JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

Le meurtre de J.D. Tippit

La deuxième victime du 22 novembre 1963, assassiné dans le secteur d’Oak Cliff


par Pierre NAU

 

Le meurtre de J.D.Tippit est peut être le point clé ou "Pierre de Rosette" de l’énigme qui entoure l’assassinat du Président Kennedy. C’est son meurtre qui a conduit à l’arrestation d’Oswald. Très vite accusé de cet assassinat, le même Oswald sera inculpé, plusieurs heures plus tard, de celui du Président.
Sans ce meurtre, Oswald aurait-il seulement été arrêté ?
Les deux crimes sont-ils liés ?
Si oui, comment ?

Ou alors, plus simplement, Tippit venait-il de reconnaître Oswald, sur la base du signalement diffusé par la police et s’apprêtait-il à l’interpeller, avant de connaître une fin tragique. Essayons d’y voir un peu plus clair, en examinant toutes les possibilités.
Auparavant, un rappel des faits s’impose.




Les faits :

 

Quarante cinq minutes viennent à peine de s’écouler depuis l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy qu’un deuxième meurtre, apparemment sans lien avec le précédent, se produit à quelques miles de Dealey Plaza, dans le secteur d’Oak Cliff.

L’officier de police J.D. Tippit est en train de patrouiller dans le secteur nord d’Oak Cliff. Il s’est écarté de son secteur habituel, le n°78, plus au sud. La raison en est simple. Alors que ses collègues convergeaient en masse vers le centre ville de Dallas, Murray Jackson, le le dispatcher (ou coordonnateur) du trafic radio de la police lui demande de demeurer dans Oak Cliff et de se tenir prêt, au cas où. Quelques minutes après 13 heures, Tippit remonte lentement Tenth street vers l’est. Quelques mètres après avoir dépassé le croisement de Tenth street et de Patton boulevard (voir plan ci-contre), il aperçoit sur sa droite un individu qui arrive face à lui.

Tippit se porte à la hauteur de l’individu et gare son véhicule. Pourquoi ? En quoi l’individu lui paraît-il suspect ? Correspond-il au signalement diffusé par le Quartier général de la police et que Tippit a sûrement entendu ?
Une fois la voiture arrêtée, Tippit engage une brève conversation avec l’individu, à travers la fenêtre de la place passager. Que se disent-ils ? Pourquoi Tippit décide t-il de sortir de son véhicule pour se porter à la hauteur de l’individu, en faisant le tour de l’automobile par l’avant ? Souhaite t-il appréhender cet homme qui semble correspondre au signalement ? C’est en tout cas ce que la suite tragique des évènements laisse supposer.
A peine sorti de son habitacle, Tippit avait peut-être fait deux pas vers l’avant quand, soudainement, l’individu l’abat de plusieurs balles. Tippit s’effondre, tué sur le coup.
Néanmoins, pour bien s’assurer de la mort du policier,le tueur fait le tour du véhicule par l’avant et lui tire une balle à bout portant, en pleine tempe.
Oswald était-il cet homme ? A partir de quels témoignages et suivant quels indices est-il possible de l’affirmer ? C’est ce que nous allons voir, en essayant de répondre aux questions suivantes :
- Oswald a-t-il eu le temps nécessaire pour se rendre à pied de son meublé sur les lieux du meurtre ?

 Etait-il normal que Tippit se trouve seul à cet endroit, alors que tous ses collègues convergeaient vers le centre ville où l’attentat contre le Président venait de se produire ?

 Pourquoi Tippit a-t-il été aussi peu méfiant en s’approchant d’un homme supposé correspondre au signalement diffusé par la police ?

 L’arme du crime correspondait-elle à celle retrouvée sur Oswald lors de son arrestation et les balles retrouvées dans le corps de Tippit correspondaient-elles à celles retrouvées dans le chargeur du révolver Smith et Wesson de calibre .38 spécial d’Oswald ?

 Y a-t-il eu un ou plusieurs tueurs ? Oswald était-il seul ou s’agissait-il de deux autres tueurs qui n’avaient rien à voir avec Oswald ?

 Pourquoi la Commision Warren n’a-t-elle pas interrogé tous les témoins du meurtre ? Les témoins à charge sont-ils tous crédibles ?

 

 

1- Oswald a-til eu le temps nécessaire pour se rendre à pied de son meublé sur les lieux du meurtre ?

Cette question est évidemment capitale. Tout n’est question que de minutes. D’après Earlene Roberts sa logeuse, Oswald est arrivé dans sa chambre à 13 heures. Elle a été toujours très formelle sur ce point. Elle a aussi estimé à 5 minutes le temps passé par Oswald dans sa chambre pour se changer et à prendre son arme.
 

Commission exhibit 143

Il est vraisemblablement 13h03 quand Oswald quitte son meublé. Madame Roberts est en train de téléphoner à l’une de ses amies, au moment où il sort. Elle a néanmoins le temps d’apercevoir Oswald, en train d’attendre à l’arrêt de bus. Malheureusement, elle ne le verra pas quitter son emplacement. Il est donc difficile de dire avec précision l’heure à laquelle Oswald s’est mis en route par quelque moyen que ce soit. En supposant qu’Oswald ne soit pas resté plus d’une à deux minutes à attendre son bus, il est, au plus tard 13 heures 05, quand il se décide à quitter les lieux. Il reste peu de temps à Oswald pour se rendre à l’endroit où Tippit sera abattu, dans 10th street.
Combien de temps ? Là encore tout n’est question que de repères. Les enregistrements de la police font état d’un appel d’un témoin du meurtre à 13 heures 16. Domingo Benavides qui a assisté au meurtre, depuis sa camionnette à quelques mètres de la scène, tente d’utiliser la radio de la voiture de Tippit pour prévenir la police. Finalement, c’est qui y parvient.
D’après la Commission Warren, Benavides s’est immédiatement précipité sur le microphone pour entrer en contact avec la police. Rien n’est moins sûr. Tout d’abord, Benavides a attendu au moins que l’assassin quitte les lieux, pour ne pas être victime, à son tour, de son arme. Témoin le plus proche et donc le plus gênant pour l’assassin, il n’avait aucun intérêt à rapidement sortir de son véhicule et attirer bêtement l’attention du tueur. Ensuite, le premier réflexe de Benavides est de prendre des nouvelles de Tippit, ce qui est naturel. Aussi quand il déclare avoir utilisé la radio 5 minutes après le meurtre, son estimation paraît juste. Dans ce cas, le meurtre de Tippit est probablement intervenu à 13 heures 10. Par conséquent et en considérant qu’Oswald a quitté l’arrêt de bus à 13 heures 07, il lui aurait fallu se rendre en 3 minutes sur les lieux du meurtre. La distance à parcourir ayant été estimée à 1, 367 Km, Oswald n’a pas pu se rendre à pied à temps à 13 heures 10 pour assassiner Tippit. Soit, il n’y était pas ou alors il s’y est rendu en voiture. Toutefois aucune preuve n’est venue à l’appui d’une telle hypothèse, puisqu’aucun chauffeur de taxi ou de bus n’a déclaré avoir pris en compte Oswald.
A contrario, personne n’a vu Oswald tout au long du chemin qu’il est supposé avoir fait à pied. Bien entendu, à cette heure là nombreux étaient ceux qui se trouvaient devant leur téléviseur, occupés à entendre les dernières nouvelles concernant l’attentat. Toutefois en 1,367 km, il est quand même étonnant que personne ne l’ait vu ou ne se soit pas manifesté.
Ils seront plus nombreux à l’avoir vu après le meurtre de Tippit, même si l’on fait abstraction des témoins qui se trouvaient très proches de la scène ou ceux qui furent en mesure d’entendre les coups de feu.
Par ailleurs,le timing est plutôt favorable à Oswald et il paraît peu probable qu’il ait pu se trouver sur les lieux du meurtre de Tippit à l’heure où ce dernier a été abattu à 13 heures 10. Si le procès d’Oswald avait eu lieu, la défense aurait eu beau jeu de montrer et de mettre en évidence la faible probabilité d’une telle hypothèse.

2- Etait-il normal que Tippit se trouve seul à cet endroit alors que tous ses collègues convergeaient vers le centre ville où l’attentat contre le Président venait de se produire ?

Beaucoup de choses inexactes ont été écrites à ce sujet. Tout d’abord, il n’y avait rien de surprenant à ce que Tippit soit seul à patrouiller dans sa voiture. C’était la procédure normale pour les patrouilles qui intervenaient de jour, sauf quand un stagiaire accompagnait le policier en mission. Ce n’était pas le cas de Tippit ce jour là . Il est donc normal qu’il ait été seul dans sa voiture. Patrouillait-il pour autant dans son secteur, le N°78, où s’en est-il éloigné ? Dans la dernière demi-heure de sa vie, Tippit se trouvait dans le secteur n°82, limitrophe de celui qui lui était assigné, conformément aux directives du dispatcher de la police de Dallas qui lui avait demandé de le faire et de se tenir prêt, au cas où l’on aurait besoin de lui.

Nota : Ce dernier point à fait l’objet de polémique et de discussions sans fin. Certains prétendent que la bande d’enregistrement des conversations du canal 1 aurait été "arrangée" à postériori, dans le but de justifier la présence de Tippit dans le secteur. Autrement dit, l’ordre du dispatcher, Murray Jackson, aurait été rajouté après coup. Aucune preuve ne vient cependant à l’appui de cette thèse.

Son comportement est en revanche pour le moins étonnant. Coup de fil après être entré en courant au Top Ten Records shop (un magasin sur Jefferson boulevard), accrochage avec un véhicule sans pour autant s’arrêter longuement pour les constatations d’usage, démarrage en trombe, demi-tour pour enfin s’arrêter un moment avant enfin de reprendre sa route pour la dernière fois, à faible allure cette fois.

 

Le Top Ten Records shop (photo prise en 2008) Téléphone utilisé par Tippit (photo prise en 2008)

Pour plus de détails, lire cette page en tous points remarquable :
"Car number 10 where are you ?".
Voir également la traduction de cette page en français, sur ce site, à cette page.

Des questions interpellent encore aujourd’hui. Par exemple, on se demande bien pourquoi Tippit a reçu comme consigne de rester dans son secteur pour se tenir prêt, au cas où, au moment où les autres voitures avaient rejoint Dealey Plaza ? La police avait-elle de bonnes raisons de penser que le suspect pouvait se trouver dans le secteur ? Si oui, était-ce vraiment raisonnable et prudent de laisser Tippit interpeller seul pour un individu qui, perdu pour perdu, résisterait à son interpellation de manière violente. Il est difficile d’admettre que la Police de Dallas ait confié au seul Tippit pareille mission. Par ailleurs il est peu probable que le signalement précis d’Oswald ait déjà été diffusé pour que Tippit soit en mesure de l’interpeller. La lecture du témoignage de Mc Donald est édifiant à ce sujet. Il disposait d’un signalement vague pour le moins, au moment où il s’est rendu au Texas Theatre pour appréhender un suspect qui se révéla être Lee Harvey Oswald. Or ceci se passait après le meurtre de Tippit. Ce qui était vrai à ce moment là, l’était également, au moment où Tippit s’est approché du suspect. Aussi, on peut se poser légitimement la question de savoir si Tippit n’a pas pris certaines libertés avec la mission qui était la sienne et dans quel but ?

 

3 - Pourquoi Tippit a-t-il été aussi peu méfiant en s’approchant d’un homme s’il est vrai qu’il s’en est approché parce qu’il correspondait au signalement diffusé par la police ?
 

L’intersection de 10th et Patton Boulevard
L’intersection de Patton et de 10th street aujourd’hui (Photo prise le 22 novembre 2003). Cerclé de rouge l’endroit où Tippit a trouvé la mort.

 

Le moins que l’on puisse dire c’est que Tippit s’est approché de l’homme qui le tuera sans prendre, apparemment, de précautions particulières. De deux choses l’une, soit il le connaissait ou bien il ignorait qu’il pouvait être l’homme correspondant au signalement vague diffusé par la police. Aux dires des témoins, il a même engagé une brève conversation avec lui à travers la vitre de la portière avant droite, avant de sortir de son véhicule sans empressement particulier. Aux dires même du témoin principal de la scène, Madame Helen Markham, la conversation entre les deux hommes semblait courtoise et calme. Tout se passa normalement, jusqu’à ce que le tueur n’entre subitement en action.
Tout cela indique que Tippit ne se sentait pas particulièrement menacé, au moment où il s’est approché de l’homme, si l’on considère la façon dont il s’y est pris. Nul doute qu’en bon professionnel qu’il était, cet officier de police d’expérience aurait, dans le cas contraire, demandé des renforts, tout en gardant le suspect à bonne distance. Si Tippit qui était un habitué du secteur d’Oak Cliff s’est approché aussi facilement de l’homme, il y a de bonnes raisons de penser qu’il le connaissait, ne serait-ce que de vue. Si cet homme était Lee Harvey Oswald, en dépit des réserves concernant les chances d’Oswald de se trouver là à cette heure, tout porte à croire que les deux hommes se connaissaient. Or la Commission Warren a toujours clamé haut et fort que ce n’était pas le cas, n’accordant aucun crédit aux déclarations de témoins de l’époque qui affirmaient le contraire.
La question du timing a longtemps été l’objet de discussions. En s’en tenant au timing évoqué plus haut et à la difficulté pour Oswald d’être sur les lieux du meurtre dans les temps, certains en arrivaient à la conclusion que l’homme qu’avait interpellé Tippit et avec lequel il avait engagé une brève discussion n’était pas Lee Harvey Oswald. C’est ce que confirmait implicitement Domingo Benavides. Ce dernier avait assisté à la scène, à une distance d’à peine 15 pieds et il avait déclaré être incapable de reconnaître Lee Harvey Oswald comme l’assassin de Tippit. Pressé par la Commission Warren et après avoir vu la photo d’Oswald il se bornera à déclarer lors de sa déposition que l’homme pouvait éventuellement ressembler à Lee Oswald, mais sans en être sûr. Il n’y a là rien de spontané. Si le procès de l’assassin présumé avait eu lieu, son avocat aura mis à mal l’accusation sur ce point. Surtout quand on sait que Benavides était le mieux placé et le plus près de la scène. Enfin la méthode employée par le tueur montre bien que non seulement il connaissait l’assassin mais aussi qu’il ne souhaitait absolument pas qu’il parle. Sinon pourquoi aurait-il fait le tour de la voiture pour loger une balle dans la tempe dans l’infortuné Tippit, au risque de retarder sa fuite de quelques précieuses secondes.

 

 

4 - L’arme du crime correspondait-elle à celle retrouvée sur Oswald lors de son arrestation ?

 

Là encore, les polémiques sont allées bon train. Des 4 balles extraites du corps de Tippit on trouva 2 types de balles :

 3 balles étaient des Remington-Peters ;

 1 balle était une Western-Winchester.

Aussitôt, les critiques de la version officielle arguait le fait que deux types de balles conduisait imanquablement à la présence de deux assassins, ce que semblait confirmer deux témoins, par ailleurs.
Toutefois, ces mêmes critiques oubliait qu’Oswald aurait bien pu utiliser des balles de fabrication différentes, ce qui était dans les possibilités de son arme. Par conséquent, il n’était pas possible de conclure d’après les résultats de l’autopsie que les balles retrouvées dans le corps de Tippit ne provenaient pas du pistolet d’Oswald. Par ailleurs, le barillet avait été modifié pour permettre le passage des cartouches (étui+balle) à travers le barillet. Cette modification conduisait parfois à un fonctionnement erratique du revolver (il faut se souvenir qu’Oswald au moment de son arrestation avait tenté de faire usage de son arme et celle-ci s’étant enrayé, le coup n’était pas parti). Cette particularité de l’arme avait pour conséquence que le percuteur laissait une empreinte caractéristique sur l’étui de la cartouche. Cette marque était visible sur au moins un des étuis retrouvés aux abords de la scène du crime.
La caractéristique des balles extraites du corps de Tippit, les cartouches retrouvées dans les poches et dans le revolver d’Oswald, les étuis de balles collectés sur les lieux et l’empreinte caractéristique laissée par le percuteur sur certains étuis sont des preuves accablantes et suffisantes pour confondre Oswald. On a là des éléments matériels solides et difficiles à contrer. Malheureusement, comme souvent dans cette affaire, le recueil des pièces à conviction n’a pas toujours été fait avec la rigueur requise.
Ce fut le cas pour les étuis recueillis aux abords immédiats des lieux du crime. Sur les 4 étuis récupérés par Benavides, le policier J.M. Poe avait fait, sur ordre du Sergent Hill, des marques distinctives. Ces marques avaient été faites sur les étuis de sorte à bien les identifier et pour ne pas les confondre avec d’autres. Cette précaution prise, il les avaient placées dans un paquet de cigarettes et les avaient remis à la Police de Dallas. Malgré cette précaution, lorsqu’on montrera à Poe les étuis au moment de sa comparution devant la Commission Warren, il ne verra plus les marques qu’il avait faite sur les étuis qu’on lui présenta.
A la lecture du témoignage de Poe, les critiques du rapport Warren mirent en avant une substitution d’étuis, destinée à incriminer Oswald, ceci d’autant plus que, d’après Poe, elles ne pouvaient disparaître avec le temps, tant il s’était appliqué à les faire.
Cela dit, cet incident de procédure dans ce que les anglo-saxon appellent "the chain of possession of the evidence" ne peut à lui seul remettre en cause les indices et preuves matérielles évoquées précédemment.
Par conséquent, les preuves matérielles permettant de lier les balles au pistolet d’Oswald sont décisives et accablent Oswald.

 

5 - Y a-t-il eu un ou plusieurs tueurs. Oswald était-il seul ou s’agissait-il de deux autres tueurs qui n’avaient rien à voir avec Oswald ?

 

Cette question peut surprendre si l’on s’en tient à la version officielle, aux témoignages à charge qu’elle a retenu contre Oswald et aux preuves matérielles recueillies.
Toutefois, certaines déclarations de témoins étaient susceptibles d’atténuer la culpabilité d’Oswald voire de le disculper complètement. La décision de la Commission Warren de ne pas les convoquer allait alimenter la polémique. Ces deux témoins sont :

 Aquila Clemmons,

 Franck Wright ;

Acquila Clemmons fut interviewée par Mar Lane. Elle fit état de la présence de 2 individus sur les lieux du meurtre. Ces derniers prirent la fuite dans des directions opposées. Son témoignage est partiellement confirmé par celui de Franck Wright qui verra le tueur s’enfuir dans une voiture de couleur grise. Pourquoi ces témoins ont-ils été ignorés par la Commission ? Tous les deux présentaient des éléments intéressants puisqu’ils faisaient état de 2 individus sur les lieux du crime pour l’un et d’une fuite en voiture d’un individu pour l’autre. Si l’on considère ces deux témoignages et si on les rapproche de ceux qui ont vu le tueur présumé, Lee Harvey Oswald, s’enfuir à pied par Patton avenue avant d’aller sur Jefferson pour finalement se réfugier à l’intérieur du Texas Theatre, on est conduit à emettre les hypothèses suivantes :

 hypothèse 1 : Oswald avait un complice qui s’est enfui dans la voiture grise et il s’agit de l’homme aperçu par Franck Wright,

 hypothèse 2 : Oswald n’a rien à voir avec le meurtre et les deux hommes vus par Acquila Clemmons sont les véritables auteurs du meurtre,

 hypothèse 3 : l’un des deux hommes qui présentait une ressemblance avec Oswald s’est enfui vers Jefferson en se faisant remarquer et en laissant volontairement de nombreux indices en chemin dans le but de faire accuser Oswald, à savoir, les étuis vides au coin de la 10ème rue et de Patton retrouvés par Benavides, le blouson de couleur claire recueilli sous une voiture dans un parking censé appartenir à Oswald.

hypothèse 1 :
Cette hypothèse permettait aux critiques de la version officielle de faire observer que la présence de deux tueurs pouvait expliquer le mystère des balles de nature différentes à l’intérieur du corps de Tippit. Or nous avons vu que ce mystère n’en était pas un. Par ailleurs, les critiques bâtissaient le scénario suivant :
Oswald n’avait pas suffisamment de temps pour être présent sur les lieux du crime et s’était directement rendu de chez lui au Texas Theatre, le lieu de rendez-vous qu’on lui avait probablement fixé. Comment ? Soit à pied ce qui était peu probable, ou en voiture, celle qui s’était arrêtée devant le meublé et qui a klaxonné à deux reprises quand Oswald se changeait dans sa chambre.(voir le témoignage de Earlene Roberts à ce sujet). Earlene Roberts avait dit qu’il s’agissait d’une voiture de police à l’intérieur de laquelle se trouvait 2 individus. Oswald avait été emmené par Tippit au Texas Theatre avant de prendre contact avec celui ou ceux qui le tueront ensuite ? Ces mêmes critiques s’appuyaient sur les déclarations de Butch Burroughs, l’employé du Texas Theatre, qui avait déclaré qu’Oswald était entré à l’intérieur du cinéma à 13 heures 15 soit une minute avant que Benavides n’avertisse par radio la police que Tippit venait d’être abattu.
Encore une fois, aux preuves matérielles s’opposent des déclarations de témoins, sans doute de bonne foi ,mais qui pèsent peu face aux indices matériels.
Pour en revenir à Frank Wright et en admettant qu’il ait vu juste, il n’est pas interdit de penser que le conducteur d’une voiture se soit arrêté là et ait décidé de s’en aller aussitôt, effrayé par ce qu’il venait de voir. Peut-être Wright a t-il vu la voiture de Jack Tatum, témoin qui ne se fera connaître que 15 ans après les faits, au moment de l’enquête du HSCA.

hypothèse 2 :
Sans mettre en doute la sincérité d’Aquila Clemmons, elle n’était pas la mieux placée, géographiquement. Par conséquent, il lui était difficile de voir ce que Benavides n’avait pas vu, alors qu’il n’était qu’à 15 pieds de la scène. Dans la confusion de l’après meurtre, elle a peut-être pris des témoins de la scène qui allaient et venaient pour les meurtriers. Cela dit, elle aurait mérité d’être interrogée par la Commission Warren.

hypothèse3 :
La encore, les preuves matérielles ne sont pas à l’avantage d’Oswald...
les étuis vides :
La marque laissée par le percuteur sur les étuis de balles, caractéristique de l’arme d’Oswald, suffit à elle seule à rejeter cette hypothèse. Sauf à considérer que l’homme en question avait préalablement récupéré des étuis de balles tirées par Oswald, dans une autre circonstance. Ceci reste à démontrer et n’est "supporté" par aucun fait.

Le blouson :
Pour asseoir leur argumentaire, les critiques de la version officielle, partisans de la troisième hypothèse faisaient remarquer que le blouson était de taille M alors qu’Oswald possédait des vestes de taille S. Par ailleurs, une marque attestait de son lavage dans une blanchisserie alors qu’Oswald n’utilisait pas les services d’un tel organisme. En effet, sa femme Marina a toujours affirmé qu’elle lavait tous les effets de son mari à la main. Ce n’est pas sans raison que lors de leur dernière soirée passée ensemble à Irving elle lui avait demandé d’acheter une machine à laver, ce que Lee avait promis de faire. Enfin il n’a pas été possible de relier cette contre-marque à Oswald en aucune façon, ce qui n’avait rien de surprenant,compte tenu des habitudes d’Oswald. Cela dit, cet élément ne peut exonérer totalement Oswald des faits qu’on lui reproche.

 

6 - Pourquoi la Commision Warren n’a-t-elle pas intérrogé tous les témoins du meurtre et les témoins à charge sont-ils tous crédibles ?

 

Le principal défaut de la Commission Warren a été de ne pas interroger tous les témoins, prêtant ainsi le flanc aux critiques qui lui reprochaient de privilégier les témoins à charge et rechercher avant tout à démontrer la culpabilité d’Oswald. Quels sont alors les témoins sur lesquels s’est reposé la Commision Warren et ces témoignages sont-ils crédibles. La réponse est oui pour les témoins suivants qui ont déclaré en toute bonne foi ce qu’ils avaient vu ou entendu :


 Domingo Benavides

 William Scoggins ;

 Barbara Jeanette Davis,

 Virginia Davis.

Ces témoins directs du meurtre sont digne de foi. Ils est très proche du tueur. Soggins et Barbara Jeanette Davis et Virginia ont tous formellement reconnu Oswald. Il n’est pas possible qu’ils aient tous fait erreur sur la personne. La Comission Warren a eu peut-être le tort de trop s’appuyer sur Helen Markham qui bien que très bien placée (je le confirme pour m’être rendu sur place à deux reprises) a vu sa crédibilité entamée lors de ses dépositions :

 Mme Markham a menti à plusieurs reprises et sous serment sans pour autant être inquiétée en prétendant qu’elle avait parlé à Tippit alors qu’il agonisait, ce que tous les autre témoins du meurtre ont rejeté en affirmant qu’au contraire Tippit était mort sur le coup (une balle en pleine tempe est en général radicale).

 Elle a également prétendu ne jamais avoir été interrogé par l’avocat Mark Lane à qui elle avait fait une description de l’assassin de Tippit qui ne correspondait en rien à l’aspect et à la corpulence de Lee Harvey Oswald. Ce n’est qu’après qu’on lui fasse écouter la bande de l’enregistrement qu’elle a fini par admettre qu’il s’agissait de sa voix, non sans y avoir été invitée de manière pressante.
La crédibilité de Madame Helen Markham posait des problèmes au sein même de la Commission. Nombreux étaient ceux qui craignaient qu’en accordant autant d’importance à Markham l’ensemble de la Commission ne se discrédite. Malgré les interrogations légitimes de certains de ses membres la Commission Warren s’appuiera essentiellement sur le témoignage d’Helen Markham. En agissant de la sorte elle éveillait plus de soupçons qu’elle ne démontrait. C’est regrettable.


Epilogue :

Le meurtre de Tippit a toujours été quelque peu éclipsé par l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy intervenu le même jour. Pourtant il est à mes yeux le point clef qui permet de statuer ou non dans la culpabilité d’Oswald dans l’assassinat du Président. Si il est innocent du meurtre de Tippit, ce qui est exclu à mon sens, alors il peut avoir pris une part active à l’assassinat d’une façon ou d’une autre. En revanche s’il est bien le meurtrier de Tippit, la logique de ce meurtre s’inscrit pleinement dans la suite de l’attentat de Dealey Plaza. Il disposait du temps suffisant pour être présent à la fois sur les deux sites.
Oswald a bien tué Tippit. Il avait une bonne raison de le faire. Oswald a sans doute compris qu’il était menacé. En voyant Tippit descendre de sa voiture et porter la main à l’étui de son arme de service, il a compris que c’était lui ou Tippit. Alors il a tiré dans un élan de panique soudain, puis très froidement il acheva sa victime d’une balle dans la tête, bien décidé à empêcher sa victime de parler.

Pour en savoir plus sur le meurtre de J.D. Tippit, les livres écrits sur cet épisode majeur de l’après-midi du 22 novembre manquent. Toutefois, un ouvrage de référence existe. Dale K. Myers a écrit un ouvrage de qualité, bien construit et particulièrement documenté.


Plan du site Contact RSS

2000-2024 © JFK L’assassinat les questions - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.2.9
Hébergeur : spipfactory