JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

A la découverte du Mannlicher Carcano

Le Mannlicher Carcano dans les moindres détails.


par Pierre NAU

Au mois de mars 2008, à Canterbury, le chercheur britannique Ian Griggs présentait un Mannlicher Carcano, réplique de celui d’Oswald, équipé d’une lunette de visée analogue. L’occasion était ainsi donnée d’observer, de toucher et de manipuler l’arme. C’était un moment fort et particulier, surtout après l’avoir regardée au travers de documents, ouvrages ou pages sur INTERNET pendant des années.

Conditionnement :
 

Ian Griggs avait eu la bonne idée de disposer l’arme démontée dans un sac en papier, identique à celui répertorié comme Commission Exhibit n°142 de la Commission Warren.
Avant de procéder au remontage de l’arme, l’opportunité était donnée de confronter les déclarations de Bull Wesley Frazier et de sa soeur Linnie Mae Randle, les deux seules personnes à avoir vu Oswald transporter un long paquet le matin du 22 novembre 1963, à Irving, dans la banlieue de Dallas.

Rappelons que Oswald s’y était rendu la veille de l’attentat, un jeudi, alors qu’il avait l’habitude d’y aller chaque vendredi, une fois la fin de la semaine de travail achevée. A Bull Wesley Frazier qui avait l’habitude de le prendre en voiture au début et à la fin de la semaine et qui s’étonnait qu’Oswald lui demande de le conduire à Irving un jour plus tôt, Oswald vait répondu : "je dois récupérer des tringles à rideaux pour ma chambre". Frazier ne fut pas étonné de sa réponse, étant donné qu’Oswald demeurait à Oak Cliff la semaine, dans une chambre qu’il louait au 1026 North Beckley.

Le matin du 22 novembre, de la fenêtre de sa cuisine, Linnie Mae Randle est la première à voir Oswald avec un paquet à la main. Voici ce qu’elle dit, le 23 novembre au FBI :

 

RANDLE stated that about 7:15 a.m., November 22, 1963, she looked out of a window of her residence and observed LEE HARVEY OSWALD walking up her driveway and saw him put a long brown package, approximately 3 feet by 6 inches, in the back seat area of WESLEY FRAZIER’s 1954 black Chevrolet four door automobile. Thereafter, she observed OSWALD walk to the front, or entrance area, of her residence where he waited for FRAZIER to come out of the house and give him a ride to work.

Traduction :
Randle a déclaré qu’à 7h15 environ, le 22 novembre 1963, elle avait regardé par la fenêtre de sa résidence et observé Oswald en train de marcher dans son allée et disposer un long paquet brun d’environ 3 pieds 6 pouces sur le siège arrière de la Chevrolet 4 portes modèle 1954 noire de Wesley Frazier. Après quoi, elle avait observé Oswald marcher vers le devant ou la zone de l’entrée de sa résidence, où il avait attendu que Frazier sorte de chez lui et le conduise à son travail.

De son côté, son frère Bull déclare le jour de l’attentat :
 

Before I got in the car, I glanced in the back seat, and saw a big sack. It must have been about 2’ long, and the top of the sack was sort of folded up, and the rest of the sack had been kind of folded under. I asked Lee what was in the sack, and he said "curtain rods", and I remembered that he had told me the day before that he was going to bring some curtain rods.

Traduction :
Avant d’entrer dans la voiture, j’ai jeté un coup d’oeil vers la banquette arrière et j’ai vu un grand sac brun.Il devait mesurer 2 pieds environ, le sommet du sac était en quelque sorte resserré et le reste du sac était comme plié. J’ai demandé à Lee ce qu’il y avait dans le sac, il m’a dit dit "des tringles à rideaux" et je me suis souvenu qu’il m’avait dit la veille qu’il allait récupérer des tringles à rideaux.

Des déclarations de Frazier et de sa soeur qui précèdent, on peut imaginer qu’un tel sac ait pu contenir un Mannilicher Carcano démonté.

Par contre, les déclarations de Frazier relatives à la façon dont Oswald portait le paquet alors qu’il se rendait au Texas School Book Depository, une fois sur place vers 8 heures le 22 novembre 1963 posent problème.
Une fois sa voiture garée à un bloc et demi de l’entrée arrière du Texas School Book Depository, Oswald était descendu, avait récupéré le sac et s’était rendu immédiatement dans le bâtiment. Pendant ce temps, Frazier était resté quelques temps dans sa voiture et avait laissé tourner le moteur pour permettre à la batterie de se recharger et ne pas avoir de surprises à la fin de la journée, au moment de rentrer chez sa soeur Linnie à Irving.
Quelques instants plus tard, Frazier s’était rendu à son tour au Texas School Book Depository et avait observé Oswald qui le précédait.
Oswald tenait une des extrémité du sac dans le creux de la main, tandis que l’autre était sous l’épaule coincée dans l’aisselle. Rien ne dépassait de donc de l’épaule. C’est ce qu’a soutenu avec force Frazier devant la Commission Warren et il n’est jamais revenu sur cette déclaration.

L’occasion était trop belle. Il ne fallait pas manquer l’opportunité de vérifier les propos de Frazier par l’expérience. C’est ce que je demandais à Ian Griggs. L’image parle d’elle-même.

 




Malgré tous mes efforts et les encouragements de mes collègues, ce qui provoqua un fou-rire général, il était impossible de glisser l’extrémité du sac sous l’épaule.
Le sommet du sac contenant l’arme démontée arrive au niveau de ma tête. Je mesure 1,79 m, alors qu’Oswald ne faisait qu’1,72m. Ce qui est vrai dans le cas présent l’était à fortiori pour Oswald.

De plus, il n’est pas possible que Frazier n’ait pas remarqué le dépassement de l’arme.
On comprend mieux alors pourquoi il a toujours défendu avec force que le paquet que transportait Oswald ne dépassait pas, en dépit des efforts répétés de ce qui l’interrogeaient pour lui faire dire le contraire.

Don Roberdeau avait fait la même observation à l’aide d’un schéma à cette page sur son site. Cette petite expérimentation n’avait pour but que d’enfoncer le clou.

Pour s’en convaincre, il suffit d’isoler la partie la plus longue de l’arme (l’affût en bois qui supporte le canon), celle qui dimensionne la taille du paquet.
 

On se rend compte alors que la dimension interdit à elle-seule de la disposer de la façon décrite par Frazier.

La conclusion s’impose d’elle même. Oswald n’a pas pu transporter l’arme démontée de la façon décrite par Frazier.
Dans ces conditions :

 soit il s’est trompé,

 soit Oswald transportait autre chose dans ce sac.
Que Frazier se soit trompé paraît difficile à admettre tant les mages parlent d’elle-même. Par ailleurs il a pu l’observer quelques temps. Il ne s’agit pas d’un simple coup d’oeil. Malheureusement, personne hormis Frazier à l’intérieur du bâtiment n’a vu Oswald entrer avec un paquet ce matin là. Il est impossible de vérifier ou de recouper ses déclarations.
Qu’Oswald ait transporté autre chose que le fusil démonté paraît être l’hypothèse la plus probable. Outre les images tendant à le démontrer, la difficulté présentée pour remonter l’arme dans une période de temps restreinte le suggère fortement. C’est ce que je crois personnellement. Oswald a très certainement emporter l’arme au TSBD lors de ses allées et venues précédentes. Je le développe dans mes deux ouvrages.


Les éléments constitutifs de l’arme :

 

L’affût de canon
Le canon de l’arme et la lunette de visée de grossissement 4 fixée dessus.
Le pontet à l’intérieur duquel vient se loger la queue de détente, une fois le montage réalisé.
Pièces complémentaires et visseries.

Remontage de l’arme :

 



Contrairement à d’autres armes du même type, le remontage du Mannlicher Carcano n’est pas très aisé. Il faut impérativement un tournevis pour procéder à l’assemblage de certaines pièces. Par ailleurs, l’ajustage avant assemblage n’est des plus faciles. Il faut une grande habitude pour bien mettre en place la petite pièce de bois située au bout de l’affut principal en bois et disposer les anneaux de liaison affût-canon qui servent de liaison à l’ensemble. Bien que familier de l’arme qui lui appartient, Ian Griggs a du s’y reprendre à trois fois pour trouver le bon ajustement.

Chargeurs et munitions :
 

 
Les munitions utilisées pour le Mannlicher Carcano sont des cartouches contenant des balles de calibre 6,5 mm. La balle est de type "full metal jacket" et se compose principalement d’un mélange de plomb et d’antimoine pour le corps recouvert d’une pellicule de cuivre.

Les cartouches se rangent à l’intérieur d’un chargeur qui peut en contenir 6. Un chargeur plein se présente ainsi :

Dans le cas d’Oswald, les choses étaient un peu différente. Au moment où l’arme fut découverte par les détectives accourus au cinquième étage du dépôt de livres scolaires, une cartouche demeurait encore à l’intérieur du chargeur. Si l’on ajoute les 3 coups de feu tirés, un total de 4 cartouches se trouvait dans le chargeur, au moment où Oswald allait faire feu sur le cortège. Dans ces conditions, le chargeur utilisé par Oswald ce jour là se présentait ainsi :

Vu de dessus
Vu de 3/4 face

La mise en place du chargeur est moins aisée dans ces conditions que dans le cas d’un chargeur plein, compte tenu de la mobilité des cartouches à l’intérieur de ce dernier. Toutefois, cette contraire n’était pas complètement rédhibitoire pour Oswald.
Une autre particularité de l’arme réside dans le mode opératoire utilisé pour la mise en place du chargeur. Celle-ci s’opère par le dessus :

On comprend alors pourquoi le montage de la lunette de visée se fait par l’intermédiaire d’un support qui décale celle-ci vers la gauche par rapport à l’axe du canon, pour permettre l’opération de chargement.
Après quoi, l’arme peut être approvisionnée, armée avant de faire feu.
Mais pour ce dernier point, il faut un "range" ou champ de tir pour le faire et disposer d’une arme non dénaturée comme celle de Ian Griggs et comme le veut la légilation de son pays pour être détenue par un particulier.
Cela dit, la seule prise en main de l’arme complétée de la manoeuvre du levier d’armement de la culasse mobile permet de se familiariser avec l’arme et d’en vérifier la maniabilité du mécanisme et d’apprécier la facilité de prise en mains de la carabine.

Ainsi s’achevait la présentation de l’arme avant que ne débutent les échanges d’impression de l’assemblée.

 


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