JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

Le trajet du cortège présidentiel - Les mythes et la réalité

par Pierre NAU

Le trajet du défilé présidentiel a toujours été l’objet de vives polémiques. L’hypothèse la plus communément avancée est celle consistant à dire que le cortège devait initialement emprunter Main Street sans faire le crochet par Houston street et par Elm. De cette façon, la limousine ne serait pas passée au pied du Texas School Book Depository provoquant ainsi un ralentissement du cortège proche de l’arrêt et donc propice à la réussite d’un tir. C’est ce que Jim Garrisson avança au cours de son enquête, voyant par là l’intervention directe des organismes gouvernementaux. En effet seule une agence gouvernementale était en mesure d’opérer un tel changement. En réalité l’hypotèse de Garrisson ne résiste pas à l’analyse des faits et il faut bien admettre que sur ce point, il s’est complètement trompé.


L’erreur de Garrisson à propos du changement de trajet vient de la lecture que l’on peut faire des coupures de presse de l’époque détaillant le trajet du cortège. Sur le schéma ci-contre entre Main et le Triple Underpass le crochet par Houston Elm street est absent. La tentation est alors grande d’en conclure que l’on a modifié le trajet au dernier moment pour faire passer la limousine au pied du Texas School Book Depository et non loin du Grassy Knoll pour faciliter la tâche des tireurs. Mais si le schéma est grossier et fait cette omission l’article qui accompagnait ce croquis est lui beaucoup plus explicite.


Le détail du trajet paru dans le Dallas morning news fait mention du crochet par Elm street. Toute la polémique autour du trajet vient de cette imprécision "fâcheuse" sur le schéma. Il était donc impératif de lire l’article ce que certains et non des moindres ont semble-t-il négligé de faire. De toute façon ce point est accessoire et ne permet pas de rejeter l’hypothèse du complot au contraire. Une conspiration organisée n’aurait pas pris le risque de se lancer dans une telle entreprise sans être certaine longtemps à l’avance de l’itinéraire emprunté pour préparer minutieusement l’attentat. Ce que l’on peut dire en revanche c’est que les services officiels ont pris un risque lourd de conséquences en faisant passer le cortège par Dealey Plaza où la sécurité était difficile à assurer.

2-Pertinence du choix de l’itinéraire :

On peut toujours s’interroger à postériori de la pertinence du choix d’un itinéraire surtout quand un drame s’est produit. Sans faire pour autant un procès d’intention aux organisateurs et sachant que le risque "zéro" n’existe pas, le crochet par Elm s’imposait-il et n’a-t-on pas fait prendre au Président un risque qui lui a été fatal en le faisant passer au pied du Texas School Book Depository et face au Grassy Knoll (monticule herbeux se trouvant à quelques longueurs et à l’avant de la limousine) ? Le débat reste ouvert et les questions suivantes
méritent d’être posées :

- Fallait-il faire passer impérativement le cortège par Elm street pour rejoindre le Trade Mart ?

 En quoi Dealey Plaza constituait-elle un endroit plus vulnérable qu’un autre ?

 Dans l’hypothèse d’une conspiration agissante, pourquoi son choix se serait-il porté sur Dealey Plaza pour commettre l’attentat ?

1 - Fallait-il faire passer impérativement le cortège par Elm street pour rejoindre le Trade Mart ?

A la simple observation du réseau routier sur un plan de la ville, la façon la plus simple de se rendre au Trade Mart était de passer par l’itinéraire emprunté par le défilé présidentiel le 22 Novembre 1963. Etait-ce pour autant nécessaire de faire venir le cortège par Houston Street et l’obliger à faire un quasi demi-tour avant de s’engager dans Elm street ? Non bien sûr. Il exitait une autre solution. Trois rues convergent vers Dealey Plaza et sont paralèlles entre elles :

 Main street,

 Elm street,

 Commerce street.
La seule façon de ne pas ralentir le cortège aurait été de suivre Elm street. Il faut garder en mémoire que la voiture après s’être pratiquement arrêté alors qu’elle quittait Houston street pour s’engager dans Elm street n’allait pas à plus de 17 Km/h. En évitant ce virage à plus de 150°, la vitesse du véhicule n’aurait pas chuté à ce point et serait restée constante. Ceci d’autant plus que le terme du défilé était proche une fois le Triple Underpass franchi et que la foule était plutôt clairsemée le long d’Elm street.
Pour éviter ce ralentissement un changement d’itinéraire était nécessaire dès que la limousine aurait atteint le centre ville après avoir traversé les faubourgs de la ville.

Solution 1 :

En empruntant Elm street à son début et non Main street, le chemin vers le triple underpass était plus direct. La vitesse de la limousine aurait été constante, en passant au pied du Texas School Book Depository. La tache du tireur unique aurait été plus délicate puisque dans ce cas, il ne profitait pas de la décélération occasionnée par le virage à 120° sur la gauche de Houston dans Elm street.
C’était également le chemin le plus direct pour emprunter la bretelle de Stemmons, une fois le viaduc du chemin de fer dépassé.
Toutefois, Elm street ne fut pas jugé suffisante pour accueillir l’ensemble des gens susceptibles de se rendre sur place pour admirer le Président et sa femme. Cette solution fut donc abandonnée.

Solution 2 :

En poursuivant dans Main street vers le viaduc de chemin de fer, sans virer à droite dans Houston street, la manœuvre était quasi impossible.
Dans l’absolu, au pris d’une manœuvre délicate ou d’aménagements spéciaux, il était envisageable de rejoindre la bretelle de Stemmons depuis Main street, pour se rendre ensuite au Trade Mart par l’autoroute.
. Sur le schéma ci-contre, l’itinéraire orange aurait été alors obligatoire pour rejoindre l’autoroute de Stemmons à laquelle on accède directement en empruntant l’itinéraire bleu, celui emprunté par le cortège le 22 Novembre 1963. Cette solution délicate, contraire au code de la route aurait ralenti le cortège, de la même façon. Faire une entorse code de la route était possible. Eviter le ralentissement de la limousine ne l’était pas, même si certains avancent que la vulnérabilité du cortège aurait été moindre, vu les possibilités de cache réduite pour un tireur. Outre les difficultés évoquées, cette solution obligeait également les autorités à interdire l’accès de la ville par 2 artères principales. En toute logique, elle ne fut donc pas retenue.
La géométrie du réseau routier n’a pas changé. Quand on se rend sur place aujourd’hui, on prend bien la mesure de la difficulté évoquée précédemment.

La bretelle de la Stemmons freeway empruntée par la limousine se trouve à la droite du véhicule noir sur la photo. Notez jusqu’où la "banane" de séparation se prolonge et la difficulté représentée par la manœuvre qu’aurait du faire la limousine, venant de Main street, pour revenir sur ses pas et emprunter la bretelle de Stemmons.

2 - En quoi Dealey Plaza constituait-elle un endroit plus vulnérable qu’un autre ?

Dealey Plaza était le seul endroit du trajet offrant un espace aussi vaste où un ou plusieurs titreurs pouvaient se cacher tout en ayant le recul et la profondeur de champ nécessaires à la réussite de leur entreprise. L’étendue de ce point du parcours rendait difficile sa protection. Par ailleurs, la limousine présidentielle devait considérablement réduire sa vitesse en 2 endroits :

 à l’angle de Main Street et de Houston street ;

 au coin de Houston street et de Elm street.
En fin le cortège devait passer sous un pont de chemin de fer, à partir duquel un geste malveillant pouvait être aisément commis et de cet endroit la voiture présidentielle, se déplaçant à faible vitesse, était visible pendant un long moment par l’observateur animé de bonnes ou de mauvaises intentions. Cette remarque vaut également, dans une moindre mesure il est vrai, pour quelqu’un posté au sommet du Grassy Knoll. Ce n’est pas sans raison qu’Abrham Zapruder avait finalement opté pour un point de cette zone pour prendre son film.
La protection et la sécurisation deDealey Plaza était donc possible mais difficile à réaliser. L’objectif ne pouvait être atteint que si l’on remplissait préalablement les conditions suivantes :

 Exiger la fermeture de toutes les fenêtres des immeubles donnant sur cette
vaste place et où un tireur pouvait s’embusquer ;

 Poster des membres des services secrets en civil au sommet du Grassy Knoll et du Triple underpass ;

 Mettre en place des membres chargés de la sécurité au sommet de tous les immeubles donnant sur la place ;

 Procéder à la fouille minutieuse de ces mêmes bâtiments et en interdire l’accès ou la sortie, sauf en cas d’urgence dans l’heure précédent l’arrivée du cortège.
Force est de constater que toutes ces mesures, élémentaires pourtant, n’ont pas été prises, loin s’en faut.
Pour le moins la vulnérabilité de cette partie du trajet n’a pas été suffisamment prise en compte.L’absence, officiellement reconnue de membres des Services Secrets au sommet du Grassy Knoll par exemple a de quoi surprendre. Enfin confier cette mission délicate aux seuls organismes locaux fut une erreur lourde de conséquences.

3 - Dans l’hypothèse d’une conspiration agissante, pourquoi son choix se serait-il porté sur Dealey Plaza pour commettre l’attentat ?

Outre les points faibles évoqués plus haut, Dealey Plaza offrait des avantages certains pour qu’une conspiration soit en mesure d’agir dans de bonnes conditions et avec de bonnes chances de réussite.La topographie de l’endroit, l’espace, la profondeur de champ et la présence d’immeubles élevés et de points
stratégiques (Grassy Knoll), disponibles sur cette place faisait de Dealey Plaza le seul endroit où il était possible d’envisager :

 un tir croisé mettant en scène plusieurs tireurs ;

 une vue sur le cortège pendant un long moment sans avoir à se déplacer et où l’observation de tous les évènements intervenant à l’intérieur du cortège et de la limousine était facilitée ;

 la mise en place de guetteurs au points stratégiques permettant la coordination de l’action des tireurs ;

 le ralentissement de la limousine permettant à ces mêmes tireurs d’ajuster une cible se déplaçant à faible allure ;

 la cache de plusieurs équipes de tir difficiles à détecter ;

 la proximité de voies ferrées et d’autoroutes dans l’environnement du Texas Scholl Book Depository et du Grassy Knoll offrait des possibilités de fuite aux membres de la conspiration avant que les forces de l’ordre et les responsables de la sécurité, en nombre insuffisant par ailleurs n’ait commencé à réagir de manière coordonnée et efficace.

Enfin le passage sur Dealey Plaza intervenait à la fin du parcours à un moment ou la vigilance des membres chargés de la sécurité rapprochée du Président commencait à s’emousser. Mis en confiance par le franc succès rencontré par le défilé et sachant que le Trade Mart, le lieu du banquet, était tout proche leur relatif relachement était humain.
C’est la seule explication que l’on peut trouver à leur apparente apathie au moment des coups de feu où seul Clinton Hill réagira de manière professionnelle en se précipitant vers la limousine.
Evoquer la surprise pour expliquer leur manque de réaction est à la fois peu probable et insultant pour des professionnels de cette valeur et scrupuleusement sélectionnés.

3 - Conclusions :

Une éventuelle conspiration n’était pas sans ignorer tous ces éléments. Voyant tous les avantages offerts par les lieux et confortée dans son idée par les manquements des responsables de la sécurité les jours précédents la venue du Président et le 22 Novembre, elle ne pouvait rêver meilleures conditions.
Parfaitement au courant de l’itinéraire suffisamment à l’avance, elle disposait du temps nécessaire pour préparer minutieusement son coup. A contrario, un changement de dernière minute aurait été un handicap pratiquement rédhibitoire. Nul doute qu’en pareil cas, une conspiration composée de professionnels aguerris aurait différé son entreprise.

Pour toutes ces raisons l’hypothèse avancée par Jim Garrisson ne peut être retenue. Ceci d’autant plus qu’elle est contredite par les preuves matérielles à disposition (coupures de presse de l’époque). En revanche l’erreur commise aura bel et bien été de publier trop longtemps à l’avance le parcours présidentiel. A n’en pas douter, cette publication ne pouvait qu’aider les membres d’une conspiration dans la mise en oeuvre de son crime.


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