La First Lady se trouvait dans Elm street, à l’intérieur de la limousine présidentielle.
par Pierre NAU
Nota : Les passages en bleu sont ceux qui furent enlevés par la Commission lors de la publication du témoignage. Je les ai rajoutés. Ils concernent les références aux blessures. Ces précisions figuraient sur la retranscription recueillie lors du témoignage de Jackie Kennedy. (Pierre Nau)
Le Président de la commission a rencontré, à 16 h 20, vendredi, le 5 juin 1964, au 3017 n Street NW, à Washington D.C.
Etait présent le chef de la justice Earl Warren, président
Aussi était présent J. Lee Rankin, conseiller général, and Robert F. Kennedy, ministre de la justice des états Unis d’Amérique.
Le Président.
La commission est prête.
Madame Kennedy, la commission voudrait juste avoir votre version, de ce qui s’est passé au moment de l’assassinat du président kennedy. Monsieur Rankin va vous poser des questions, du moment ou vous avez quitté l’aéroport jusqu’au moment ou vous êtes partie pour l’hôpital. Nous voulons que se soit bref. Nous voulons que se soit avec vos propres mots et nous voulons aussi que vous disiez tous ce qui vous semble utile et important de dire ici.
Voulez-vous bien prêter serment, s’il vous plaît, Madame Kennedy.
Jurez-vous solennellement que le témoignage que vous allez délivrer devant la Commission sera la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, puisse Dieu vous aider ?
Madame Kennedy.
Oui.
Le Président.
Assoyez-vous.
Monsieur Rankin.
Dites votre nom pour le procès verbal.
Madame Kennedy.
Jacqueline Kennedy
Monsieur Rankin.
Vivez-vous à Washington ?
Madame Kennedy.
Oui
Monsieur Rankin.
Vous êtes la veuve de l’ancien Président des Etats Unis ?
Madame Kennedy.
Oui
Monsieur Rankin.
Pouvez-vous revenir sur le jour ou vous êtes venus à Love Field en date du 22 novembre et décrire ce qu’il s’est passé après que vous ayez atterri ?
Madame Kennedy.
Nous sommes sortis de l’avion. Là, le vice-Président et Madame Johnson étaient là. Ils nous ont donnés des fleurs. La voiture nous attendait, mais il y avait une foule énorme à cet endroit. Il y avait des cris, avec des bannières et d’autres choses. Et nous sommes allés serrer des mains avec eux. C’était un jour vraiment chaud. Et nous avions un long chemin à faire. J’ai essayé de rester près de mon mari mais la plupart du temps nous étions éloignés l’un de l’autre, parce que vous savez, la plupart du temps des gens se penchaient pour nous attraper les mains. Ils étaient vraiment amicaux.
Et finalement, je ne sais pas comment nous sommes arrivés à la voiture. Je pense que le Congressman Thomas m’a certainement aidé. Il y avait beaucoup de confusion.
Monsieur Rankin.
Donc vous êtes entrés dans la voiture. Et vous étiez assise du côté gauche dans la voiture, n’est-ce pas, et votre mari était à votre droite ?
Madame Kennedy.
Oui
Monsieur Rankin.
Et Madame Connally ?
Madame Kennedy.
En face de moi
Monsieur Rankin.
Et le gouverneur Connally était devant dans le siège de droite ?
Madame Kennedy.
Oui
Monsieur Rankin.
Madame Connally était dans le siège de devant ?
Madame Kennedy.
Oui
Monsieur Rankin.
A ce moment là le défilé a débuté ?
Madame Kennedy.
Oui
Monsieur Rankin.
Y avait-il beaucoup de personnes le long de la route auquelles vous ayez fait signe ?
Madame Kennedy.
Oui c’était plutôt clairsemé au début. A un moment, il y eut une poignée de personnes avec une inscription qui disait quelque chose comme : "Président Kennedy, s’il vous plaît, sortez et venez nous serrer la main." Nos voisins nous on dit que nous ferions mieux de ne pas le faire...
Monsieur Rankin.
L’a-t-il fait ?
Madame Kennedy.
Il a fait stopper la voiture et il est sorti. C’était, vous savez, comme un petit faubourg, et il n’y avait pas beaucoup de monde. Mais après la foule est devenue plus dense au fur et à mesure que nous entrions dans la ville.
Monsieur Rankin.
A votre entrée dans Main Street, y avait-il plus de monde qu’au début du défilé ?
Madame Kennedy.
Oui.
Monsieur Rankin.
Vous leur avez fait signe de la main et vous avez continué la descente de la rue en voiture ?
Madame Kennedy.
Oui. Et généralement, je faisais signe du coté gauche et Jack du côté droit. C’était la raison pour laquelle nous ne nous regardions pas beaucoup. Il faisait terriblement chaud. Nous étions tous éblouis par le soleil.
Monsieur Rankin.
Maintenant, vous souvenez-vous du moment où vous êtiez dans Main Street et que vous avez tourné dans Houston Street ?
Madame Kennedy.
Je ne sais pas le nom des rues.
Monsieur Rankin.
C’était un pâté de maison avant le Depository Building.
Madame Kennedy.
Oui, je me souviens où c’était, Monsieur Connally m’a dit :" nous serons bientôt arrivés. Nous pouvions voir un tunnel en face de nous. L’allure était tellement lente à ce moment là. Je me souviens avoir pensé comme je serais bien sous ce tunnel.
Monsieur Rankin.
Et après vous souvenez-vous quand vous avez tourné de Houston dans Elm ?
Madame Kennedy.
Bon, je ne connais pas le nom des rues mais je suppose que vous parlez du moment ou nous sommes rentrés à droite près de Depository Building ?
Monsieur Rankin.
Oui, c’est cette rue en sorte de courbe pour rejoindre le pont.
Madame Kennedy.
Oui ; bon, c’est quand elle a dit au Président : vous ne pouvez plus dire que les gens de Dallas ne vous aiment pas.
Monsieur Rankin.
Et qu’a-t-il répondu ?
Madame Kennedy.
Je pense qu’il a dit, enfin je ne sais plus si je m’en souviens ou si je l’ai lu, "Non, en effet "ou quelque chose comme ça. Vous savez, à ce moment là, la voiture allait vraiment très lentement et il n’y avait pas beaucoup de monde aux alentours.
Et après vous voulez peut-être me faire dire ce qu’il s’est passé ?
Monsieur Rankin.
Oui, si vous le voulez bien…
Madame Kennedy.
Vous savez, il y avait toujours beaucoup de bruit dans la voiture et en plus il y avait toujours des motos autour de nous. Beaucoup d’entres elles avaient des retours d’échappements. C’est pourquoi je regardais toujours sur la gauche. J’ai bien entendu qu’il y avait eu un bruit mais il ne me semblait pas différent des autres car il y avait tellement de bruit, de motos et autres.
Mais soudain le gouverneur Conally a crié Oh ! Non, non, non.
Monsieur Rankin.
S’était-il retourné vers vous ?
Madame Kennedy.
Non, je regardais de ce côté, sur la gauche, et j’ai entendu ce bruit terrible. Mon mari n’a émis aucun son. Je me suis tourné sur la droite. Et tout ce dont je me souviens, c’est d’avoir vu mon mari, il avait cet air si livide, ses mains étaient à son cou, sa main gauche devait y être. Et juste quand je me suis retournée vers lui, j’ai pu voir une partie de son crâne en forme de coin, comme ceci et je me souviens que c’était de couleur chair avec de petites stries au sommet. Je me souviens avoir pensé qu’il était comme s’il avait un léger mal de tête. Je me souviens juste avoir vu çà. Pas de sang, rien.
Après il a mis sa main sur son front et s’est écroulé sur mes genoux.
Après je me souviens juste d’être tombé sur lui et lui avoir dit : "Oh ! Non, non, non", ça signifiait "Oh ! Mon dieu ils ont tué mon mari". Je me souviens que je criais. Et juste d’être en bas dans la voiture avec sa tête sur mes genoux. Ca m’a paru une éternité. Vous savez, il y a eu des photos de ma montée vers l’ arrière de la voiture mais je ne m’en souviens pas.
Monsieur Rankin.
Vous souvenez-vous de Monsieur Hill qui est monté dans la voiture pour vous aider ?
Madame Kennedy.
Je ne me souviens de rien d’autre… J’étais juste comme ça.. Finalement je me souviens des voix derrière moi ou quelque chose comme çà.
Et après je me souviens des personnes sur le siège en face, enfin de quelqu’un, et quelque chose ne tournait pas rond, d’une voix qui criait, ça devait être celle de Monsieur Hill, que nous devions aller à l’hôpital. Peut-être était ce Monsieur Kellermann, sur le siège avant. Quelqu’un criait. J’étais juste comme çà et je le tenais. J’étais en train d’essayer de maintenir ses cheveux en place. Mais sur le devant il n’y avait rien. Je suppose qu’ils avaient disparu, mais à l’arrière on pouvait voir, vous savez, vous essayiez de maintenir ses cheveux et son crâne en place.
Monsieur Rankin.
Vous souvenez-vous s’il y a eu un ou plusieurs tirs ?
Madame Kennedy.
Je pense qu’il y en a eu 2, car au premier je me suis retourné vers Monsieur Connally qui criait. C’est vraiment très confus pour moi car premièrement je me souvenais pas qu’il y avait eu 3 tirs car mon mari n’a fait aucun bruit quand il a été touché. Et le gouverneur Connally a crié.
Et après, j’ai lu que c’était la même balle qui les avait touchés. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que si j’avais regardé à droite j’aurais vu la balle le toucher, et j’aurais pu le sauver en le poussant vers le bas, et donc le 2 ème tir ne l’aurait pas touché. Mais c’est quand j’ai entendu le gouverneur Connally que je me suis retourné, et c’est quand je me suis retournée que j’ai vu mon mari porter ses mains à son cou. Il avait été touché. C’est de la 2éme balle dont je me souviens.
J’ai lu qu’il y en avait eu 3 mais c’est seulement de ces 2 là dont je me souviens….
Monsieur Rankin.
Avez vous de souvenirs de la vitesse à laquelle vous rouliez ou d’autres précisions ?
Madame Kennedy.
Nous allions vraiment doucement à la sortie du virage. Il y avait vraiment peu de monde.
Monsieur Rankin.
Vous êtes vous arrétés après les tirs ou quelque chose de ce genre ?
Madame Kennedy.
Je ne sais pas, parce que, je ne me souviens que nous nous soyons arrétés. Mais il y a eu une confusion tellement grande. J’étais abaissée dans la voiture et tout le monde criait pour aller à l’hôpital et on pouvait les entendre à la radio et soudain je me souviens avoir eu une sensation de grande vitesse, que nous avons au décollage.
Monsieur Rankin.
Et après vous êtes allés le plus rapidement possible à l’hôpital, est-ce correct ?
Madame Kennedy.
Oui
Monsieur Rankin.
Vous souvenez-vous si quelqu’un a dit quelque chose d’autre au moment des tirs.
Madame Kennedy.
Non, il n’y a eu aucun autre mot. Il y a juste eu le gouverneur de Connally. Et après Mrs Connally a crié, je suppose et qui essayait de protéger son mari.
Et après, il y a eu un grand vent de panique, vous savez, je pense.
Monsieur Rankin.
Entre les sièges.
Madame Kennedy.
Vous savez, ces pauvres hommes devant, nous ne pouvions pas les entendre
Monsieur Rankin.
Pensez-vous à quelque chose d’autre ?
Le Président.
Non, je ne pense pas. Je pense que c’est l’histoire et c’est pourquoi nous sommes venus…
Nous vous remercions vraiment beaucoup Madame Kennedy
Monsieur Rankin.
J’aimerais vraiment vous demander si vous vous souvenez si l’agent spécial Kellermann vous a dit quelque chose de particulier quand vous avanciez et que vous vous trouviez dans la rue juste après avoir tourné.
Madame Kennedy.
Vous voulez dire avant les tirs
Monsieur Rankin.
Oui
Madame Kennedy.
Bien je ne me souviens pas parce que vous savez, c’est vraiment dur pour eux de parler. Mais je ne m’en souviens pas comme je ne me souviens pas être montée à l’arrière de ma voiture.
Monsieur Rankin.
Ok, vous nous avez dit tout ce dont vous souveniez au sujet de cette période au si loin que vous puissiez vous souvenir, n’est ce pas ?
Madame Kennedy.
Oui
Le Président.
Merci beaucoup Madame Kennedy.