JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

Biographie succincte de l’assassin présumé

par Pierre NAU

La vie de Lee Harvey Oswald peut se résumer à une quête désespérée et obstinée d’un idéal dont il n’avait peut-être pas pleinement conscience. Désillusion et frustration s’entremêlent car dans tout ce qu’il entreprend tout semble conduire à une impasse. Cette constance se retrouve tout au long de sa vie, dont voici résumée très brièvement les différentes étapes, et tout d’abord dans sa jeunesse.

1- Sa jeunesse :

Lee et ses frères Robert à gauche et John à droite

Une enfance difficile, marquée par l’absence d’un père mort deux mois avant sa naissance et une carence affective que sa mère possessive et instable sera incapable de lui apporter. Etre fragile, il ne trouvera jamais auprès d’elle l’équilibre qu’il recherche. Très tôt, des séjours en institution spécialisée pour essayer de corriger une inadaptation sociale illustrée par une tendance certaine à l’isolement, à l’école buissonnière et au replis sur lui-même. C’est pourtant un enfant vif et plutôt gai comme l’attestent des clichés de l’époque mais qui ne parvient toutefois pas à s’intégrer dans un tissu social.
Tout suggère que le jeune Lee recherche l’isolement et qu’il manifeste un goût prononcé pour la solitude. Cette tendance au repli sur lui-même lui pose des problèmes dans ses relations avec ses camarades de classe. C’est un élève au demeurant sans histoire qui se situe dans la moyenne. Son désir d’être reconnu et de faire parler de lui se manifeste très tôt.
Cette crise d’identité est sûrement liée à la carence affective dont il a été victime dans sa prime enfance et à l’absence d’un père véritable qui lui aurait apporté peut-être apporté le soutien nécessaire.
Alors dès l’âge de dix sept ans il décide de s’engager dans le corps des Marines à la fois pour se soustraire à son univers familial mais aussi pour se prouver à lui-même qu’il est capable de faire de grandes choses.
 

2 - Oswald chez les Marines :

 

L’engagement d’Oswald chez les marines est surprenant.
Lui qui a toujours montré des difficultés de s’intégrer dans une société, choisit de rejoindre une collectivité où l’esprit de corps et la cohésion qui le caractérisent s’accommodent mal de la présence d’individus ayant une tendance à l’individualisme et au repli sur eux-mêmes.
Toujours est-il qu’Oswald intègre ce corps en satisfaisant aux tests d’aptitude requis. Du maniement des armes qu’il aura fait pendant cette période, on retiendra qu’il était un tireur honnête sans plus , même si une fois il a obtenu la note qui lui permettait de se situer dans la catégorie des tireurs d’élite.
Toutefois, il ne renouvellera pas cette performance.

Après sa période de formation initiale et différents cours de perfectionnement, en particulier dans le domaine du radar et de son utilisation, il sert dans plusieurs affectations. C’est au cours de celles-ci et en particulier en Extrême orient que ses premières mésaventures se produisent. Tout d’abord il se blesse au coude avec son arme à feu personnelle en la faisant tomber sur le sol alors qu’il défait le ceinturon de son pantalon. A l’un de ses collègues, accouru après avoir été alerté par la détonation, il déclarera le plus calmement du monde : "je crois que je viens de me tirer dessus !!". Cet incident lui vaut d’être traduit en cour martiale pour la première fois. Pour avoir introduit une arme personnelle en toute illégalité, il est condamné à une amende, 20 jours de travaux forcé et à 6 mois d’isolement avec sursis. Hormis cette épisode il comparaîtra devant cette cour en une autre occasion. Probablement un peu ivre, il est poursuivi cette fois-ci pour mots déplacés envers un sous-officier. Cette fois-ci, la sentence est plus lourde : 28 jours de travaux forcés, 55$ d’amende et 2 mois d’isolement ferme.

Hormis ces deux incidents, ceux qui l’ont côtoyé pendant cette période, Lee Harvey Oswald est dépeint comme un être intelligent, sachant exécuter les ordres mais qui a tendance à se plaindre assez souvent. Il se fait remarquer par sa culture générale assez développée, sa connaissance des affaires internationales et sa Russophilie. A ce sujet il est raillé par ses collègues qui entre autre sobriquets l’appelle souvent "Oswaldkovich". Il se livre complaisamment en vantant le marxisme et le modèle soviétique. Il montre aussi ses connaissances au sujet des problèmes concernant Amérique du sud et en particulier de Cuba. C’est au cours de son affectation à El Toro qu’il manifeste son intérêt pour le marxisme à son entourage.
Ses camarades diront de lui qu’il avait une perception et une approche plutôt théorique de cette philosophie. C’est apparemment à cette période d’affectation en Extrême-Orient qu’il apprend le russe et qu’il songe peut-être à vivre différemment en rejoignant l’URSS dans le futur. Auparavant Oswald doit terminer son contrat qui le lie aux Marines.

C’est en septembre 1959 soit avec 2 mois d’avance sur la date prévu, qu’il obtient une libération anticipée. Officiellement, c’est au titre de soutien de famille et pour venir en aide à sa mère que cette faveur lui est accordée. Mais aussitôt libéré, Lee a d’autre projets en tête et le moment est venu pour lui de mettre à exécution ce dont il a envie depuis un certain temps : rejoindre l’URSS et prendre la nationalité soviétique. 

3- Oswald en URSS :

C’est dans une lettre adressée à sa mère qu’Oswald fait part en septembre 1959 de sa décision de rejoindre l’URSS. Il lui explique que son avenir est là bas et que ses valeurs sont différentes des siennes et de celles de son frère Robert. Il est conscient que son entourage aura des difficultés à admettre son choix mais rien ne l’arrête, c’est décidé il part. Son long périple débute par une traversée de l’Atlantique en bateau qui le conduit de la Nouvelle Orléans au port du Havre en France. De là il rejoint Southampton en Angleterre où il avait projeté d’y demeurer quelques temps avant de rejoindre une école en Suisse. Mais il change de plan et s’envole pour Helsinki. Deux jours après son arrivée il obtient un visa pour l’URSS et arrive à Moscou en train. Après son installation, il demande la nationalité russe et devant le peu d’empressement des autorités soviétiques à la lui accorder, il fait une tentative de suicide en se tailladant les veines des poignets. Hospitalisé, il obtient une prolongation de son séjour et passe le plus clair de son temps dans sa chambre d’hôtel à se perfectionner dans la langue russe qu’il ne maîtrise pas encore tout à fait. Une année passe et c’est alors qu’il rejoint la ville de Minsk en Biélorussie. Là il obtient par l’intermédiaire d’une de ses relations et de la croix-rouge un emploi dans une fabrique de composants électroniques. A emploi équivalent, il touche un salaire bien plus élevé qu’un russe au même poste. Il dispose immédiatement d’un appartement avec un balcon donnant sur la rivière ce qu’un russe met des années à obtenir et à condition qu’il ait une famille. Force est de constater qu’Oswald jouit d’un traitement de faveur par rapport aux autochtones de son niveau. Pendant son séjour à Minsk il demande et obtient une licence de chasse pour chasser le gros gibier et aura l’occasion de participer à quelques parties mais pas de manières très assidues. Déjà l’ennui le gagne et sa vision théorique du marxisme n’a que peu de rapport avec la réalité de la vie soviétique. Un rayon de soleil vient à point nommé pour éclaircir son quotidien morose. Elle est russe et elle s’appelle Marina Nickolaievna Prusakova. Il la rencontre lors d’un bal organisé par le syndicat de son usine. Après une idylle, très vite ils se marient. Mais le mal du pays se fait sentir et Lee envisage un retour au pays sans malgré tout renoncer à ses convictions qui dans son fort intérieur sont plus fortes que les désillusions qui ont été les siennes sur le terrain. C’est alors qu’il s’adresse à
l’ambassade américaine pour obtenir un visa de retour alors que 2 ans auparavant il avait demandé à ce même organisme la possibilité de renoncer à sa citoyenneté américaine. Les autorités soviétiques ne feront aucune difficulté, trop contente sûrement de voir partir un individu quelque peu encombrant. Plus surprenant toutefois est la facilité avec laquelle sa femme Marina obtiendra le visa de sortie du territoire soviétique à une époque où les relations entre les deux superpuissances étaient très tendues.
C’était en 1962 peu après l’épisode des missiles de Cuba et le conflit mondial évité de justesse. On comprendra pourquoi la facilité avec laquelle Marina quitte son pays a de quoi surprendre. A-t-elle été aidé ? Mystère ? Il se peut que son oncle membre du MVD ne soit pas étranger à cette démarche. Quoi qu’il en soit le couple rejoint les Etats-Unis où il arrivent par bateau à New-York le 14 juin 1962. C’est alors que débute l’installation du couple qui rejoint Fort Worth au Texas à cette époque.

4- Le retour au Texas :

Le couple en URSS avec leur fille June (1962)

Oswald est accueilli par son frère Robert à Fort Worth. Il demeure quelques temps chez ce dernier avec Marina et leur fille June née en URSS.

Les deux frères évitent toute conversation politique par accord tacite. Moins de 15 jours après son installation au Texas, le FBI s’intéresse une première fois à Oswald et souhaite connaître les raisons pour lesquelles ce dernier avait décidé de partir en Union soviétique en 1959. Ils en seront pour leurs frais. Oswald refuse catégoriquement de s’expliquer en déclarant ne pas vouloir revenir sur le passé. Il consent tout juste à dire qu’il n’a pas demandé à obtenir la nationalité russe et qu’il n’a pas été questionné par des officiels du régime sur son passé et ses expériences d’ancien Marine. Il fait ensuite la promesse que sa femme déclarera son adresse actuelle à l’ambassade soviétique à Washington. Le FBI déclarera qu’Oswald est resté désagréable et peu coopératif pendant toute l’entrevue. Au bout d’un mois, Oswald et sa petite famille quitte le domicile de son frère et va s’installer quelque temps chez sa mère avant de louer finalement un appartement meublé. Les relations entre la belle fille et Marguerite la mère d’Oswald sont cordiales. Sans emploi depuis son arrivée le manque d’argent se fait sentir quand Oswald trouve finalement un emploi d’ouvrier métallurgiste. Il se montre peu communicatif mais effectue correctement son travail. Il gardera cet emploi jusqu’en octobre 1962. Entre temps, une deuxième fois le FBI s’intéresse à lui. Cette fois ci la rencontre a lieu sur un parking et l’entretien se déroule sur la banquette arrière de la voiture des agents du bureau fédéral. Oswald adopte une attitude plus souple et moins agressive que lors de la rencontre précédente. Toutefois il persiste dans sa stratégie de refus de s’expliquer sur les raisons de son départ en URSS 3 ans auparavant. Il leur déclare cependant que sa femme Marina est bien enregistrée à l’ambassade soviétique à Washington. Aux dires de Marina, Lee était bouleversé à la suite de cette entrevue et surpris que le FBI s’intéresse autant à lui. Pour permettre à Marina de mieux s’intégrer dans le tissu social local, le couple développe de nombreux liens avec la communauté russe de Fort Worth et de Dallas. Cette dernière est tout autant disposée à aider Marina à s’intégrer que désireuse de connaître développements de la vie en URSS. Toutefois le couple Oswald suscite une certaine méfiance au sein de la communauté russe à cause de la facilité avec laquelle Oswald et sa femme ont quitté l’Union soviétique. Ceci n’empêche pas les membre du groupe de se montrer généreux envers la famille Oswald et de leur mettre à disposition la nourriture et les vêtements dont ils ont besoin. Cette aide est assez mal vécu par Lee Harvey Oswald atteint dans sa fierté et incapable de subvenir par lui-même aux besoins de sa famille. Désagréable et nerveux cette réaction négative vis à vis de l’aide fournie est mal ressentie par la communauté russe locale. Cette n’apprécie pas non plus les convictions, les opinions et l’attitude critique d’Oswald envers son pays. Elle condamne également sa façon de traiter Marina envers laquelle il se montre, il est vrai, peu délicat. L’état mental de Lee se détériore et sa frustration grandit. Irritable, reclus, instable, il quitte brutalement son emploi sous le faux prétexte d’un déménagement et se retrouve rapidement dans le besoin. Marina dit ne plus reconnaître l’homme qu’elle a épousé dans son pays d’origine. Même si elle reconnaît qu’il l’aide autant qu’avant, il s’irrite et s’emporte pour n’importe quel prétexte. On soupçonne même à l’époque qu’il bat sa femme qui, au moins en une occasion, arborera un bel oeil au beurre noir. Elle se contentera alors de déclarer qu’elle s’est cogner contre une porte...Alors que Lee se met à la recherche d’un emploi Marina s’installe chez une amie. Après s’être adresser à une agence pour l’emploi locale, il finit par obtenir un emploi chez un photographe en octobre 1962. Le couple s’installe alors dans un appartement à Elsbeth street. Les querelles au sein du couple sont toujours fréquentes. Lee refuse que Marina apprenne trop vite l’anglais pour ne pas perdre son "contact russe". A George de Morendschild, un membre de la communauté, qui lui fait la remarque que ce n’est pas la meilleure façon pour Marina de s’intégrer dans son pays d’accueil, Oswald lui répond sèchement :" C’est mon affaire". L’ambiance au sein du couple se dégrade. De séparations en retrouvailles l’équilibre psychologique de Marina se détériore. Elle déclarera plus tard avoir pensé au suicide pendant cette période. Toujours est-il qu’Oswald et sa famille se retrouve chez son frère Robert pour fêter le Thanksgiving à la fin du mois de novembre 1962. C’est la dernière fois que les deux frères se réuniront. Ils ne se reverront plus jusqu’à l’assassinat du 22 novembre 1963. D’ici là Oswald, en dépit de sa désillusion de la vie soviétique n’en demeure pas moins un marxiste convaincu. Dans ce cadre, il entre en contact avec le parti communiste américain et avec le parti socialiste (Socialist Worker Party) qu’il tente de rejoindre et à qui il propose ses services. Dans le même temps, la famille Oswald déménage une nouvelle fois pour s’installer à West Neely street. Cet appartement dispose d’une petite cour et d’un porche et convient mieux aux Oswald.
 

 


La résidence des Oswald à West Neely Street (Photo prise le 19/11/03)

 

C’est dans l’arrière cour de ce dernier que Marina est sensée avoir pris le cliché très controversé de son mari tenant d’une main son fusil et de l’autre deux journaux (le Worker et l’Indepedent alors qu’à son ceinturon est fixé un colt. Car à trois mois d’intervalle Oswald achète deux armes à feu sous le pseudonyme de A.J.Hidell. Tout d’abord il fait l’acquisition d’un revolver Smith et Wesson de calibre 38 auprès d’un magasin de Los Angeles, puis d’un fusil de type Mannlicher Carcano vendu par la maison Klein de Chicago. Marina déclarera avoir vu son mari se servir une fois de cette arme pour s’entraîner en vue d’aller chasser le gros gibier par la suite et elle ajoutera qu’il la nettoyait plus fréquemment qu’il ne s’en servait. C’est avec ce fusil qu’Oswald aurait tenté d’assassiner le Général Walker, personnalité de l’extrême droite locale dans la nuit du 6 au 7 avril 1963. L’opération tourne au fiasco le plus complet puisque Oswald rate une cible immobile parfaitement visible et située à moins de 30 mètres de lui. Penaud il rentre chez lui encore plus frustré qu’il n’était avant cette tentative. Ayant perdu son travail le 6 avril il se retrouve à nouveau en proie à des difficultés financières. Les disputes au sein du couple sont fréquentes et Oswald de plus en plus instable et irritable force même sa femme à écrire une lettre à l’ambassade soviétique pour qu’elle retourne en Union soviétique. Mais auparavant, le couple a un besoin d’argent de plus en plus pressant, d’autant plus que Marina attend un deuxième enfant qui doit naître en octobre. C’est pour cette raison que Lee décide de partir pour la Nouvelle Orléans, sa ville natale, où il espère trouver du travail. Il s’y rend le 24 avril 1963. Marina reste pour sa part au Texas tant que son mari n’aura pas trouvé un emploi et un appartement pour les loger. Elle est hébergée par une amie Ruth Paine dont elle a fait la connaissance en avril 1963. A son contact, Marina apprend l’anglais et son amie reçoit en échange des cours de russe. C’est aussi l’occasion pour June de côtoyer des enfants de son âge et d’être un peu mois sauvage.
 
- 5 L’arrivée à la Nouvelle Orléans :
 

Arrivé dans sa ville natale, Oswald espère trouver rapidement du travail. Dans un premier temps, il est hébergé par sa tante Lillian. En mai il trouve un emploi comme ouvrier et chargé de lubrifier des machines outils. Peu satisfait de cet emploi et assez peu fier de cet emploi il dira à sa femme Marina qu’il travaille chez un photographe. Grâce à l’intervention d’une amie d’enfance, il trouve un appartement qui lui convient et qui semble assez spacieux pour accueillir toute sa petite famille. Il demande donc à Marina de le rejoindre dés que possible. C’est son amie Ruth Paine qui se charge de la conduire à la Nouvelle Orléans pour retrouver son mari. Ruth Paine restera 8 jours avec le couple avant de retourner à Irving retrouver les siens. Les retrouvailles avec Marina se passe bien et les premiers temps seront aux dires de sa femme plus tard une des meilleures périodes qu’ils n’aient jamais passé ensemble. Mais les nuages s’amoncellent à nouveau. Lee perd son emploi en juillet pour les motifs suivants : étourderie et inefficacité...C’est alors qu’il décide de s’établir soit à Cuba soit de retourner en URSS. Selon Marina il voulait rejoindre par tous les moyens Cuba. Dépitée et décontenancée par l’attitude de son mari, Marina se confie à son amie Ruth Paine. Elle lui dit que l’arrivée prochaine du deuxième explique peut-être la conduite déroutante de son mari. Pendant ce temps, au début du mois de juin, Oswald projète de créer une branche à la Nouvelle Orléans du FPCC (Fair Play for Cuba Comitee). A cet effet, Il utilise un autre pseudonyme (Lee Osborne) pour passer commande de tracts sur lesquels étaient écrits « Hands-off Cuba » (non intervention à Cuba) et des formulaires de demandes d’adhésion au mouvement.
Au début du mois d’août, il entre alors en contact avec un réfugié cubain répondant au nom de Carlos Briguer, farouche opposant au régime castriste et président pour la Nouvelle-Orléans du conseil des étudiants cubains. Il déclare à ce dernier qu’en tant qu’ancien Marine il est rompu aux techniques de la guérilla et qu’il peut prendre une part active et directe à la lutte contre le régime castriste. Il laissera même entre les mains de Bringuier, son manuel de « guide pour les Marines ». On comprend mieux alors pourquoi Bringuier et ses camarades se mettront en colère quand ils verront Oswald le 9 août 1963 distribuer des tracts pour le Fair Play for Cuba Commitee. Une dispute éclate alors entre Oswald et les trois réfugiés cubains et sont arrêtés peu après pour troubles de l’ordre public.
Une fois en prison, Oswald est interrogé, à sa demande, par un agent du FBI. A ce dernier et à l’officier de police qui l’interrogeront, il déclarera être membre de la branche locale du Fair Play for Cuba Commitee forte de 35 membres et qu’il est en contact avec le président de cette organisation un certain A.J.Hidell. En fait, Oswald semble n’avoir été que l’unique membre de cette branche et le président fantôme n’est autre que le nom d’emprunt dont il s’était servi lors de l’achat de son revolver et de son fusil au cours du premier semestre de 1963. Après avoir plaider coupable pour les charges retenues à son encontre, il est libéré et condamné à verser 10$. Cette arrestation bouleversera Oswald qui restera un temps peu actif. Mais très vite, une semaine après, il distribue à nouveau des tracts, cette fois-ci devant l’International trade mart de la Nouvelles-Orléans. A cette occasion Oswald se fait aider par un tiers et la télévision locale diffuse des images d’Oswald en action. Briguer décide alors de piéger Oswald. Il envoie au domicile de ce dernier une de ses relations se faisant passer pour un sympathisant cubain, en vue d’essayer d’obtenir des renseignements de la part d’Oswald. Mais la manoeuvre échoue car Oswald sent la ruse. C’est à ce moment là qu’un producteur de radio local entre en scène. William Stuckey a depuis longtemps l’intention d’organiser un débat entre un réfugié cubain et un membre du Fair Play for Cuba Commitee. Ayant entendu parler d’Oswald par Bringuier, il met en place l’organisation d’un débat entre Bringuier et Oswald qui a finalement lieu le 21 août 1963. Au cours de cet émission, Oswald défend le régime castriste et le marxisme. Il sera mis sur la défensive quand sa fuite vers la Russie fut évoquée au cours de l’émission. Oswald qui se conduisit bien lors des interviews et des débats, fit une bonne impression à Stuckey. Il le qualifia de personne franche et intelligente. Stuckey admit ultérieurement que l’émission marqua la fin du Fair Play for Cuba Commitee à la Nouvelle-Orléans. Ce qui laisse supposer que l’organisation se limitait en fait au seul Lee Harvey Oswald, alias A.J.Hidell, alias Lee Osborne. Oswald écrivit plusieurs fois à V.T.Lee le directeur national du Fair Play for Cuba Commitee pour lui rendre compte, souvent de manière très exagérée, de ses activités sans qu’apparemment ce dernier ne manifeste un rée l intérêt au courrier d’Oswald. Il en sera de même pour ce qui concerne le parti communiste qui adoptera une attitude analogue à son égard.
Ruth Paine arriva le 20 septembre à la Nouvelle Orléans et ramena Marina chez elle à Irving au Texas le 22 en prévision de la naissance prochaine. c’est alors qu’Oswald décida de mettre à exécution le projet dont il avait à Marina au cours du mois d’août : se rendre à Mexico avant de gagner Cuba.
 
6 - Le voyage à Mexico :

Le plan qu’avait échafaudé Oswald pour se rendre à Cuba était assez rocambolesque. Selon Marina, à l’époque où Lee lui en avait parlée, il envisageait se rendre à Mexico et de là prendre un avion qu’il détournerait ensuite vers la Havane. Quoiqu’il en soit, le 25 septembre 1963, il se rend à Mexico city après avoir obtenu un visa touristique au consulat mexicain de la Nouvelle Orléans. Avant son départ il demande à Marina ne pas faire état de ce voyage à quiconque. Elle tiendra parole et ne parlera du voyage de son de mari qu’après l’assassinat du 22 novembre 1963. Lee se rend à Mexico en bus et déclare au cours de son voyage qu’il va à Cuba via Mexico. Il ajoute qu’il est membre du Fair Play for Cuba Commitee à des touristes anglais et qu’il espère rencontrer Fidel à Cuba. Ce comportement est plutôt étrange chez Oswald d’ordinaire si peu communicatif . Hormis cette conversation il reste silencieux si ce n’est une brève aparté avec des touristes australiens qui lui demandent s’il connaît un hôtel bon marché à Mexico City. Oswald leur indique le Cuba Hotel alors qu’apparemment il n’a jamais mis les pieds dans cette ville. Arrivé à Mexico et après être descendu dans un hôtel bon marché de la ville il se rend à l’ambassade de Cuba. Sur place il s’adresse à Sivia Duran et demande un visa de transit pour Cuba avant de se rendre plus tard en Russie. Au passage, il mentionne qu’il a déjà résidé pendant 3 ans dans ce pays. Silvia Duran enregistre sa demande et celle-ci lui demande de repasser dans l’après-midi en possession des documents et des photos requis. A son retour Silvia Duran lui signifie que l’ambassade d’URSS demande un délai de 4 mois pour l’obtention du visa et qu’en l’absence de celui-ci il lui est impossible d’avoir un visa intermédiaire pour Cuba. A ce moment là, Oswald devient si nerveux qu’elle demande l’intervention du consul, Eusibio Azque. La conversation entre les deux hommes est particulièrement vive et le consul dit à Oswald que des gens comme lui desservent la révolution castriste et qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour que sa demande n’aboutisse pas . A la fin de cette entrevue orageuse, Silvia Duran communique à Oswald ses coordonnées qu’il note dans son agenda personnel pour avoir des nouvelles de son visa ultérieurement. La demande de visa est malgré tout envoyée à la Havane qui répondra en octobre que la demande serait agrée qu’une fois le visa pour l’URSS accordé. Oswald ne passera pas le moindre coup de fil et ne se souciera plus de la suite donnée à sa demande. En dehors de son passage à l’ambassade personne n’a vu Oswald en d’autre compagnie. Il déclarera à Marina avoir passé le plus clair de son temps à visiter les musées et à assister à des corridas.Dépité et bredouille il rentre à Dallas le 30 septembre 1963 non sans avoir au préalable acheté à Marina le bracelet qu’elle lui avait demandé. Il revient à Dallas par bus en établissant la réservation sous un nouveau nom d’emprunt : H.O.Lee.
 
7 - Les derniers mois avant l’assassinat du 22 novembre :

A son retour à Dallas, Oswald ne retrouve pas sa famille immédiatement. Auparavant il s’inscrit à l’agence pour l’emploi car il est retrouve à nouveau sans ressource. Après quoi il téléphone au domicile de Ruth Paine en lui demandant de venir le chercher en ville. Devant le refus de Marina qui préfère rester avec quelqu’un parlant l’anglais et le russe et ne pas le retrouver pour aller vivre en ville à nouveau avec lui , Lee rejoint le domicile des Paine en faisant de l’auto-stop. Là il se montre sous un jour bien meilleur que les dispositions qu’il affichait avant son départ à Mexico. Le 7 octobre il se remet à la recherche d’un emploi tout en décidant de quitter l’établissement de l’YMCA (Young Men’s Christian’s Association) où il s’était établi à son retour de Mexico City et trop chère pour lui. Le même jour, il finit par trouver une chambre meublée. Il y demeure chaque soir et en dehors de toutes les périodes consacrées à la recherche d’un emploi. Le vendredi de la même semaine, il signifie à sa logeuse, Madame Bledsoe, qu’il part pour le week-end rejoindre sa famille à Irving. Mais cette dernière lui dit ne plus vouloir lui louer la chambre la semaine suivante. La raison qu’elle donnera plus tard se limitera à cette déclaration : « je ne l’aimais pas !! ». A Ruth Paine qui lui donne une leçon de conduite, il déclare être découragé de ne pas trouver de travail. Toutefois, le week-end passé, il s’en retourne à Dallas espérant enfin décrocher un emploi. Après avoir récupéré ses affaires personnelles dans la chambre louée la semaine précédente par Madame Bledsoe, il loue une autre chambre sous le nom de O.H.Lee dans le quartier de North Beckley.
 

Le logement d’Oswald à North Beckley (Photo prise le 19/11/03)
 

C’est Earlene Roberts sa nouvelle logeuse qui l’accueille. Quand il ne cherche pas un emploi, Oswald passe le plus clair de son temps à lire des livres qu’il emprunte à la bibliothèque et des revues auxquelles il est abonné. Le lundi 14 octobre 1963, Ruth Paine apprend par une de ses relations qu’un emploi se libère au dépôt de livres scolaires situé à Dealey plaza. Roy Truly le super intendant de l’établissement souhaite voir Oswald avant de l’engager. Oswald fait une bonne impression à Roy Truly qui l’embauche. Oswald commence à travailler au dépôt de livres scolaires le 16 octobre. Oswald ne change rien à son comportement habituel et demeure réservé et solitaire. Son seul contact se limite à la fréquentation de Will Frazier qui, voisin de Ruth Paine, le ramène chaque vendredi à Irving. C’est le cas du vendredi 18 octobre qui est aussi le jour de son anniversaire et une petite fête est donné en l’honneur de Lee à cette occasion. Deux jours après, c’est la naissance de sa fille Rachel qui voit le jour à l’hôpital Parkland. Très heureux, Oswald rend visite à sa femme avec laquelle il passe deux bonnes heures. Mais les activités d’Oswald ne cessent pas pour autant. Le 23 octobre il assiste à un meeting conduit par le Général Walker, le même qu’Oswald aurait tenté d’assassiner dans la nuit du 6 au 7 avril dernier. Deux jours après, il assiste avec Michaël Paine à une réunion qui a lieu à l’université méthodiste du Sud et à l’initiative de l’union américaine pour les libertés civiles. A ce meeting, il est dit qu’il ne fallait pas considérer les membres de la John Birch Society (groupe d’extrême droite) comme des antisémites. Oswald intervient en déclarant qu’il avait entendu lors du meeting du 23/10/63 des propos antisémites et anti-catholiques. Plus tard dans la soirée Oswald poursuivit la discussion avec Michaël Paine et un des collègues de ce dernier. Au cours de la discussion, Oswald expose ses vues marxistes tout en admettant que dans le domaine des libertés individuelles les Etats-Unis étaient en avance par rapport à l’Union soviétique. Il insista en faisant l’éloge du Président Kennedy pour son travail dans ce domaine.

 

Le FBI était au courant de la situation des Oswald. Un procès verbal archivé dans les locaux de la police de Dallas l’atteste. L’agence fédérale savait qu’Oswald avait adhéré au Worker, était impliqué dans le Fair Play for Cuba Commitee et avait effectué un voyage à Mexico City. De plus par 2 fois le FBI se manifeste au domicile des Paine à Irving. A aucune de leurs visi tes Oswald n’était présent. Le premier passage d’un agent a lieu le 1er novembre 1963 et le second passage de deux inspecteurs cette fois-ci intervient le 5 novembre, soit 17 jours seulement avant l’assassinat de Dealey plaza. Oswald est manifestement troublé de l’intérêt que lui porte le FBI et pense que l’agence est déterminée à contrecarrer ses projets. Aussi, il écrit à l’ambassade soviétique à Washington pour la tenir informée des pressions exercées sur sa femme et lui pour les empêcher de mener à bien leur projet de retour en URSS. Car apparemment, Oswald n’a pas renoncé à son dessein qui l’a conduit à Mexico City pour demander un visa pour Cuba, étape préalable de son retour en Russie.

 

En attendant, au cours du week-end du 8 novembre Ruth Paine lui donne une deuxième leçon de conduite à Oswald en lieu et place de l’examen de conduite qui devait avoir lieu ce jour là et qui est reporté pour cause d’élections. Après avoir passé le long week-end du 8 au 11 novembre, Oswald s’en retourne à Dallas travailler. Le 17 novembre un incident survient. A la demande de Marina, Ruth Paine essaie de contacter Lee chez lui. Elle n’y parvient pas pour la bonne raison que la logeuse qui prend la communication ne connaît personne répondant au nom de Lee Harvey Oswald parmi les occupants des différentes chambres. Il est vrai qu’Oswald s’étant fait enregistré sous un nom d’emprunt, son entreprise était vouée à l’échec. Peu de temps après, Oswald téléphone à sa femme comme il en avait l’habitude et cette dernière lui fait part de la mésaventure de Ruth Paine et lui demande des explications. En lieu et place, Lee rentre dans une colère folle et lui interdit de lui téléphoner. Lui seul doit le faire si nécessaire et il lui demande avec insistance de ne plus recommencer et de ne parler à personne de cet incident. Le jeudi 21 novembre, Lee demande à Frazier de le ramener à Irving. Etonné, ce dernier lui répond que c’est jeudi. Oswald lui répond qu’il doit passer chez lui pour récupérer des tringles à rideaux pour les disposer vraisemblablement dans la chambre qu’il loue. Les deux hommes arrivent à Irving et Marina et Ruth s’étonnent de voir revenir Lee à un jour inhabituel. Il leur donne la même explication que celle fournie à Frazier. Lee essaie de faire la paix avec Marina qui se montre très peu coopérative. Elle n’a toujours pas digéré l’épisode du 17 novembre. Lee au contraire se montre prévenant et participe à toutes les tâches ménagères pour aider sa femme. Marina lui dit avoir besoin d’une machine à laver et Lee lui promet qu’il va faire son possible pour la lui acheter. Il passe un long moment à jouer sur la pelouse avec sa fille June et regarde la télévision avant d’aller se coucher vers 21 heures. Ruth Paine remarque bien à un moment que la lumière du garage est restée allumée. Elle pense que Lee a sûrement oublier de l’éteindre en allant chercher ses tringles à rideaux parmi les effets personnels des Oswald qui sont entreposés dans le garage. Cependant, ni Marina ni Ruth n’ont vu Lee à un quelconque moment dans le local. Le lendemain, Lee se réveille tôt et Marina est encore endormie. Elle ne le voit qu’avant de partir après que Lee ait disposé dans un vase son alliance et toute sa fortune. Il attend Frazier prés de son véhicule et ce dernier le questionne sur l’emballage qu’il aperçoit à l’arrière de son véhicule. Ce sont mes tringles à rideaux lui répond Lee. Frazier se souvenant de ce que Lee lui avait dit la veille et qui motivait son retour à Irving ne fut pas surpris par les propos d’Oswald. Frazier déposera ensuite Oswald à proximité du dépôt de livres scolaires avant d’aller garer son véhicule. Il verra Oswald s’éloigner tenant l’emballage à une extrémité, l’autre étant bloquée sous son épaule. Il le voit disparaître une fois l’entrée du bâtiment franchie. Il ne le reverra plus de la journée. Dans quelques heures des coups de feu éclateront au passage du cortège présidentiel et Dealey plaza sera le théâtre d’une des plus grandes tragédies de la jeune histoire des Etats-Unis d’Amérique. 

- Le séjour à la Nouvelle Orléans

Le comportement d’Oswald à la Nouvelle Orléans est déconcertant. Après avoir trouvé un emploi subalterne qui ne l’intéresse guère il reprend des activités politiques pour le moins contradictoires. Tout d’abord il essaie manifestement d’infiltrer les milieux anticastristes en prenant contact avec Carlos Bringuier responsable de l’association des étudiants cubains. Il lui fait part de ses intentions et fait valoir auprès de ce dernier de réelles capacités de lutte et d’aptitudes à organiser ou à contrer des actions de guérilla étant donné son passé de Marine. Paradoxalement, peu de temps après, il se fait remarquer en distribuant des tracts pro castristes sur la voie publique. A cette occasion, il se met bien en évidence, de façon à ce qu’on le remarque. Voilà des attitudes bien étranges et peu habituelles chez Oswald qu’on présente volontiers comme un être reclus, discret et peu communicatif. Mais Oswald n’en reste pas là. Après avoir été arrêté et très vite libéré moyennant une amende symbolique de 10$ il récidive peu après et devant les caméras de télévision cette fois-ci. Contrairement à la fois précédente, il n’est pas arrêté et un producteur de média local lui propose de participer à un débat radiophonique. A cette émission, il intervient comme représentant du mouvement Fair Play for Cuba face à un anti castriste qui n’est autre que Bringuier avec qui il était entré en contact à son arrivée à la Nouvelle Orléans. Car entre temps, Oswald a créé une section du mouvement dans cette ville qui n’a jamais compté qu’un seul membre, lui-même. Cette section disparaîtra d’ailleurs complètement au départ d’Oswald de la ville. Quel est le rôle exact d’Oswald à la Nouvelle Orléans ?

Manifestement Oswald ne s’est pas rendu dans cette ville dans le seul but de trouver un emploi. Même si la description faite par la Commission Warren est séduisante elle est peu convaincante. Elle nous dit qu’Oswald, déprimé et désespéré de ne pas trouver un emploi, éprouve le mal du pays et pense avoir plus de chance de trouver un travail correspondant à ses aptitudes dans la ville de son enfance. Touchant, un rien mélo mais peu probable. S’agissant de l’emploi finalement trouvé on ne peut pas dire qu’Oswald ait pleinement réussi dans sa quête. Au contraire on opposera que les emplois précédents d’Oswald étaient au moins aussi valorisant que celui consistant à graisser des machines dans une fabrique de la Nouvelle Orléans. Si ce n’est pas pour l’unique recherche d’un emploi il faut chercher une autre explication dans ses activités politiques. A ce propos on fera observer que c’est la seule fois de sa vie qu’Oswald déploiera une activité militante qu’on ne lui soupçonnait pas auparavant. Sa pensée politique et son engagement était jusqu’alors d’ordre intellectuel et théorique. Pourquoi donc un tel changement d’attitude ? Est-il vraiment spontané et à la seule initiative de l’intéressé ? Il est difficile de répondre très clairement à cette question.

A l’observation des faits on peut en déduire qu’Oswald cherche à infiltrer les milieux anticastristes pour mieux les déstabiliser ensuite en se mettant en évidence en pleine rue en train de distribuer des tracts d’une organisation opposée aux thèses des réfugiés castristes. Cette activité d’agitateur ne correspond pas au personnage et peut difficilement être le fruit d’un pur hasard. Un événement complémentaire vient accréditer cette thèse. L’arrestation d’Oswald et sa libération rapide alors qu’il vient de développer une activité subversive laissent perplexes. A une époque où la tension était extrême entre les Etats-Unis et Cuba, l’appartenance à un mouvement de soutien à la révolution castriste et la démonstration d’un activité militante dans ce domaine n’était pas recommandée et passible de peines plus lourdes que celle à laquelle Oswald a été condamné à savoir quelques heures de détention et 10 malheureux dollars d’amende. Un autre fait assez peu commenté ou enquêté par la Commission Warren, concerne la visite d’un agent du FBI qui viendra interroger Oswald à la demande de ce dernier lors de sa brève détention. Il est guère probable que la conversation se soit limitée à parler du voyage d’Oswald en URSS. Si Oswald avait eu des choses à dire dans ce domaine il aurait profité des occasions fournies lors des rencontres précédentes avec des représentants de l’agence fédérale à Dallas. Cette rencontre était-elle alors convenue ? Extravagant ? Pure invention ? Pas si sûr ? 

Quittons le champ des suppositions et revenons en aux faits. Marina déclare que son mari quelque peu secoué par son arrestation avait décidé de mettre pour un temps ses activités militantes entre parenthèses. Admettons. On observera qu’il ne faut que quelques jours à Oswald pour se remettre de sa mésaventure et qu’il repart de plus belle dans ses activités subversives. En revanche, point d’arrestation cette fois-ci, alors que la télévision le filme en plein effort. Récidiviste, logiquement et en toute rigueur il aurait du être arrêté et condamné à une peine plus lourde que la fois précédente. Il n’en est rien et on lui fournit même l’occasion de se mettre encore davantage en valeur, en participant à une émission radiophonique. Aussi, le plus naturellement du monde, il continue son entreprise de déstabilisation de la réaction anticastriste en développant les thèses du Fair Play for Cuba Commitee sans en référer d’ailleurs au bureau national du mouvement. Rappelons qu’Oswald avait créé cette antenne à la Nouvelle Orléans de sa propre initiative. Lors de ce débat il se montrera habile évitant de perdre son sang froid même s’il est un temps un peu déstabilisé lorsque son passage en URSS est évoqué. La qualité de son intervention laisse à penser que l’intervention était préparée et que le contenu des déclarations avait été soigneusement mis au point. Le producteur responsable de l’émission fut d’ailleurs agréablement surpris par le comportement d’Oswald et par la tenue de ses propos.

Pour toutes ces raisons il est difficile de croire que tous ces événements aient été à la seule initiative d’Oswald. Les indices décelés à l’examen des faits exposés plus haut portent à croire qu’Oswald était, à son insu pour le moins ou de son plein gré, en mission à la Nouvelle Orléans. La bienveillance dont a fait preuve le FBI vis à vis d’Oswald, après sa libération, laisse supposer qu’elle le contrôlait ou qu’elle s’en servait. La déstabilisation de toute organisation anticastriste sur le sol américain présentait un certain intérêt, dans la mesure où de tels groupuscules pouvaient par leurs agissements, être un frein au début de réchauffement des relations américano-soviétiques. N’oublions pas que Kennedy venait de rencontrer Khroutchev à Vienne et que porter atteinte à l’intégrité d’un état satellite (Cuba) par l’activité débordante d’organisations anti-castristes, risquait de remettre en cause un processus encore fragile. C’est la raison pour laquelle les agissements d’Oswald présentait un réel intérêt.
Après l’émission, Oswald ne s’attarde guère à la Nouvelle Orléans. Toutefois, il semble qu’il n’ait pas rejoint sa famille à Dallas immédiatement et qu’il ait fait un crochet à Mexico-City.
 

- Le séjour à Mexico :

Nous avons vu plus haut qu’Oswald aurait parlé pour la première fois de son voyage à Mexico City à sa femme Marina dans le courant du mois d’août. Il lui aurait fait part à cette occasion de son intention de rejoindre Cuba de là bas avant de gagner l’Union soviétique ultérieurement. Le scénario semble crédible et possible de la part de quelqu’un qui est déjà passé une première fois à l’Est. Pour plus de sécurité, Oswald demande même à son épouse de parler à personne de son voyage au Mexique. Quelque soit le réel motif de son voyage, on comprend aisément que se préparant à une nouvelle défection il n’en fasse pas de la publicité autour de lui. Aussi on ne comprend pas l’attitude d’Oswald quand au cours de son voyage il fait part de ses intentions de se rendre à Cuba avant de rejoindre l’URSS. Pour quelqu’un qui d’ordinaire est avare de ses propos et peu communicatif, l’attitude a de quoi surprendre. Ceci d’autant plus qu’il vient de faire part à sa femme de recommandations de discrétion bien compréhensible. Alors pourquoi agit-il de la sorte ? S’il avait voulu se faire remarquer, il faut bien convenir qu’il ne s’y serait pas pris autrement. A cette étrangeté, nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses tant les informations dont on dispose sur Oswald à ce moment là sont limitées : 

- soit des gens ont confondu Oswald avec quelqu’un d’autre qui avait une certaine ressemblance avec ce dernier. Après tout c’est possible et Oswald ne serait pas le premier à avoir un sosie. Là encore ce n’est pas le fruit de l’imagination, mais la différence d’attitude par rapport au personnage habituel d’Oswald qui le suggère ; - soit Oswald en déclarant ses intentions, cherchait à masquer une mission d’une toute autre nature dans la capitale mexicaine ;

- soit quelqu’un lui ressemblant avait pour mission de se faire remarquer dans le but de compromettre Oswald.

Des trois hypothèses évoquées seule les deux premières paraissent recevables. En effet si quelqu’un avait l’intention de se faire passer pour Oswald et le compromettre dans l’attentat à venir contre le Président Kennedy, c’est à Dallas qu’il l’aurait fait et non pas à Mexico City. On peut donc presque rejeter catégoriquement la dernière hypothèse. Pour ce qui concerne les deux autres suppositions il est plus délicat de trancher. Si la différence d’attitude d’Oswald interpelle au point d’imaginer que des personnes bien intentionnées aient cru voir Oswald alors qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre, il faut bien reconnaître que les éléments dont nous disposons pour étayer une telle hypothèse sont bien minces. Il reste donc l’hypothèse selon laquelle Oswald avait une autre mission à Mexico que celle qu’il avait bien voulu révéler à sa femme.

Revenons sur la mission avouée d’Oswald consistant à obtenir un visa pour la Havane avant de se rendre en URSS. Oswald se rend donc confiant à l’ambassade de Cuba où il espère obtenir rapidement et facilement le précieux document. Après tout il a toutes les raisons du monde d’être confiant. N’a-t-il pas obtenu 3 ans plus tôt en 2 jours un visa pour se rendre en Union soviétique. Aussi les quelques jours qu’il a prévu de passer à Mexico doivent suffire. Aussi, Oswald a de quoi être surpris quand il voit la tournure que prennent les événements et en particulier quand on lui annonce qu’il lui faut obtenir un visa russe avant de se rendre à la Havane et que 4 mois sont nécessaires. Surpris, Oswald se met en colère et une vive discussion s’en suit avec le consul de l’ambassade. Encore une fois, au risque de se répéter on reste dubitatif face à l’attitude d’Oswald. Comment oublier un tel individu après un « show » si peu discret. Mais peut-être était-ce le but pour masquer une autre facette de la venue d’Oswald à Mexico ? Car en dehors de sa venue à l’ambassade de Cuba on sait rien, du moins pour le commun des mortels, de l’emploi de Lee Harvey Oswald à Mexico City. Il aurait occupé son temps à visiter des musées et à assister à des corridas. Pourquoi pas. On objectera toutefois que personne ne peut témoigner sur l’emploi du temps complet d’Oswald pendant son séjour à Mexico. Il a très bien pu rencontrer discrètement et en l’absence de regards indiscrets d’autres personnes ayant un lien avec l’assassinat à venir. Car on ne peut pas raisonnablement exclure l’hypothèse selon laquelle Oswald venait à Mexico City dans le cadre de l’assassinat pour y rencontrer des complices ou des individus plus ou moins impliqués dans ce projet. Autrement, il avait bien mieux à faire en restant au Texas à s’activer à la préparation de l’attentat surtout s’il se trouvai être l’unique assassin comme l’a prétendu par la suite la Commission Warren. Rappelons qu’Oswald aurait été à l’origine de la tentative d’attentat calamiteuse à l’encontre du Général Walker et que dans ces conditions il devait tout particulièrement préparer un attenta autrement plus délicat techniquement. Ce qui veut dire un entraînement au tir régulier et un repérage des lieux. Or ce n’est visiblement pas ce qu’il est venu faire à Mexico City.

Bien des éléments portent à croire qu’Oswald est venu à Mexico dans un double but. Le premier connu de tous consistait à y établir une demande de visa ce qui semble être une activité annexe pour mieux en cacher une autre. Car comment expliquer le fait qu’Oswald ne cherchera jamais à contacter Silvia Duran pour avoir des nouvelles de son visa et comme cette dernière le lui avait proposée en lui donnant ses coordonnées. Pour quelqu’un de déterminé à quitter son pays, comme on l’a prétendu par la suite, l’attitude est pour le moins étrange. Restons en là pour l’épisode mexicain et venons en maintenant à l’examen des faits et gestes d’Oswald de retour à Dallas 2 mois avant l’attentat.


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