JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

Les enjeux de l’assassinat

Analyse des divers mobiles de l’attentat


par Pierre NAU
Que l’attentat soit l’oeuvre d’un tireur isolé commettant un acte fou ou d’un complot organisé, il faut bien s’interroger sur les mobiles et les enjeux d’un tel acte. A qui l’assassinat a-t-il pu éventuellement profiter si la thèse du complot est retenue ? Essayons donc d’apporter un début de réponse à ces trois interrogations :

 

  • Pourquoi a-t-on assassiné John Fitzgerald Kennedy le 22 novembre 1963 à Dallas ?
  • Qui avait intérêt à faire disparaitre le Président ?
  • Dans l’hypothèse d’un complot , y-a-t-il eu des complicités dans les milieux officiels ?

1- Pourquoi l’attentat de Dallas ?

Le Président Kennedy est victime en cette belle fin de matinée de novembre 1963 d’un attentat commis par un ou plusieurs tueurs. La commission d’enquête nommée par le nouveau Président a conclu à l’acte isolé d’un déséquilibré en mal de reconnaissance Lee Harvey Oswald. Quelles sont donc les motifs qui ont poussé Oswald à commettre un tel acte ?

Les mobiles éventuels d’Oswald

Oswald a été abattu par Jack Leon Rubinstein (Ruby) et son procès n’a pas pu avoir lieu. On ne saura donc jamais ce qu’il aurait répondu au moment où il aurait été interrogé sur ses mobiles. Comme la commission Warren avant nous, nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses à partir des faits observables qui ont précédé les semaines de l’attentat. Or, à l’étude de ces derniers on est guère avancé, tant Oswald discret et peu expansif de nature, n’a pas changé apparemment d’attitude dans les moments qui ont précédé la tuerie de Dealey Plaza. Rien dans ses faits et gestes ne permettent de déceler le moindre signe de préparatifs d’un attentat. Pas d’entraînement au tir, aucune entrevue avec des complices éventuels. Bref le portrait parfait du tueur solitaire, discret, calculateur et froid. C’est celui établi par la commission Warren. Cette description d’Oswald est peu convaincante et loin du personnage qu’il était habituellement. Impulsif, en quête incessante d’un idéal dont il avait une idée assez imprécise ou pour le moins confuse, Lee était souvent en train d’échafauder des projets fous et assez peu réalistes. Cette instabilité tranche avec l’apparente maîtrise affichée au dépôt de livres peu après les coups de feu, au moment où il rencontre Baker et Truly. Oswald était un communiste convaincu. A ce titre il avait émigré en URSS, travaillé à Minsk, épousé une Russe avant de décider de rentrer aux Etats-Unis, déçu par le modèle soviétique après deux ans de présence seulement. Frustré et aigri il avait toutes les raisons d’êre désabusé à son retour aux Etats-Unis, pays qui lui était si insupportable qu’il avait décidé d’en partir 2 ans auparavant. On peut alors imaginer qu’en proie à une pulsion soudaine, il ait alors saisi l’occasion du passage du Président Kennedy à Dallas pour décider de l’abattre. Imaginable mais peu probable n’en déplaise à la commission. En proie à une folie meurtrière en avril, il avait aussi décider de supprimer le Général Walker et échouer lamentablement dans sa tentative. Encore faut-il être certain de la culpabilité d’Oswald à qui on a attribué un peu facilement cette tentative de meurtre. Pour toutes ces raisons seul un accés de folie d’un communiste convaincu et décu, joint au besoin de réparer cet échec cuisant peut expliquer le mobile d’Oswald. Marina sa femme qui était bien placée pour juger de l’éventualité d’une telle motivation de la part de son mari a répondu par l’affirmative. Au moment des faits et bien des années après elle a toujours cru en la culpabilité de son mari et à l’explication donnée des raisons qui l’ont poussé à commettre le crime dont on l’accuse. La position de Robert Lee Oswald est plus nuancée. Depuis plus de trente ans, il est partagé entre sa conscience qui le pousse à croire en l’innocence de son frère et sa raison qui l’incite à considérer avec objectivité les indices matériels et l’instabilité caractérielle de son frère tendant à suggérer sa culpabilité.
Il est difficile de se faire une opinion et d’y voir clair dans les motivations d’Oswald. Le véritable enjeu de l’attentat dans son cas, peut être le moyen d’être enfin reconnu et d’entrer dans l’histoire à sa manière. L’enjeu complémentaire étant le besoin de se venger de toutes les désillusions accumulées tant sur le plan personnel qu’idéologique. On objectera cependant qu’Oswald n’avait pas de raison majeure d’en vouloir à un Président qui dans les derniers mois précédant sa disparition menait une politique de rapprochement avec le monde communiste et Khroutchev en particulier.

2 - Qui avait intérêtà faire disparaître le Président ?

Répondre à cette question c’est admettre que l’on ne se satisfait pas de la conclusion officielle et que Lee Harvey Oswald ne peut être retenu pour seul responsable de l’attentat de Dealey Plaza. Il faut alors rechercher dans les évènements de l’époque et dans l’action du Président, les mobiles qui ont pû conduire une conspiration à assassiner John Fitzgerald Kennedy. Trois évènements majeurs intérieurs et extérieurs aux conséquences multiples, ont pu éventuellement servir de mobile à une conjuration :

• L’échec du débarquement dans la baie des cochons à Cuba ;

• L’intégration raciale et sa mise en oeuvre difficile dans les Etats du Sud ;

• la guerre du Viet-Nam.

Mobiles de groupes anti-castristes :

Les anti-castristes n’avait jamais pardonné à Kennedy l’épisode de la baie des cochons et l’échec de l’opération. Mal préparée et en l’absence du soutien aérien nécessaire au succés et refusé par le Président, la tentative de débarquement avait échoué. Le prestige de Fidel Castro, dont le pouvoir à l’époque n’était pas encore bien assuré, en ressortait grandi. A l’inverse, les Etas-Unis étaient ridiculisé et les anti-castristes frustrés et en colère se sentaient trahis. Toute nouvelle tentative de débarquement devenait pratiquement impossible, l’effet de surprise ne pouvant plus jouer. Les anti-castristes étaient condamnés à l’exil avec de minces espoirs de retour au pays, sans un effondrement du "Lider Maximo". Dans ces conditions les rancoeurs accumulées ont peut-être poussé certains anti-castristes comptant parmi les plus radicaux à se venger de Kennedy en l’assassinant. C’est une hypothèse possible. Pour autant, cette éventualité n’a jamais été clairement démontrée. Il reste aussi à savoir si un tel groupuscule était en mesure d’organiser un attentat de cet ordre. Sans aide et sans soutien logistique d’importance, l’entreprise était compromise. Dans ces conditions, l’aide d’un tiers disposant des moyens nécessaires et qui avait, lui aussi, de bonnes raisons d’en vouloir au Président paraît incontournable.

Mobiles d’éventuels opposants à la politique d’intégration raciale :

La politique d’intégration raciale mené par le Président Kennedy ne plaisait pas à tout le monde aux Etats-Unis. Dans les Etats du Sud en particulier où la pratique de la ségrégation raciale proche de celle de l’apartheid menée en Afrique du Sud était bien réelle. Les personnalités d’extrême droite ne cachaient pas leur farouche hostilité à un tel projet, en particulier George Wallace dans l’état de l’Alabama. Tout le monde se souvient du bras de fer entre l’Etat et les autorités fédérales au moment de l’intégration de l’étudiant noir James Meredith dans l’université de l’Alabama. L’intervention de la garde nationale avait été alors nécessaire, pour que Meredith puisse entrer dans l’établissement. D’autres incidents moins médiatisés eurent lieu dans d’autres Etats du Sud. Le Texas non plus n’était pas un farouche partisan de la politique d’intégration du Président et certaines personnalités et médias de Dallas ne faisaient pas mystère de leur opposition au projet. Le Genéral en retraite Walker celui qu’Oswald a peut-être tenté d’assassiner et d’autres étaient de ceux là. Le Dallas News n’avait-il pas fait paraître le matin même de l’assassinat le fameux tract où 2 photos du Président, l’une de face et l’autre de profil, apparaissaient avec la mention :"Recherché pour trahison".

Source Commission Warren (Exibit n°770)

Entre autre reproches, la politique d’intégration raciale y était dénoncée sans ambiguïté. Pour certains extrémistes de droite le voyage de John Kennedy était vécue comme une provocation. Surtout dans la ville de Dallas qui comptait parmi les villes les plus conservatrices de l’Etat. Le comité d’accueil de la ville à l’aéroport de Dallas Love Field ne se composait pas uniquement de partisans enthousiastes. En nombre restreint mais bien visibles, on dénombrait outre les drapeaux texans des étendards sudistes. Le symbole était fort et le message à l’adresse du Président on ne peut plus clair. Comme on le voit une certaine hostilité envers le Président régnait et sa politique en matière d’intégration raciale était diversement appréciée. Etait ce un motif suffisant pour que les opposants à ce projet décident de le supprimer ? Rien n’est moins sûr. Les éventuels conspirateurs n’avaient pas la garantie que son successeur, originaire du Sud et du Texas pourtant, remette en cause la politique décidé par Kennedy. Or c’est exactement le contraire qui s’est passé. Loin de revenir sur les orientations du Président défunt, Lyndon Johnson mettra tout en oeuvre pour que les lois relatives à l’intégration raciale deviennent effectives dès 1965. Pour toutes ces raisons, l’hypothèse selon laquelle un groupe d’extrême droite aurait décidé de supprimer le Président Kennedy pour empêcher la promulgation des lois mettant définitivement hors la loi la ségrégation raciale est très peu probable.

>Mobiles d’éventuels opposants au retrait Américain du Viet-nam :

Après avoir envoyé quelques conseillers au moments des premiers accrochages entre le Nord Viet-Nam et le Sud Viet-Nam, les incurcions répétées des communistes du Nord aidés par les maquisards vietcong du Sud conduisirent les Américains à accroitre leur présence. Conscient des risques d’une telle escalade et du piège dans lequel son pays était attiré, John Kennedy envisageait dès la fin de 1962 un retrait progressif des troupes américaines au profit d’une Vietnamisation obligeant le Sud-Viet-Nam à prendre son destin en main. Seuls quelques conseillers militaires resteraient pour assister techniquement les militaires vietnamiens dans la mise en oeuvre du matériel fourni par les USA. Cette décision de désengagement avait à court et moyen terme des conséquences sur l’industrie de l’armement américaine et en particulier sur l’aviation qui dans les conflits modernes se taille la part du lion. L’industrie aéronautique voyait lui échapper un filon important sur lequel elle comptait pour écouler sa production. C’était donc particulièrement vrai pour l’aviation mais aussi, dans une moindre mesure, il est vrai, pour l’arme terrestre. On comprend donc pourquoi la perspective d’un retrait progressif duViet-Nam ne plaisait pas à tout le monde. Ceci dit, si à chaque marché potentiel d’armement perdu après une décision politique la vie des chefs d’Etat était menacé, il n’y aurait plus beaucoup de dirigeants en exercice. Alors pourquoi certains en sont venus à imaginer que le lobby de l’armement américain ait été amener à armer des tireurs pour faire disparaître John Fitzgerald Kennedy ? Les faits et rien d’autre.

Contrairement à l’hypothèse précédente, beaucoup de choses ont changé après la mort du Président Kennedy. Loin d’amorcer le retrait envisagé par son prédécesseur, le nouveau président sera l’artisan d’une montée en puissance rapide et importante des forces américaines et ordonnera trés vite des bombardements d’une rare intensité sur le Nord Viet-Nam. Trés vite, c’est à dire 5 jours aprés la mort de John Fitzgerald Kennedy, il abrogera le moratoire empéchant l’afflux d’armes au Viet-Nam. Ce changement radical de politique intervenu trés vite aprés l’assassinat, est pour le moins surprenant. Cette attitude interpelle d’autant plus qu’il s’agira là de la seule véritable différence par rapport à la politique de son prédécesseur. Pour le reste, on observera une parfaite continuité ou presque. L’origine Texane du nouveau Président achèvera de rendre encore plus suspecte ce brusque changement de politique. C’est en effet à Fort Worth, tout prés, bien prés de Dallas qu’un grand constructeur américain est établi. L’amalgame était fait, sans toutefois apporter la moindre preuve à ces insinuations. Aucune instruction sérieuse n’a permis de mettre en évidence une quelconque implication directe ou indirecte du lobby de l’armement américain. On en reste donc au stade du procés d’intention, inacceptable en soit, surtout lorsqu’il s’agit de l’assassinat du Président des Etats-Unis. Il reste pourtant que les faits décrits plus haut accusent ou pour le moins interpellent. De toute façon, l’organisation d’un attentat aussi parfait dans son exécution, ne peut être le seul fait du lobby de l’armement. Si l’exécution d’un tel acte suppose une organisation et une logistique à la portée d’une multinationale, des complicités sont nécessaires. Aucune organisation aussi puissante soit-elle n’a pas le pouvoir de changer l’itinéraire d’un cortège présidentiel au dernier moment. C’est ce qui s’est passé à Dallas.

3 Y at-il eu des complicité dans les milieux officiels ?

Là aussi les faits sont têtus et incontestables. Une question vient à l’esprit à l’analyse des évènements. Pourquoi, comme le pensait à tort Jim Garrisson ( voir pourquoi surcette page) le tracé du défilé a-t-il été modifié ou plus exactement pourquoi il a été décidé d’intégrer le crochet par Houston Street et Elm Street pour faire passer la limousine présidentielle au pied du Texas School Books Depository et pratiquement contre le Grassy Knoll ? En opérant de la sorte on exposait gravement le Président en obligeant le chauffeur de la limousine à ralentir avant de négocier un virage à 120° et pénétrer dans Elm Street . L’itinéraire choisi facilitait la tâche du ou des tireurs où qu’ils se trouvent. De plus, le public aurait pu tout aussi bien admirer le cortège si ce dernier avait poursuivi sa route sur Main Street. Les dégagements de part et d’autre de l’artère principale de la ville sont suffisamment vastes et spacieux pour accueillir une foule importante. Enfin, il n’était pas complètement impossible de gagner le Trade Mark, où un banquet attendait le Président, en passant par Main Street et emprunter la Stemmons freeway une fois le Triple Underpass franchi. Alors pourquoi avoir pris la décion de faire passer le cortège par cet endroit aussi vulnérable ou la sécurité était difficile a assurer ? Pour faciliter la tâche du tireur ? Peut-être. Pour créer les conditions idéales d’un tir croisé ? Probablement diront les partisans de la thèse d’une conspiration mettant en scène plusieurs tireurs (l’un au dépôt de livres et l’autre au sommet du Grassy Knoll). Il faut bien admettre qu’il est tentant de franchir le pas, tant il est bien difficile de trouver une autre explication à ce choix de trajet. C’est un point sur lequel la Commission Warren n’a que trop peu insisté se contentant de dire que la voie normale pour gagner le Trade Mart était de passer par l’itinéraire choisi. En fait il était possible de faire une exception et de faire prendre à la limousine le chemin figurant sur le schéma ci-dessous moyennant quelques aménagements.

Même si le cortège aurait été ralenti il était beaucoup moins exposé à cet endroit, dans la mesure où il était plus difficile à des tireurs de se dissimuler.

Qui avait le possibilité de décider du choix de l’itinéraire sinon les autorités locales avec l’assentiment des services fédéraux ? Comment les services secrets responsables de la sécurité rapprochée du Président ont-ils pu accepter ce tracé. Il est difficile d’admettre de la part de professionnels aussi avertis une telle légereté de comportement en acceptant, sans réserves, que la limousine présidentielle passe au pied d’un immeuble où un tireur d’élite pouvait aisément se cacher ? En admettant qu’ils aient été pris au dépourvu par ce choix, ce qui est peu probable, on se demande bien pourquoi certaines précautions élémentaires n’ont pas été prises. Une fouille de l’immeuble et la fermeture des fenêtres du dépôt de livres auraient été judicieuses. La mise en place de membres des services secrets à des points particulièrement sensibles comme le sommet du Grassy Knoll ou le Triple Underpass auraient du venir à l’esprit des responsables de la sécurité du cortège. A toutes ces questions sans réponse, l’énormité des négligences laisse perplexe et suggère bien des suppositions. Les décideurs de ce choix d’itinéraire ne s’y seraient pas pris autrement s’ils avaient voulu faciliter le travail des tireurs. Ce n’est pas sans raison que les défenseurs de la thèse du complot y voient là une indication de la complicité d’organismes officiels. S’ils ne se trompent pas, ces derniers ont peut-être alors fourni l’aide nécessaire aux conspirateurs pour accomplir leur sale besogne. Le doute est en tout cas permis.

Voilà ce que l’analyse des faits suggère sur les motifs qui ont pu pousser le tueur ou plus probablement les conspirateurs à assassiner le 35ième Président des Etats-Unis le 22 novembre 1963 à Dallas. D’autres hypothèses ont été évoquées. Volontairement, elles ne sont évoquées ici car trop éloignées de la simple analyse des évènements et plus proches des pures spéculations ou pire du procés d’intention.


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