conclusions.


1 - Le cadre et le lieu de préparation de l’attentat.

Avant d’en venir à la genèse de l’attentat de Dealey Plaza tel qu’il a été appréhendé par le procureur de la Nouvelle Orléans, il faut s’intéresser aux raisons pour lesquelles Jim Garrison s’est intéressé à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, au point d’en faire une enquête déclenchée de sa propre initiative. Jim Garrison ne s’est pas préoccupé de la recherche de la vérité dès le début des investigations menées par la Commission Warren. Ce n’est qu’en 1967 qu’il entamera sa propre enquête. Auparavant, il fit comme tout le monde en s’en remettant aux conclusions de la Commission, lorsque cette dernière publia son rapport à la fin de l’année 1964. Ce n’est qu’avoir entendu parler des premières critiques du rapport et de ses imperfections qu’il entreprit la lecture des 26 volumes. Très rapidement, il nota les faiblesses de l’enquête et les détails d’importance laissés de côté par l’enquête officielle. Des témoins oubliés ou négligés, des conclusions en contradiction avec les dépositions des témoins et cette démarche récurrente visant à ne privilégier que les éléments de preuve visant à conclure à l’acte isolé d’un déséquilibré : Lee Harvey Oswald. Ce dernier, natif de la Nouvelle Orléans où une partie de sa famille y résidait encore, avait passé une partie de l’année 1963 dans sa ville natale. Dans ce cadre et après avoir pris connaissance des faits et agissements d’Oswald pendant cette période au travers du rapport Warren, il apparut naturel au procureur Garrison de procéder à des investigations supplémentaires sur les points particuliers qu’avait peut-être laissé de côté la Commission Warren. Telle fut la démarche de Jim Garrison.


Aidé de ses proches collaborateurs, il débuta son enquête au début de l’année 1967, alors que les critiques de la version officielle se faisaient de plus en plus nombreuses.


C’est donc dans sa ville et dans le milieu anti castriste que Jim Garrison et ses enquêteurs vont concentrer leurs efforts. Il faut dire qu’à quelques miles de la Nouvelle-Orléans, sur les bords du lac Ponchartrain, un camp d’entraînement avait formé, jusqu’à sa fermeture à l’été 1963, des anti-castristes en vue d’une invasion ultérieure visant à déloger le "Lider Maximo" Fidel Castro. Ceci se faisait sous la direction de la CIA et plus particulièrement de son département chargé des opérations spéciales. Cette même division avait été à l’origine du renversement de Mossadegh en Iran, de Trujillo à Saint Domingue entre autre. C’est ce que mettra en évidence la Commission Rockfeller en 1975, chargée d’enquêter sur les agissements secrets de l’agence pendant la période des "sixties". L’entraînement était intense à Lake Pontchartrain jusqu’au milieu de l’année 1963 date à partir de laquelle un changement intervint. Lassé des agissements de l’agence qui l’avait d’une certaine façon trahi lors de l’expédition désastreuse de la Baie des cochons (en ne l’informant pas complètement de la situation exacte le Président avait alors refusé un appui aérien nécessaire à la réussite de l’opération) , Kennedy était décidé à reprendre les choses en main. C’est ce qu’il fit en limogeant le directeur de l’agence, Allen Dulles, et le Général Cabell qui n’était autre que le frère du maire de Dallas, Earl Cabell. Le but était à la fois de sanctionner les responsables mais aussi de reprendre le contrôle de la CIA qui au cours des ans avait accru considérablement son pouvoir tout en échappant au contrôle de l’exécutif. Cette reprise en main s’opéra de manière progressive et l’évacuation du camp de Lake Pontchartrain en était un des épisodes les plus spectaculaires. La signification politique était forte car elle signifiait l’abandon définitif d’une possible invasion de Cuba par les anticastristes avec l’aide et le soutien officiel des Etats-Unis. Evidemment cette décision affecta beaucoup les anti-castristes qui se considéraient doublement trahi par le Président après l’expédition ratée de la Baie des Cochons. De la même façon, une partie des agents de la CIA et plus particulièrement ceux qui œuvraient au sein de la cellule des opérations spéciales avaient une raison supplémentaire d’en vouloir au Président.


2 - Les commanditaires et les initiateurs

Parmi les projets anti-castristes, outre l’invasion de l’ile qui constituait le but suprême à atteindre, l’assassinat de Fidel Castro était l’autre priorité de ces activistes. L’idée de Garrison et les conclusions auxquelles il était arrivé résidait principalement dans un transfert d’objectif. Trahi une deuxième fois par le Président Kennedy, ils auraient décidé de changer de cible et d’atteindre à la vie du Président qu’ils considéraient comme l’obstacle numéro un à leur cause. Ceci d’autant plus qu’il préparait un rapprochement spectaculaire avec Castro. Cette évolution était probablement la contrepartie des accords passés en 1962 avec Khrouchtchev qui avait accepté de retirer ses missiles de Cuba contre l’engagement des Etats-Unis de renoncer définitivement à l’invasion de l’ile. L’entrevue des deux hommes à Vienne au cours de l’année 1963 avait définitivement scellé cet accord et marquait le début d’une détente entre les deux nations après que la troisième guerre mondiale ait été évitée de justesse en 1962.


L’alliance objective de la haine des anticastristes et des rancœurs de certains membres de la CIA aurait à l’origine du processus qui décida de l’assassinat du Président Kennedy. Le projet prit corps à la Nouvelle Orléans et les responsables de cette entreprise appartenait aux deux entités qui avaient de bonnes raisons d’en vouloir au Président avec une répartition des rôles bien précise.

• La conduite de l’opération aux membres de la CIA déçus de l’administration Kennedy et vexés d’avoir été désavoués ;

• L’exécution étant l’affaire des anticastristes et des hommes de mains de la CIA.
 


C’est ce que Jim Garrison et ses enquêteurs s’efforcèrent de démontrer. Leur investigation les amena à désigner des noms et conduisit à un procès.


3 - Les personnages clés de la conspiration

Les principaux personnages liés à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et mis en cause par Jim Garrison au cours de son enquête était les suivants :

• Clay Shaw ;

• Guy Bannister ;c

• David Ferrie ;

• Lee Harvey Oswald ;


1 - Clay Shaw :
 

Notable de la Nouvelle Orléans et directeur de l’International Trademart, Clay Lavergne Shaw aurait été le commanditaire de l’assassinat en qualité d’agent de la partie de la CIA qui, à l’insu de sa direction centrale, avait décidé de se venger des mesures énergiques prises par le Président à la suite du fiasco de la Baie des Cochons. La raison du choix de Clay Shaw comme intermédiaire tenait à la fois à sa position sociale, à ses relations nombreuses dans des milieux très divers et au fait qu’il résidait à la Nouvelle Orléans où de nombreux anti-castristes vivaient là en exil. Clay Shaw avait été en particulier très actif dans la restauration du quartiers de la Nouvelle Orléans. C’était donc un notable respecté mais, étant homosexuel, qualité peu appréciée de l’establishment local, il fréquentait, aux dires de Garrison des milieux peu reluisants et des personnages pour le moins curieux. Sa condition d’homosexuel l’aurait conduit à utiliser un nom d’emprunt pour s’immiscer dans la communauté homosexuelle de la ville. Clay Shaw se serait fait appeller : "Clay Bertrand". C’est ce que mit en évidence Jim Garrison au cours de son enquête, grâce aux révélations d’un certain Dean Andrews, avocat de son état. Andrews déclarera à Garrison avoir reçu un coup de fil le 22 Novembre 1963 de "Clay Bertrand" lui demandant de défendre Lee Harvey Oswald ,au moment où ce dernier avait été arrêté. Andrews alors hospitalisé aurait refusé d’accéder à la requête de son client. Le même Andrews déclarera avoir rencontré Lee Harvey Oswald accompagné de 2 homosexuels mexicains au cours de l’été 1963. Le but de cette rencontre était selon Andrews de le faire intervenir pour qu’Oswald obtienne une libération honorable du Corps des Marines qu’il avait quitté en 1959 deux mois avant la date de sa libération anticipée pour raison familiale convenue et qui le plaçait "de facto" en position de déserteur. Toujours selon Andrews, Oswald faisait cette requête dans le but de lui faciliter les choses dans sa future demande de visa pour l’Union Soviétique ou Cuba.


Andrews se refusera, du moins officiellement, de reconnaître son client Clay Shaw en la personne de Clay Bertrand. Pourtant, aux dires de Garrison, Clay Shaw aurait admis lui-même, au cours d’un interrogatoire, avoir eu recours au nom d’emprunt de Clay Bertrand. Malheureusement pour Garrison, Clay Shaw ne confirmera pas ses propos devant la cour, au moment du son Procès en 1969.


Entre autres relations et toujours selon Garrison, Clay Shaw était aussi en rapport avec des activistes d’extrême droite, des aventuriers et des anti-castristes en mal de revanche à l’encontre de Fidel Castro et de du Président Kennedy. Toujours selon le Procureur de la Nouvelle Orléans, son rôle majeur était de les fédérer en vue d’une opération bien particulière : l’assassinat de Castro. Car c’était bien le but originel recherché par Cay Shaw et ses complices. La cible aurait changé à l’été 1963 quand le camp d’entraînement de Lake Pontchartrain des groupes anti-castristes fut démantelé énergiquement et quand la CIA cessa, du moins officiellement et sur ordre du Président de leur apporter son soutien. L’homme à abattre des anti-castristes et d’une frange de la CIA devenait le Président Kennedy qui les avaient, à leurs yeux, doublement trahi. De plus le Président préparant un rapprochement avec Castro, plus aucun soutien fédéral ne pouvait être espéré à l’avenir. Dans ce cadre, Clay Shaw, membre de la CIA (le doute n’est plus possible maintenant depuis que la révélation de son appartenance à l’agence est devenue officielle) était chargé de la mise sur pied de l’attentat. C’est la conclusion à laquelle arriva Jim Garrison et c’est sous ce chef d’accusation que Clay Shaw sera amené à comparaître devant un tribunal en 1967.


2 - Guy Banister :

Guy Banister était un détective privé établi à la Nouvelle Orléans. Ancien employé du FBI, il était très lié aux milieux activistes de l’extrême droite en particulier les fameux "minutemen" et aux groupes anti-castristes. Son bureau se trouvait au 544 Camp Street à la Nouvelle Orléans. Cette adresse servait selon Garrison de lieu de rencontre aux groupes anticastristes décidés à renverser Fidel Castro. Le rôle de Banister dans la conspiration imaginée par Garrison était de piéger Oswald à son insu, en lui faisant camper un personnage exalté, communiste et membre de l’organisation procastriste Fair Play for Cuba Committee. Oswald était pleinement conscient du rôle qu’il jouait mais ignorait tout du piège qui lui était tendu. Il avait sûrement connaissance du projet d’assassinat qui se préparait et se concentrait sur son rôle d’agitateur. L’idée de la conspiration et sa mise en œuvre par Banister n’était pas dénuée d’intérêt et le personnage campé par Oswald répondait à une certaine logique. En effet, une fois le Président assassiné et Oswald désigné coupable, la preuve aurait faite de l’implication du régime castriste dans l’assassinat et la perspective d’une nouvelle expédition punitive à Cuba pour renverser le "Lider Maximo" devenait possible. Sur les premiers tracts distribués par Oswald figuraient l’adresse tamponnée du bureau de Banister. S’apercevant de cette erreur, Bannister fit en sorte qu’elle ne figure plus lors de la deuxième distribution de tracts par Oswald à proximité de l’International Trade Mart que dirigeait Clay Shaw.

Par ailleurs, l’enquête de Garrison révélait que Banister était très lié aux activistes anti-castristes qui s’entraînaient au camp de Lake Pontchartrain. Certains se retrouvaient fréquemment dans le bureau de Banister. Ce fait a été révélé par le plus proche collaborateur de Banister un certain Martin. Garrison mettra aussi en évidence que ce dernier rappelant à Banister, au soir de l’attentat de Dallas, qu’Oswald que l’on venait d’arrêter était venu à plusieurs reprises au 544 Camp street, avait été violemment frappé par Banister. Celui passablement éméché lui aurait conseillé d’oublier tout ce qu’il avait vu s’il ne voulait pas s’attirer d’ennuis. Autrement dit, Martin ne devait oublier les allées et venues fréquentes d’Oswald, celles des anti-castristes et aussi celles de Clay Bertrand (Clay Shaw). Martin devait aussi chasser un autre personnage énigmatique de sa mémoire. Cet individu pour le moins curieux n’était autre que David Ferrie.


3 - David Ferrie :

David Ferrie était un personnage très étrange aux multiples facettes. Pilote émérite il avait été licencié par sa compagnie pour indiscipline et manquements à l’éthique du pilote de ligne. Très vite il avait opéré une reconversion en mettant ses qualités d’adresse au pilotage au service de missions aériennes particulières. Elles consistaient essentiellement dans des parachutages de matériels au-dessus de Cuba au profit des anticastristes présents sur l’île. Outre ses qualités de pilote, Ferrie se livrait à des expériences sur des souris et était à l’en croire versé dans le mysticisme religieux. Malheureusement sa vocation avait été quelque peu contrariée par des tendances maniacoperverses et son penchant particulier pour les jeunes garçons. Quel était donc le rôle de Ferrie dans la conspiration imaginée par Garrison ? Avant d’en venir au rôle joué par Ferrie dans l’assassinat, il est nécessaire de rappeler que ce personnage peu recommandable connaissait à la fois, d’après Garrison, Clay Shaw et Guy Banister. La nature homosexuelle de Ferrie et de Shaw rapprochait les deux personnages et les activités subversives de Banister avait amené ce dernier à faire appel aux qualités de pilotage de Ferrie. Toujours d’après le Procureur de la Nouvelle Orléans, Ferrie et Shaw qui se faisait appeler "Bertrand" pour ces occasions, avaient participé ensemble à des soirées d’un genre particulier dans le quartier "gay" de la Nouvelle Orléans. Malheureusement pour lui, Garrison ne pourra pas confondre Clay Shaw en faisant comparaître Ferrie à son procès. Ce dernier décèdera de mort apparemment naturelle, si l’on en croit le rapport d’autopsie, au moment où Garrison s’apprêtait à l’interroger pour recueillir sa déposition. Si cette disparition arrangeait les affaires d’un Clay Shaw coupable, elle compliquait singulièrement la tâche de Garrison qui voyait ainsi disparaître une des pièces maîtresses de son accusation. De la même façon, un Shaw innocent voyait disparaître un personnage qui l’aurait peut-être disculpé ou qui n’aurait pas été en mesure de prouver leur association. Quoiqu’il en soit cette disparition tombait mal et ne faisait l’affaire de personne. La suspicion relative à cet te disparition, les doutes relatifs à la conclusion à une mort naturelle générés par l’absence d’autopsie, laisseront longtemps planer le doute sur les circonstances de la mort de David Ferrie. Des questions sans réponse incontestable deumeureront et l’étendue du rôle de Ferrie dans la conspiration imaginée par Garrison ne sera jamais complètement déterminée.


Le rôle de David Ferrie dans la conspiration visant à assassiner le Président Kennedy était selon Garrison directement lié à ses qualités de pilote. A ce titre il devait récupérer le ou les tireurs de Dealey Plaza une fois leur tâche accomplie. En se posant discrètement sur un terrain de la banlieue de Dallas, il était chargé de conduire les tireurs, accompagnés ou non d’autres membres de la conspiration, au Mexique où il atterrirait sur un terrain non moins discret. De cette façon les tueurs échappaient aux poursuites et à l’enquête. Pendant ce temps le piège se refermait sur Lee Harvey Oswald. Loin d’être complètement irréaliste cette hypothèse cadrait avec le scénario que Garrison avait déduit de son enquête. De plus, sa conviction était renforcée par l’alibi fourni par Ferrie lors de la rencontre de ce dernier avec un des enquêteurs de Garrison. Ferrie avait alors déclaré avoir passé la nuit dans un ranch entre Houston et Dallas après avoir initialement projeté d’aller faire du patin à glace à Houston. Curieuse idée en effet de faire autant de kilomètres pour aller faire du patin à glace et finalement se retrouver dans un ranch en pleine nature. L’alibi de Ferrie intriguait Garrison qui avait de bonnes raisons de croire que Ferrie n’avait pas dit toute la vérité. Sa disparition ne permettra pas à Garrison à l’époque de clarifier ce point important. En revanche, si le doute subsistait quant à l’emploi du temps de Ferrie, Garrison était convaincu du piège dans lequel on avait Oswald pour en faire un coupable pré-désigné.


4 - Lee Harvey Oswald :

Ayant déjà développé une page complète à l’étude d’Oswald et de son passage à la Nouvelle Orléans à l’été de 1963, nous considèrerons uniquement le rôle joué par Lee Harvey Oswald dans la conspiration imaginée par Jim Garrison. Le rôle d’Oswald a été double. Une partie de celui-ci était a été tenu par Oswald en parfaite connaissance de causes, l’autre facette et non la moindre s’est déroulée à son insue.

Officiellement Oswald était à la Nouvelle Orléans à la recherche d’un emploi. Il faut dire qu’il réussira plutôt bien dans sa quête, puisqu’il travaillera bientôt à la Reily Coffee Company comme ouvrier chargé de graisser des machines. Coïncidence ou non, cette manufacture se situait non loin du bureau de Guy Banister au 544 Camp street. Jim Garrison ne tardera pas à faire le rapprochement au cours de son enquête quand il étudiera de près les activités politico-subversives d’Oswald. Car ce dernier perd très vite son emploi pour inefficacité mais ne reste pas pour autant inactif. Très vite ses activités politiques constitueront l’essentiel de son emploi du temps. Il essaye tout d’abord d’infiltrer les milieux anticastristes et rencontre à ce titre Carlos Bringuier le représentant d’une organisation étudiante anticastriste et lui propose ses services en faisant valoir son expérience de Marine et son savoir faire en matière de guérilla. Il va même jusqu’à lui offrir son manuel de Marine relatif à la pratique de cet art. Tout ceci n’a qu’un but : mettre en confiance Bringuier pour mieux tromper sa vigilance. Le but d’Oswald est de provoquer Bringuier pour l’amener à une confrontation radiophonique où Oswald campe le personnage du marxiste convaincu, farouche défenseur de la cause cubaine et Président de la section du Fair Play for Cuba Committee qu’il vient de créer et dont il est d’ailleurs le seul et unique membre. La stratégie d’Oswald fonctionne à merveille. Il distribue une première fois des tracts favorable à Cuba dans la rue et s’arrange pour que Bringuier s’en aperçoive. Ce dernier voyant faire Oswald s’en prend à lui aidé de ses camarades et Oswald se retrouve au poste de Police d’où il ressort presque aussitôt en s’étant acquitté au préalable d’une amende de 10$. Sur les tracts confisqués figure, tamponnée, l’adresse du Bureau de Guy Banister. Signature gênante fortuite ou volonté délibérée constituant une provocation supplémentaire à l’encontre des groupes anticastristes ? Comment expliquer sinon que l’adresse de ce dernier, connu pour ses sympathies pour l’extrême droite, soit imprimée sur les tracts distribués par Oswald ? Les explications données ne sont pas toujours convaincantes. La plus répandu consiste à dire que l’adresse du 544 Camp street correspondait à l’immeuble qui abritait le bureau de Banister mais qu’une adresse secondaire (une autre entée de l’immeuble) correspondait à celle du Bureau de Bannister. Admettons. Mais alors pourquoi cette adresse figurant sur les premiers tracts distribués par Oswald est-elle absente sur ceux qu’Oswald distribuera ultérieurement devant l’International Trade Mart dirigé par Clay Shaw ? Prétendre qu’Oswald ne connaissait pas Banister comme l’a fait la Commission Warren rend encore plus difficile l’explication de ce changement. Car dans ce cas on en vient à imaginer qu’Oswald s’est amusé à tamponner l’adresse de l’immeuble où séjournait Banister sans le connaître. De plus personne n’a été en mesure d’établir qu’Oswald avait loué un local ce qui pouvait alors constituer une explication à l’adresse figurant sur les premiers tracts. Dans ce cas on se demande bien pourquoi Oswald a alors cessé d’apposer l’adresse du 544 Camp street sur les autres tracts. Sans trop s’attarder sur ce détail, il apparaît probable que Garrison avait vu juste sur ce point. Oswald aurait tout simplement utilisé par erreur des feuilles de papier où l’adresse du 544 Camp street était préimprimée lors de l’élaboration de ses premiers tracts. S’apercevant de cette erreur Banister aurait corrigé cette erreur lors de la fabrication des suivants. C’est l’explication la plus simple qui vient à l’esprit. Néanmoins certains s’entiennent toujours à l’explication donnée par la Commission Warren.


Voir à ce sujet l’étude complète par David Reitzes à l’adresse suivante : http://mcadams.posc.mu.edu./camp.htm

Oswald est donc placé en détention à l’issue du désordre provoqué su r la voie publique. C’est au cours de cette arrestation qu’il demande à être entendu par un agent du FBI. Ce détail a été depuis le début de l’enquête de la Commission Warren et par la suite de celle du procureur de la Nouvelle Orléans l’objet de nombreuses hypothèses. Pour Garrison et il n’est pas le seul, Oswald était en fait un agent double. Employé par la CIA dans le cadre de l’infiltration des groupes anti-castristes et de la mise au point, à son insue, de son personnage en vue de la préparation de l’assassinat, il était aussi un agent du FBI. C’est ce qui expliquerait qu’il ait demandé à être entendu par un représentant du Bureau d’investigation fédéral. Qu’à dit Oswald à l’inspecteur qui l’a entendu ? Nul ne le sait puisqu’il n’y a pas eu de procès verbal de sa déposition. Selon toute vraissemblance et si l’on en croit le Procureur de la Nouvelle Orléans Oswald avertissait tout simplement son employeur des préparatifs de l’assassinat du Président. Quel rôle complexe et ambigu pour un seul homme. La CIA le manipule en lui faisant composer un personnage exalté afin de lui faire endosser la responsabilité de l’attentat une fois celui-ci commis tout en accusant Cuba et le FBI continue de l’utiliser comme informateur. Oswald était-il à la hauteur d’une telle mission ? Oui pour Garrison et d’autres pour qui la préparation de l’attentat contre le Président était décidé de longue date et pour lesquels le choix d’Oswald comme bouc-émissaire, marxiste léniniste et fervent supporter de la révolution cubaine avait été entériné longtemps à l’avance. Certains avancent même que son 3escapade soviétique" faisait partie de ce plan afin de rendre le portrait décidé d’Oswald, le plus convaincant possible. A première vue cette hypothèse semble rocambolesque et un peu tirée par les cheveux. A l’inverse, il faut bien reconnaître qu’elle peut être étayée par certains faits et en particulier la relative facilité avec laquelle Oswald est entré, a séjourné et est ressorti d’URSS.

Une fois libéré, Oswald distribuera une nouvelle fois des tracts. Cette fois-ci c’est devant l’International Trademart dirigé par Clay Shaw et devant les caméras d’une chaîne de télévision locale. Si Oswald tenait à se faire remarquer il faut dire qu’il a pleinement atteint son but. La démonstration était faite que le représentant d’une organisation pro-castriste déployait une activité soutenue et remarquée au sein de la Nouvelle Orléans. Oswald avait atteint son but. De plus il accédait à une certaine notoriété ce qui n’était pas pour déplaire à un individu en mal de reconnaissance chronique de son entourage. Pour Garrison, les gens qui manipulait Oswald avaient eux-aussi atteint leur but. Oswald se précipitait dans leur piège sans s’en rendre compte. Les activités d’Oswald ne sont pas finies pour autant. Elles se terminent en apothéose au travers d’un débat radiophonique d’une radio locale où Oswald se retrouve opposé à Bringuier président de l’association des étudiants cubains en exil à la Nouvelle Orléans qu’Oswald avait tenté d’infiltrer au début de ses activités politiques dans la ville.


Toujours selon Garrison, Oswald a été vu à plusieurs reprises avec Clay (Bertrand) Shaw et avec David Ferrie. Si Clay Shaw a toujours nié avoir connu Oswald il en est un qui a menti en prétendant ne le pas connaître. Il s’agit de David Ferrie.
 

Une preuve photographique existe où l’on voit les deux hommes en présence, lors d’un pique-nique et ceci bien avant les faits évoqués. Il se trouve que quelques années plus tôt Oswald appartenait à la "Civil Air Patrol" que dirigeait David Ferrie en personne. Malgré cette preuve indiscutable Ferrie a toujours nié connaître Oswald. On se demande bien pourquoi car reconnaître qu’Oswald faisait partie de sa patrouille et qu’à ce titre ils avaient participé à un pique nique ne signifiait pas pour autant que quelques années plus tard ils se soient revus dans le cadre d’un complot visant à assassiner le Président des Etats-Unis. Une telle attitude de la part est de Ferrie est suspecte. Peut-être avait-il réellement des choses à se reprocher et qu’il ne tenait pas à ce qu’on lui parle d’Oswald. Ou alors lui aussi comme d’autre dans cette affaire a été frappé d’une amnésie venue au bon moment.

Oswald aurait été vu aussi à plusieurs reprises avec Clay Shaw. Tout d’abord sur les bords du Lake Ponchartrain et dans une commune de Louisiane nommée Clinton. Malheureusement pour Garrison et pour tout le monde, il n’existe pas de preuve photographique et on est obligé de s’en remettre aux témoignages humains avec les incertitudes et les imprécisions qui les caractéérisent. Tout dépend alors de la crédibilité qu’on veut bien leur accorder et de l’honnêteté intellectuelle de ceux qui les utisent. Pour certains les habitants de la localité de Clinton ont vu juste, pour d’autres ils ont cru voir Shaw et Oswald et pour certains les autochtones ont tout simplement menti. Pour ma part je me refuse de porter un jugement aussi catégorique et j’ose croire que les citoyens de Clinton étaient, tout au moins pour certains, de bonne foi. Ceci d’autant plus qu’un témoin particulièrement digne de foi puisqu’il s’agissait du Marshall de la ville (Commissaire de police) a pu voir de près les occupants du véhicule. Ayant arrêté le véhicule pour un contrôle, le Marshall (John Manchester) identifia les trois occupants comme étant :

• Clay Shaw

• Lee Harvey Oswald

• David Ferrie

Shaw a été identifié quand le Marshall de la ville l’a approché et lui a demandé son permis de conduire. La voiture était enregistrée au Trademart, et plus tard au cours de son témoignage, le Marshall ajoutera que l’identité déclinée par l’homme correspondait au nom figurant sur son permis de conduire : Clay Shaw.


Plusieurs personnes qui ont vu Oswald dans Clinton ont témoigné lors du procès de Clay Shaw. On les appella " les témoins de Clinton". Il est donc difficile d’admettre qu’ils aient tous menti ou qu’ils se soient tous tromper sur l’identification de deux personnages. Cà fait beaucoup d’erreurs. Toutefois et pour se faire une opinion personnelle il convient de prendre connaissance des deux points de vue sur le sujet aux adresses suivantes :

 

• Au paragrahe 2 du point consacré au "Klansmen and KlanTargets working together" :
http://www.webcom.com/ctka/pr599-lambert.html

• L’étude de David Reitzes sur Clinton :
http://mcadams.po sc.mu.edu/clinton1.htm

Oswald a sûrement eu à la Nouvelle-Orléans des activités autres que celles qu’a bien voulu lui prêter la Commission Warren. La conclusion de Garrison sur le rôle d’Oswald dans la conspiration qu’il a imaginé n’est pas complètement irréaliste. La personnalité d’Oswald correspondait à l’emploi et au rôle que voulait lui faire jouer les gens qui le manipulait. Malheureusement pour un Jim Garrison trop pressé d’aboutir son enquête sera trop approximative dans certains domaines pour être pleinement convaincante. S’il s’est peut-être trompé sur Clay Shaw, beaucoup d’éléments suggèrent au contraire qu’il n’était pas loin de la vérité dans ses conclusions sur le rôle de Lee Harvey Oswald. Il est dommage aussi pour Jim Garrison que certains protagonistes de la conspiration soient morts avant qu’il ait eu l’occasion de les interroger. C’était trop tard pour Lee Harvey Oswald réduit au silence par Jack Ruby dès le 24 novembre 1963, Guy Bannister décédé en 1964, Jack Ruby mort d’un cancer dans sa cellule en 1967 et il ne s’en est fallu que de quelques jours pour David Ferrie. Il ne restait donc que Clay Shaw parmi les membres de la conspiration à interroger. Le temps pressait pour Garrison et c’est ce qui le conduisit à précipiter les évènements en faisant intervenir le procès de Clay Shaw de façon prématurée. C’est ce qui le perdra. Un complément d’enquête aurait été nécessaire. Ceci d’autant plus que les témoins restants à sa disposition étaient loins d’être crédibles et fiables.

4 - Les témoins de Garrison :


Parmi les témoins qui seront appellés à témoigner à charge au cours du procès de Clay Shaw, ceux sur lesquels Jim Garrison s’appuiera pour son acte d’accusation sont les suivants :

• Perry Russo ;

• Vernon Bundy

• Charles Spiesel

• Reaves Morgan

• John Manchester


Hormis les témoins directement liés au procès de Clay Shaw, certains témoins de l’assassinat de Dealey Plaza oubliés ou négligés par la Commission Warren seront appellés à faire une déposition. Parmi ceux-ci on notera particulièrement les témoignages de :

• Julie Ann Mercer

• Roger Craig

• Mary Morman

• Le Docteur Pierre Finck

• Abraham Zapruder et son film.


Les premiers témoins servaient à démontrer que Clay Shaw, David Ferrie et Lee Harvey Oswald se connaissaient et avaient comploté en vue d’assassiner le Président Kennedy. Les autres témoins, ceux de Dealey Plaza étaient chargés par leurs témoignages de mettre en évidence les carences de la Commission Warren et démontrer que plusieurs tireurs avaient oeuvré sur Dealey Plaza. Ainsi, la thèse du complot pouvait prévaloir.


1-Les témoins à charge (procès de Clay Shaw)

Perry Russo :

De tous les témoins présentés par Jim Garrison, Perry Russo était le plus important. Ce dernier déclarait avoir été le témoin d’une conversation importante lors d’une soirée s’étant déroulée dans l’appartement de David Ferrie. Perry Russo ajouta qu’il s’était trouvé en présence de Clay Shaw, David Ferrie et d’un jeune homme qu’on lui présenta comme "Leon" Oswald. Outre ces personnages, des anti-castristes avait pris part également à cette soirée. Au fur et à mesure du déroulement de la soirée, la conversation porta finalement sur la nécessité d’assassiner le Président Kennedy. Russo donna des précisions qui font étrangement penser à l’assassinat de Dealey Plaza. On évoqua la nécessité :

• de mettre en place un bouc-émissaire pour jouer le rôle du coupable désigné et protéger ainsi la retraite des véritables assassins ;

• de procéder à un tir croisé garantie du succès de l’opération

• d’assurer le transfert des tueurs et des membres de la conspiration par avion vers une destination sûre. David Ferrie en sa qualité de pilote confirmé se chargerait de cette mission.

On fit subir à Perry Russo le test du détecteur de mensonge à deux reprises. Ces tests n’apporteront pas de précisions complémentaires d’importance et Perry Russo maintiendra toujours sa version des faits que ce soit pendant l’instruction et lors du procès de Clay Shaw. Aujourd’hui encore il persiste dans ses déclarations en dépit des attaques et des railleries dont il a été l’objet depuis plus de trente ans. (témoignage complet au procès de ClayShaw)

Vernon Bundy :

Vernon Bundy déclara pour sa part avoir vu Clay Shaw en compagnie de Lee Harvey Oswald sur les bords du lac Pontchartrain. A la fin de la conversation entre les deux hommes, Clay Shaw tendit une liasse de billet à Oswald qui en les mettant dans sa poche fit tomber un tract de couleur jaune identique à ceux qu’il ditribua à deux reprises dans les rues de la Nouvelle Orléans. Bundy était malheureusement héroïnomane, ce qui nuira à la crédibilité de ses déclarations. Néanmoins les précisions données par Bundy laissent supposer qu’elles n’étaient peut-être pas le fruit de son seul délire d’héroïnomane. Bundy ajoutera enfin avoir récupéré le tract qu’Oswald avait laissé échapper de sa poche pour y envelopper ses doses.
(résumé de son intervention au procès de Clay Shaw)



Reeves Morgan :

Ancien parlementaire de l’état de Louisiane, Reeves Morgan fera une déclaration intressante au FBI immédiatement après l’assassinat du Président. La photo d’Oswald diffusée et publiée dans les médias, Reeves Morgan reconnaîtra tout de suite l’homme qu’il avait vu à Clinton petite ville dede Louisiane se trouvant à quelques miles de la Nouvelle Orléans. Curieusement, il déclara que le FBI ne jugea pas bon de le convoquer prétextant qu’il était déjà au courant qu’Oswald s’était trouvé dans cette commune au cours de l’été 1963.
(témoignage complet au procès de ClayShaw)


Charles Spiesel :

Charles Spiesel, résidant habituellement à New-york déclara pour sa part avoir vu Clay Shaw en compagnie de David Ferrie dans un bar du quartier français de la Nouvelle Orléans. Après plusieurs verres et selon Spiesel, les deux hommes auraient évoqué la perspective d’assassiner le Président Kennedy. Comme nous le verrons plus loin, le témoignage de Spiesel aura un effet désastreux pour Garrison au cours du procès de Clay Shaw. (résumé de son intervention au procès de Clay Shaw)


John Manchester :

Commissaire de police de la ville de Clinton, John Manchester est peut-être, du fait de ses fonctions, le témoin le plus digne foi. Amené à surveiller le bon déroulement d’un vote au cours de l’été, John Manchester était chargé entre autres activités de contrôler les véhicules étrangers au Comté. Dans ce cadre, le jour du scrutin, il sera amené à contrôler les occupants d’une Cadillac noire. S’approchant du conducteur du véhicule, il demandera au conducteur de lui fournir les pièces nécessaires. John Manchester reconnaîtra formellement Clay Shaw comme le conducteur du véhicule. Il ajoutera également que la voiture appartenait à l’International Trademart de la Nouvelle Orléans que dirigeait Clay Shaw (Voir plus haut). Sans s’être adressé particulièrement ni à l’individu assis à la droite du conducteur et ni à celui se trouvant sur la palce arrière, il reconnaitra en eux David Ferrie et Lee Harvey Oswald. Outre John Manchesterd’autres témoins observeront le véhicule et dautres feront état du comportement étrange d’Oswald alors qu’il se trouvait dans la queue des gens qui allaient voter. Seul blanc ou presque parmi les gens qui faisaient la queue Oswald ne pouvait pas passer inapercu. (témoignage complet au procès de ClayShaw)


2-Les témoins oubliés ou négligés par la Commission Warren : <


Mis à part les témoins précédents principalement destinés à prouver l’implication de Clay Shaw dans l’assassinat de Dealey Plaza d’autres personnes seront appellées à faire des dépositions intéressantes. Ces témoins avaient été soit négligé par la Commission Warren ou celle-ci n’avait pas jugé bon ou utile de les entendre. Hormis Julie Ann Mercer, ils seront entendus lors du procès de Clay Shaw : Ce fut le cas en particulier de :

• Mary Moorman

• du Docteur Pierre Finck

• Roger Craig

• Abraham Zapruder et son film.


Mary Moorman :


Mary Moorman est l’auteur de la célèbre photo polaroïd prise à l’instant où le Président allait être frappé par la balle fatale à la tête. En arrière plan de cette photo, on voit une partie du Grassy knoll (monticule herbeux) et dans la partie supérieure gauche une silhouette qui grâce aux techniques modernes de traitement de l’image a pu être rendu encore plus observable. Dans les minutes qui suivirent l’attentat, le cliché de Mary Moorman fut immédiatement saisi par le Secret Service et le FBI sans qu’ils aient pu toutefois empêcher un reporter d’en détenir un exemplaire. C’est la raison pour laquelle la photo de Mary Moorman a été très vite abondamment publiée dans la presse. Curieusement, l’auteur de l’instantané n’avait pas été interrogé par la Commission Warren. Hormis la déposition faite par Moorman à la police le jour même, plus rien. Jim Garrison tenait donc absolument à ce que Mary Moorman témoigne lors du procès de Clay Shaw (témoignage complet au procès de ClayShaw). Son témoignage n’apporte pas grand chose de nouveau si ce n’est la confirmation que Mary Moorman était bien l’auteur du cliché et qu’elle se trouvait sur Dealey Plaza au moment des coups de feu. La présence du témoin fut définitivement confirmée lors de la projection du fim de Zapruder effectuée en séance au moment de sa déposition à la barre des témoins et malgré l’opposition farouche de la défense (2 objections faites et rejetées par le président de la Cour).


Docteur Pierre Finck :


Le témoignage du Docteur Pierre Finck lors du procès de Clay Shaw n’était pas un témoin à charge puisqu’il intervenait à la demande de la défense de Clay Shaw. Assistant du Docteur Humes lors de l’autopsie du Président pratiquée à Bethesda, Finck devait corroborer et confirmer les conclusions de la thèse officielle en maintenant que les balles qui avaient atteint le Président avaient été toutes été tirée de l’arrière et que la balle magique avait bien été responsable des blessures occasionnées au Président et au Gouverneur du Texas. C’est ce que fit le Docteur Finck qui avait déjà été entendu par la Commission Warren en 1964 mais qui, à cette occasion, fut interrogé beaucoup plus longuement . Toutefois ce témoignage comportait des risques pour la défense car l’accusation ne manquerait pas de faire état de la légèreté et du manque de rigueur manifestés par les praticiens au cours de l’exécution de l’autopsie. C’est d’ailleurs ce qui arriva. (témoignage complet au procès de ClayShaw). Et plus particulièrement quand on demanda au Docteur Finck si la blessure se situant dans le dos du Président avait été sondé de manière à vérifier si elle débouchait dans la gorge. Il répondit par la négative tout en ajoutant qu’il n’était pas responsable de la conduite de l’autopsie et qu’il était le subordonné du Docteur Humes. Sa déclaration ne permettait pas donc pas de lever le doute relatif au trajet de la balle magique. Néanmoins il maintiendra la déposition qu’il avait faite devant la Commission Warren concernant l’origine, le nombre et le trajet des balles ayant atteint le Président et le Gouverneur.


Roger Craig :

Roger Craig avait été déjà intérrogé par la Commission Warren en 1964. Son témoignage avait quelque peu gêné la Commission Warren. Craig qui se trouvait sur Dealey Plaza au moment de l’attentat et non loin de l’intersection de Houston street et de Elm street avait été le témoin d’une scène. Descendant en courant le monticule herbeux il avait vu un individu prendre place dans un véhicule de type Nash Rambler conduit par un homme de type sud américain. Après quoi poursuivant sa route le véhicule s’était arrêté dans Houston Street où un autre individu avit pris place. Cet homme fut formellement identifé par Craig comme étant Lee Harvey Oswald. Depuis ce moment de novembre 1963 jusqu’à sa mort, Roger Craig ne variera pas dans sa version des faits et maintiendra sa déclaration. Le témoignage de Craig était important pour Garrison. Ce témoin de Dallas venait confirmer et appuyer sa thèse qu’Oswald avait des complices (au moins les 2 hommes se trouvant dans le Nash Rambler) et faisait partie d’un complot qui s’était constitué au cours de l’été 1963 à la Nouvelle Orléans. Si l’homme qu’avait vu Craig n’était pas Oswald il lui ressemblait étrangement et serait peut-être alors l’individu qui se faisait passer pour lui à Dallas, comme l’avancent certains, alors que le véritable Oswald se trouvait à la Nouvelle Orléans. Peut-être sommes nous en présence du même individu qui avait essayé d’acheter une voiture sous le nom d’Oswald à la Nouvelle Orléans alors que celui-ci se trouvait encore en URSS (voir à ce sujet l’incident de Bolton Ford. De cette façon il compromettait le vrai Oswald dans le but de le transformer en parfait bouc-emissaire. Il est intéressant de consulter à ce sujet la thèse Harvey and Lee de John Armstrong concernant l’hypothèse des 2 Oswald. Quoiqu’il en soit le témoignage de Craig était sûrement celui sur lequel Garrison comptait le plus. Officier de Police se trouvant sur les lieux de l’attentat c’était compte tenu de ses fonctions un personnage digne de foi et constant dans ses déclarations. Sa déposition était d’autant plus crédible qu’il fit mention d’un fait tendant à confirmer ce qu’il avait vu sur Dealey Plaza. En effet, Oswald une fois arrêté et reconnu par Craig avait perdu son sang froid lorsque l’épisode du Nash Rambler fut évoqué et qu’il fut fait mention de la similitude de ce véhicule avec celui de Ruth Paine qui hébergeait Marina Oswald à Irving. Oswald s’était alors emporté et avait instamment demandé qu’on laisse tranquille Madame Paine : " Elle n’a rien à voir dans cette histoire avit-il alors déclaré". Cette réaction de la part d’Oswald tendrait à prouver qu’il n’était pas complètement étranger à la scène dont Craig avait été le témoin en dépit de l’amité ou de la reconnissance qu’il pouvait témoigner par ailleurs à Ruth Paine. Comme par hasard d’ailleurs Oswald s’était très vite repris comme s’il s’était apercu qu’il avait été piégé.


Outre son témoignage complet au procès de ClayShaw, Roger a écrit un long article sur ces évènements et sur l’ambiance qui régnait à Dallas avant la venue du Président Kennedy et plus particulièrement au sein de sa propre corporation. Pour en savoir plus sur Roger Craig il est intéressant de lire son manuscrit : When they kill A President.


Abraham Zapruder et son film

Abraham Zapruder et son film eurent incontestablement la vedette lors du procès de Clay Shaw. Abraham avait filmé à l’aide de sa caméra 8mm les trente secondes les plus importantes relatives à l’assassinat. Très rapidement acquis par le magazine Life qui en avait l’exclusivité le film n’avait pas été largement diffusé pour autant. Après en avoir extrait et publié quelques vues le film avait été replacé dans un coffre d’où il n’avait pas bougé depuis. Le tour de force et le grand mérite de Garrison auront été d’obtenir une copie de ce film et de pouvoir le diffuser en séance publique à l’occasion du procès de Clay Shaw. Il avait donc fallu attendre près de 5 ans pour qu’un public restreint puisse visionner ce document d’importance. Le peuple américain attendra plus longtemps puisqu’il lui faudra attendre la sortie du film de JFK d’Oliver Stone. On peut se demander pourquoi un magazine qui avait intérêt à diffuser un film dont il avait obtenu l’exclusivité ait attendu aussi longtemps et se soit empressé de mettre dans un coffre une telle "bombe médiatique". Y-a-t-il eu des pressions sur le journal ? On peut légitimement se poser la question. En revanche on comprend aisément l’acharnement déployé par Jim Garrison pour obtenir le témoignage et surtout la diffusion du film de Zapruder lors du procès de Clay Shaw. Pour Jm Garrison qui avait observé le film il ne faisait aucun doute que le le coup de feu fatal qui avait frappé le Président venait de l’avant et de la droite du Président, autrement dit du Grassy Knoll (monticule herbeux). A l’appui de cette affirmation le mouvement violent de la tête du Président vers l’arrière et sur la gauche au moment de l’impact monré par le film de Zapruder. Cette observation contredisait magistralement les déclarations de ceux et parmi le journaliste vedette Dan Rather qui prétendaient que la tête du Président avait été projetée vers l’avant confirmant ainsi la thèse du tir venu de l’arrière et donc celle du tireur unique. Depuis la théorie du "jet effect" est venue au secours des partisans de la thèse du tireur unique. Même si l’existence d’un tel phénomène physique ne peut être remise en cause, le corps médical est loin d’être unanime pour admettre que ce phénomène est à l’origine du mouvement de la tête et du corps du Président (voir la page de ce site consacrée à l’étude balistique de ce site).

Outre son film et l’intérêt présenté par sa projection, le témoignage de Zapruder est intéressant car il confirme bien avoir entendu un tir venant de sa droite et de l’arrière. Quand on sait que Zapruder se trouvait sur un des 2 murets de la Pergola et qu’il faisait face à Elm Street, l’endroit d’où semblait provenir l’un des coups de feu n’était autre que le Grassy Knoll. Un témoin de plus confirmait, dans la mesure où il ne se trompait pas, qu’un autre tireur avait oeuvré sur Dealey Plaza. Zapruder avait eu un sentiment juste puisque le HSCA en viendra à la même conclusion neuf ans après sa déposition lors du procès de Clay Shaw


5 - Le procès de Clay Shaw :

La mort de David Ferrie au moment où Jim Garrison s’apprêtait à l’interroger et alors qu’il semblait disposer à faire des déclarations importantes, était manifestement un coup dur pour le procureur de la Nouvelle Orléans. Le temps pressait pour Garrison et redoutant d’autres disparitions de ses témoins, il décide d’inculper Clay Shaw et de le traduire en justice après qu’un grand Jury ait déclaré recevable la plainte de Garrison qui représentait l’Etat de Louisiane en qualité de plaignant. La retranscription chronologique du procès de Clay Shaw est disponible à l’adresse suivante.Incontestablement ce procès arrivait trop tô ;t et le dossier était loin d’être bien ficelé. S’étant heurté au refus de certains Etats d’extrader les témoins qu’il voulait faire déposer à la barre, disposant d’une équipe trop réduite pour instruire un cas de cette importance, affaibli au sein de sa propre équipe par la défection de certains et probablement infiltré par les instances fédérales, Jim Garrison prenait un grand risque de voir ce procès tourner au fiasco pour ce qui le concerne. Ceci d’autant plus que les témoins restant à sa disposition était de valeur et de crédibilité inégale.

• Ce fut le cas de Charles Spiesel qui à lui seul aura un effet désatreux pour la suite des évènements. Libraire Newyorkais qui avait déclaré avoir entendu Clay Shaw et David Ferrie comploter en vue d’assassiner le Président Kennedy dans un bar du quartier Français de la Nouvelle Orléans, Charles Spiesel sera une proie facile pour la défense de Clay Shaw. En déclarant être sensible à l’hypnose et avoir déjà été victime d’état d’hypnose à son insue, la consistance et la fiabilité de ses déclarations seront rapidement mises en cause. La défense fit observer à juste titre qu’on ne pouvait guère accorder de crédit à un homme aussi vulnérable et que l’on pouvait manipuler aussi facilement. Garrison aurait eu intérêt à se passer de son témoignage comme il le reconnaîtra plus tard et l’écrira dans son livre.

• Ce fut aussi le cas de Vernon Brundy mais dans une moindre mesure. Si les déclarations de Brundy étaient convaincantes sa toxicomanie était un handicap et un atout pour la défense. Celle-ci avait en effet beau jeu de mettre en doute les affirmation d’un héroïnomane qui aurait bien pu être en plein "voyage" au moment où il prétendait avoir vu Shaw remettre une liasse de billet à Oswald alors qu’ils se trouvaient en train de converser sur les bords du lac Pontchartrain. Néanmoins Brundy fit impression sur la cour en mettant en évidence que Clay souffrait d’une légère claudication et après qu’il ait obtenu de la Cour que Shaw fasse quelques pas dans la salle d’audience. C’est grâce à ce léger handicap de l’accusé que Brundy déclara être certain de ne pas se tromper en désignant Clay Shaw comme l’individu qu’il avait vu en compagnie d’Oswald.


6 - Epilogue

Jim Garrison est toujours l’objet de controverses et d’attaques virulantes. Pour s’en convaincre il suffit de se rendre sur certains sites. En particulier et à quelques nuances près ceux qui soutiennent la thèse du tireur unique et du coupable désigné qu’est Lee Harvey Oswald. Ces attaques incessantes ont de quoi surprendre pour ce qui les concerne. Car Jim Garrison, bien malgré lui leur a rendu service. En étant aussi clairement désavoué lors de l’acquittement de Clay Shaw, la thèse du complot ne ressortait pas renforcée par cette épisode. C’est d’ailleurs le principal reproche fait à Garrison par les partisans de la thèse du complot. En ayant voulu un peu trop rapidement le procès de Clay Shaw et sans une instruction complète plus aucune chance de voir une enquête officielle rouvrir le dossier ne pouvait être attendue. Au contraire la thèse officielle sortait grandie de cet épisode alors que la grande majorité des américains était quelque peu dubitative devant les conclusions Warren. Garrison ayant échoué, les institutions fédérales qu’il avait osé défier avait à nouveau regagné la confiance de l’opinion publique. Il fallut attendre 1978 pour voir une autre enquête officielle, le HSCA, s’intéresser à nouveau à l’affaire. Certains accusent directement Garrison d’être, à cause de son échec,e à l’origine de cette perte de temps.


Faut-il être aussi sévère avec Garrison ? Sûrement pas car sa contre enquête, loin d’être complètement négative aura permis :

• de sortir le film de Zapruder du coffre dans lequel il avait été un peu rapidement placé ;

• de visionner en séance publique dans un tribunal le même film et de montrer que les réactions aux blessures du Président et du Gouverneur étaient quelque peu différentes de celles jusqu’alors admises ;

• de permettre aux témoins de Dallas de compléter leurs dépositions et témoignages ;

• de voir que l’activité d’Oswald à la Nouvelle Orléans n’était pas uniquementcelle motivée par la recherche d’un travail ;

• d’entendre certains témoins dignes de foi qui déclaraient avoir vu le même Oswald en compagnie de Clay Shaw (ou de son sosie) et de David Ferrie à plusieurs reprises ;

• d’apprendre qu’un certain Clay (Bertrand /Shaw) avait contacté un avocat répondant au nom de Dean Andrews lui demandant d’assurer la défense d’Oswald une fois ce dernier arrêté.


Si sur les trois premiers points il n’y a guère de polémiques il n’en est pas de même pourles trois derniers. Les partisans de la thèse du tireur unique pour leur part rejètent catégoriquement les déclarations des témoins qui affirment avoir vu Oswald avec Ferrie et Shaw. Pour eux ils se sont tous trompés ou pire ils ont tout inventé. Le mot de "crackpot" (cinglé, fêlé) revient souvent chez les partisans de la version officielle pour qualifié ces témoins. Outre le peu de respect manifesté à leur encontre, cette réaction est étonnante quand on considère que des hommes de loi se trouvent parmi eux (John Manchester par exemple). D’un autre côté il ne faut pas adhérer aveuglément à certains témoignages qui compte tenu de la personnalité des intervenants peuvent sujet à caution. C’est évidemment le cas de Charles Spiesel et de Vernon Brundy. Alors que reste-t-il de positif de l’enquête de Garrison même s’il s’est trompé ? Il est difficile de répondre objectivement à cette question. Pour ma part le mérite de Garrison aura été :

• d’oser affronter et de défier dans un état du Sud (ce détail est important) les toutes puissantes instances fédérales en n’acceptant pas leurs conclusions relatives à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy ;

• de dire et d’essayer de démontrer au peuple américain qu’on ne lui avait pas dit toute la vérité ne serait-ce qu’en le privant de la projection du film historique de Zapruder.


Qu’est il advenu de Garrison après les faits ? La réponse est là beaucoup plus aisée. Après avoir voulu complètement le détruire, il sera réélu à 4 reprises à son poste. De plus, il sera acquitté à deux reprises lorsqu’il se retrouvera à son tour devant les tribunaux pour répondre du chef d’accusation de fraudes fiscales et de collusion avec la Mafia. Mais l’homme était résistant et courageux. Toutefois c’est un homme vieilli prématurément et amer qui disparaît en 1992 à l’âge de 70 ans. Car contrairement à l’homme public que rien ne semblait pouvoir atteindre il n’en fut pas de même dans sa vie privée. Son mariage ne résista pas à la tempête et Jim Garrison sera vaincu une deuxième fois...


Alors s’il en est encore pour croire que Jim Garrison avait réouvert l’enquête à des fins personnelles et publicitaires pour assurer sa réélection à son poste, force est de constater qu’il a complètement échoué. Car après avoir perdu l’élection intervenue immédiatement après le procès de Clay Shaw, il sera réélu à plusieurs reprises ultérieurement alors que le déchainement médiatique à son encontre atteignait des sommets.


Pour ma part je préfère garder l’image d’un homme courageux qui a osé mais qui a beaucoup perdu. Dernier pied de nez de l’histoire, Oliver Stone dans son film lui fera jouer un rôle pour le moins inattendu. Celui de Earl Warren. Sacré Jim...

 


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