L’étude d’un tel domaine peut paraître superflu si l’on s’en tient aux conclusions de la Commission Warren. S’il existe un point de son enquête où elle n’a pas exprimé le moindre doute c’est bien celui traitant de l’origine et du nombre de coups de feu. Cette assurance est surprenante si l’on considère les avis divergents entre la Commission et l’une des deux agences fédérales chargée de l’aider dans son enquête. Car si il y avait bien consensus sur le nombre de coups de feu (3 au total) les conclusions différaient sur les buts atteints par les divers projectiles et sur la nature des blessures causées par les balles. <a href=’index.php ?
Avant d’aller plus loin dans l’analyse des faits, il est important de revenir sur les conclusions balistiques des deux organismes qui ont été chargés officiellement de l’enquête à savoir :
• La Commission Warren en 1963
• Le HSCA (commission sénatoriale) en 1978.
1 - La conclusion de la Commission Warren
Pour la Commission Warren l’étude balistique peut être synthétisée comme suit :
Tireur :
Lee Harvey Oswald
Arme :
Mannlicher Carcano
Nombre de coups de feu :
3
Origine :
Tous les coups de feu proviennent de la fenêtre Est du Texas School books Depository.
1er coup de feu :
Manque la limousine et ricoche sur le rebord du trottoir de Main street et un fragment de béton blesse James Tague sur la joue.
Le 2ème coup de feu :
La balle atteint le Président dans le dos entre la colonne vertébrale et la partie inférieure gauche de l’omoplate droit. Ressortant par la gorge de JFK, la balle atteint le Gouverneur Connally dans le dos puis ressort de la poitrine avant de traverser et de fracturer le poignet droit pour se loger définitivement dans la cuisse gauche du gouverneur.
Le 3ème coup de feu :
Le troisième coup de feu est fatal au Président. La balle l’atteint à la tête en pénétrant par l’arrière droit du crâne avant de ressortir au niveau de la tempe droite. La balle fait exploser la partie supérieure droite de la boîte cranienne du Président et une part importante de la matière cervicale est détruite.
Nota : La séquence des coups de feu replacée dans l’environnement de Dealey Plaza peut être visualisée <a href=’index.php ?module=Pages&func=display&pageid=44’>Voir ici
Commentaires :
Le premier coup de feu est le seul sur lequel aucun commentaire ne peut être fait. Tout le monde semble d’accord pour convenir de sa provenance et de son échec renforcé par la blessure de James Tague. Ce dernier se trouvait à un emplacement correspondant à la trajectoire de la première balle. Heureusement pour ce dernier, le projectile frappera la bordure du trottoir et seul un éclat de matériau l’atteindra à la joue en le blessant superficiellement.
En revanche l’explication donnée sur la balistique des deux autres coups de feu est beaucoup moins convaincante.
a) Le deuxième coup de feu ou la balle unique ou "magique" :
Depuis plus de quatre décennies, le deuxième coup de feu est l’objet de toutes les controverses. Cette situation vient du fait que la Commission Warren à l’origine devait expliquer toutes les blessures subies par le Président et le Gouverneur à l’aide des deux seules balles restantes tirées par l’assassin présumé : Lee Harvey Oswald. C’est ainsi qu’est née la théorie de la balle magique imaginée et défendue par Arlen Specter, un des membres de la Comission Warren. Le qualificatif de "magique" attribué à cette balle tient à deux raisons principales :
• sa trajectoire peu banale,
• le peu de dégât qu’elle a subi après avoir traversé autant de tissus et brisé un os.
A l’examen visuel de cette balle, il faut dire qu’il y a de quoi être surpris, tant les photos parlent d’elles même. Jugez en par vous-même.
Balle intacte dans son étui.
Etat de la balle "magique" retrouvée sur un brancard à l’hôpital Parkland.
• La trajectoire :
L’explication donnée pour expliquer la trajectoire de la balle magique est la suivante : Entrée par l’arrière du cou, la balle est ressortie par la gorge sectionnant, le nœud de cravate. La séquence est illustrée sur le schéma suivant :
Le problème est que le schéma ci-dessus contredit non seulement les clichés de l’autopsie mais aussi le schéma exécuté par le docteur Humes qui pratiqua l’autopsie à Bethesda. Sur son croquis, il situe l’entrée de la balle légèrement à droite de la colonne vertébrale mais surtout à 15 cm en dessous de l’endroit figurant sur cette illustration. Si la Commission Warren est excusable pour les photos dont elles ne disposaient pas, elle est impardonnable pour cette erreur dans la mesure où elle avait les croquis du Docteur Humes.
Cerclé de rouge sur le croquis de dessus l’orifice dans le dos noté par le docteur Humes. La différence du niveau d’entrée de la balle par rapport à celui figurant sur l’image de gauche est frappante.
Mais peut-être avait-elle besoin pour la restitution de sa trajectoire de "corriger" le trajet du projectile. Peut-être le schéma de gauche a été conçu avant la théorie de la balle magique imaginée par Arlen Specter.
Pour ce dernier l’explication est simple. La balle est bien entrée à l’endroit mentionné par le Docteur Humes, mais déviée par les tissus elle est ressortie par la gorge en incurvant sa trajectoire vers le haut. Surprenant mais après tout pas complètement impossible. L’inconvénient de cette hypothèse est qu’elle n’est pas démontrée. En effet seul un sondage de l’orifice d’entrée dans le dos aurait permis de savoir si il débouchait au niveau de la gorge. C’est ce qu’avait voulu faire le Docteur Humes au moment de l’autopsie, mais on l’en empêcha prétextant que cet examen était inutile.Le plus étonnant fut que cette injonction vint d’un général qui assistait à l’autopsie et qui n’avait aucune compétence en médecine médico légale. Excédé il finira par lâcher à un moment : "Qui commande ici ?".
Il s’entendra dire par le même personnage : "C’est moi". Etonnant !!
Son témoignage devant la Commission Warren est instructif, mais ne fait malheureusement pas état de l’ambiance qui régnait dans la salle où était pratiquée l’autopsie. C’est son assistant qui, plus tard et sous serment, fera part de l’incident. Voir le témoignage de l’assistant du Docteur Humes lors du procès de Clay Shaw.
Le docteur Humes eut cependant le temps de faire pénétrer son index à l’intérieur pour s’apercevoir que le trou n’était profond que de quelques centimètres. Si ce dernier n’allait pas plus loin, la balle pouvait difficilement ressortir par la gorge. C’était une raison supplémentaire de faire un examen plus complet pour s’en assurer. Si l’examen avait confirmé l’impression première du praticien, il fallait bien admettre qu’une autre balle avait atteint le président à la gorge. Si cette dernière ne provenait pas de l’orifice découvert dans le dos du Président, la balle était donc entrée par l’avant du cou. C’était d’ailleurs l’impression des médecins de Dallas qui avaient soigné le Président.
La théorie de la balle magique n’est donc pas vérifiée par l’examen clinique qui aurait du être fait au cours de l’autopsie. Malheureusement, les médecins qui avaient soigné le Président à l’hôpital de Parkland ne sont d’aucun secours dans ce domaine. Occupés à restituer au plus vite les fonctions respiratoires du Président il pratiquèrent une trachéotomie en utilisant le petit orifice rond et net détecté au niveau de la gorge. Tous sur le moment identifieront cet orifice comme un orifice d’entrée. Après coup et quelquefois sous la pression des enquêteurs, ils nuanceront pour la plupart leur propos et n’excluront pas la possibilité d’un orifice de sortie. C’est ainsi que la blessure à la tête "évoluera" de la région occipito-pariétale vers la région pariétale. Plus simplement de l’arrière droit de la tête vers le côté droit à proximité de la tempe. Cette évolution permettait d’accréditer la thèse du coup de feu tiré de l’arrière c’est à dire du sixième étage du Dépôt de livres.
Seul le docteur Crenshaw aura le courage, des années après malheureusement, de révéler la nature exacte des blessures qu’il avait lui-même constaté alors qu’il était présent dans le bloc où le Président était soigné. L’explication donnée par Clenshaw pour expliquer les changements des déclarations de ses confrères est la suivante : "Craignant que l’assassinat soit l’oeuvre d’une conspiration, les médecins de Dallas cédèrent aux pressions des enquêteurs pour que leurs dépositions aillent dans le sens de la version du tireur unique". Evidemment les remords tardifs du Docteur Crenshaw peuvent paraître suspects. Par ailleurs ceux-ci ayant été publiés dans un livre où Crenshaw se raconte, on peut toujours y voir une opération commerciale.
Toutefois l’éthique médicale de Crenshaw a peut être finalement prévalue et dans ce cas on peut croire à la sincérité de ses déclarations. Ce n’est pas le cas de John Mac Adams qui lui consacre malgré tout une page :
Docteur Crenshaw (à vous de juger)
Il faut avouer que certaines des révélations contenues dans le livre sont tout de même étonnantes et difficiles à admettre. Selon le Docteur Crenshaw,
• L’arrière de la tête de Kennedy avait été soufflé, indiquant clairement qu’un projectile avait été tiré face à Kennedy et du Grassy Knoll (monticule herbeux) ;
• La petite blessure à la gorge de Kennedy était une blessure d’entrée, prouvant ainsi qu’un projectile avait été tiré à l’avant de la limousine, et non pas du "nid" du tireur isolé situé derrière Kennedy ;
• Les médecins de Parkland qui avaient soigné le Président auraient craint de parler, sachant qu’il y avait une conspiration ;
• Le corps du président a été altéré entre l’hôpital de Parkland et celui de Bethesda où l’on procéda à l’autopsie du corps ;
• Lyndon Johnson aurait appelé le bloc opératoire au moment où Oswald était traité et aurait exigé qu’un aveu soit sous-tiré à l’assassin présumé agonisant.
Si les deux premiers points peuvent être pris en considération et restent du domaine du possible le troisième est beaucoup plus discutable. Même s’il est vrai que les déclarations des médecins ont varié au cours du temps, cela peut être du à la retranscription de leurs déclarations et aux nuances introduites par le rédacteur. Il est tout de même difficile d’imaginer que tous ces médecins aient perdu leur éthique ou alors les pressions exercées étaient vraiment très fortes. La quatrième relève de l’affirmation gratuite. Une telle accusation ne peut se faire sans preuve car elle met directement en cause les services officiels. Or dans ce domaine les éventuelles preuves restent inconnues. Le seul fait troublant à partir duquel certains en sont venus à faire cette hypothèse est le changement de cercueil entre le départ de Dallas et l’arrivée à Bethesda. Sur ce point les témoignages sont formels. Le cercueil fourni par O’Neal à Dallas était un modèle sophistiqué en bronze et celui réceptionné à Bethesda par le Docteur Humes était d’un modèle simple qui n’avait rien à voir avec celui de Dallas. Pourquoi ? Mystère.
S’agissant de la blessure dans le dos il ne la verront pas, car le Président était allongé sur le dos. On fera seulement observer que tous ces médecins pratiquaient leur art dans une ville où les blessures par armes à feu sont hélas fréquentes et que leur expérience dans ce domaine était importante. Il est donc très probable que leur impression initiale était la bonne. Malheureusement, la trachéotomie pratiquée élargira l’orifice de telle façon qu’il sera difficile de trancher et de faire taire la polémique. Seul un sondage complet et l’étude de la nature des blessures et lacérations provoquées par le projectile auraient permis de statuer définitivement sur le trajet de la balle. Hélas il n’en fut rien et l’autopsie fut expédiée par un médecin qui de plus n’avait pratiquement aucune expérience des autopsies. Cette disposition a de quoi surprendre quand on sait qu’il s’agissait de l’assassinat du Président des Etats-Unis. Les critiques verront là volonté manifeste de ne pas trop approfondir le sujet. Sans aller jusque là, on dira que l’autopsie n’a pas été conduite avec le soin et la rigueur souhaités par le personnel suffisamment expérimenté pour un cas de cette importance. Nul doute que l’autopsie qu’aurait du pratiquer le Docteur Rose à Dallas aurait été plus précise et plus exhaustive. Elle se serait déroulée au Texas, conformément à la loi en vigueur et par un médecin particulièrement expérimenté dans le domaine de la médecine médico-légale. Malheureusement on avait interdit "manu militari" au Docteur Rose de faire son travail et le corps du Président fut rapidement rapatrié dans un hôpital de la Navy à Bethesda. C’est sur ordre des plus autres autorités que cette décision fut prise et non pas à la demande de la First Lady comme on l’a souvent dit.
Poursuivre l’étude de la balle magique peut s’arrêter là si l’on considère que l’on a pas vérifié le trajet de la balle à l’intérieur du corps du Président. Mais poursuivons tout de même ne serait-ce qu’en s’attardant sur les déclarations de la deuxième personne touchée par le projectile le Gouverneur Connally.
Jusqu’à sa mort ce dernier a toujours déclaré avoir été atteint par un deuxième coup de feu et certainement pas par celui qui avait atteint au préalable le Président.
Si les deux premiers points peuvent être pris en considération et restent du domaine du possible le troisième est beaucoup plus discutable. Même s’il est vrai que les déclarations des médecins ont varié au cours du temps, cela peut être du à la retranscription de leurs déclarations et aux nuances introduites par le rédacteur. Il est tout de même difficile d’imaginer que tous ces médecins aient perdu leur éthique ou alors les pressions exercées étaient vraiment très fortes. La quatrième relève de l’affirmation gratuite. Une telle accusation ne peut se faire sans preuve car elle met directement en cause les services officiels. Or dans ce domaine les éventuelles preuves restent inconnues. Le seul fait troublant à partir duquel certains en sont venus à faire cette hypothèse est le changement de cercueil entre le départ de Dallas et l’arrivée à Bethesda. Sur ce point les témoignages sont formels. Le cercueil fourni par O’Neal à Dallas était un modèle sophistiqué en bronze et celui réceptionné à Bethesda par le Docteur Humes était d’un modèle simple qui n’avait rien à voir avec celui de Dallas. Pourquoi ? Mystère.
S’agissant de la blessure dans le dos il ne la verront pas, car le Président était allongé sur le dos. On fera seulement observer que tous ces médecins pratiquaient leur art dans une ville où les blessures par armes à feu sont hélas fréquentes et que leur expérience dans ce domaine était importante. Il est donc très probable que leur impression initiale était la bonne. Malheureusement, la trachéotomie pratiquée élargira l’orifice de telle façon qu’il sera difficile de trancher et de faire taire la polémique. Seul un sondage complet et l’étude de la nature des blessures et lacérations provoquées par le projectile auraient permis de statuer définitivement sur le trajet de la balle. Hélas il n’en fut rien et l’autopsie fut expédiée par un médecin qui de plus n’avait pratiquement aucune expérience des autopsies. Cette disposition a de quoi surprendre quand on sait qu’il s’agissait de l’assassinat du Président des Etats-Unis. Les critiques verront là volonté manifeste de ne pas trop approfondir le sujet. Sans aller jusque là, on dira que l’autopsie n’a pas été conduite avec le soin et la rigueur souhaités par le personnel suffisamment expérimenté pour un cas de cette importance. Nul doute que l’autopsie qu’aurait du pratiquer le Docteur Rose à Dallas aurait été plus précise et plus exhaustive. Elle se serait déroulée au Texas, conformément à la loi en vigueur et par un médecin particulièrement expérimenté dans le domaine de la médecine médico-légale. Malheureusement on avait interdit "manu militari" au Docteur Rose de faire son travail et le corps du Président fut rapidement rapatrié dans un hôpital de la Navy à Bethesda. C’est sur ordre des plus autres autorités que cette décision fut prise et non pas à la demande de la First Lady comme on l’a souvent dit.
Poursuivre l’étude de la balle magique peut s’arrêter là si l’on considère que l’on a pas vérifié le trajet de la balle à l’intérieur du corps du Président. Mais poursuivons tout de même ne serait-ce qu’en s’attardant sur les déclarations de la deuxième personne touchée par le projectile le Gouverneur Connally.
Jusqu’à sa mort ce dernier a toujours déclaré avoir été atteint par un deuxième coup de feu et certainement pas par celui qui avait atteint au préalable le Président.
Sur cette vue figurant parmi les pièces à convictions de la Commission Warren on voit bien que le Président porte ses deux mains à la gorge alors que le Gouverneur regarde droit devant lui et n’esquisse pas le moindre geste.
C’est ce que semble d’ailleurs montrer le film de Zapruder (voir ci-dessus) après quoi l’on voit, plus loin dans le film, le Gouverneur regarder par dessus son épaule gauche pour voir ce qui se passe à l’arrière de la voiture. Le Président déjà atteint porte ses mains à la gorge. Ne voyant pas complètement le Président, il décide alors de se retourner en pivotant sur lui-même et vers la droite. C’est au moment où il s’est retourné en position de 3/4 droit qu’il est atteint par un projectile.
C’est l’instant où le Gouverneur réagit distinctement à la douleur. On voit bien qu’il n’a pas réussi à se retourner complètement sur la droite. Sa femme se retourne vers le Gouverneur se rendant compte que quelque chose vient de se produire. Pendant ce temps, le Président commence à se tasser et à se courber vers l’avant. Notez la différence avec sa position 16 vues plus tôt.
Il se passe donc un certain temps entre ces deux phases et le Gouverneur est formel quand il déclare avoir été atteint par un deuxième coup de feu. On imagine aisément l’embarras de la Commission Warren devant tant de sûreté. Cependant elle déclarera que le Gouverneur a tout simplement réagi tardivement à la douleur provoquée par ses blessures. C’est effectivement le cas si l’on en juge les vues du film ou alors il faut admettre que la balle a été considérablement freinée en sortant du corps de Kennedy. C’est ce que certains déclareront en affirmant que la balle entrant à 2Km/s dans le corps du Président en était ressortie à 1/Km/s. On observera que pour une balle qui avait perdue la moitié de sa vitesse elle a vraiment subie peu de dégâts. Cette affirmation est osée si l’on se rappelle qu’aucun sondage en profondeur de la blessure du Président n’a été fait durant l’autopsie. C’est dommage, car les dégâts occasionnés auraient permis de déterminer l’énergie perdue à l’intérieur du corps.
La théorie de la balle magique est difficile à admettre et les explications données par la Commission pour expliquer la réaction décalée du Président par rapport à celle de Connally sont assez peu convaincantes. Une autopsie rigoureuse faite à Dallas à l’hôpital de Parkland par du personnel compétent aurait permis d’y voir plus clair. Les médecins qui avaient soigné le Président auraient pu aider le médecin légiste dans sa tâche et les orifices d’entrée et de sortie auraient été clairement identifiés. En transférant le corps du Président à Bethesda et en le livrant tel quel au Docteur Humes qui non seulement manquait d’expérience dans la pratique des autopsies mais ne disposait pas de rapport précis sur les constatations faites par les médecins de Dallas et sur leurs interventions, on créait toutes les conditions propices à un travail de piètre qualité. On ne peut donc pas blâmer le Docteur Humes obligé de contacter les praticiens de Dallas pour rédiger son propre rapport, mais en revanche la décision prise par les autorités de rapatrier le corps avant que l’autopsie ne soit réalisée, a été lourde de conséquence et a nui considérablement à la recherche de la vérité. Dès lors, la polémique ne pouvait que s’intensifier. Ce fut aussi le cas pour le troisième coup fatal au Président, mais dans une moindre mesure que pour la balle magique.
• La découverte de la balle magique :
La découverte de cette balle est à elle seule la source de questions et d’une vaste polémique. Loin d’avoir été découverte immédiatement celle-ci fut découverte 2 jours après sur le brancard ayant servi à transporter le Gouverneur Connally. Là aussi une contradiction intervint car dans un premier temps il avait été fait mention de sa découverte sur le brancard ayant servi à transporter le Président. Cette découverte tardive tombait mal, car elle mettait une fois encore le manque de rigueur manifesté à de nombreuses reprises dans cette affaire.
• Comment imaginer qu’après l’assassinat du Président du pays le plus puissant de la planète que tout n’ait pas été mis en oeuvre pour récupérer le moindre indice susceptible de faire progresser l’enquête ?
• Comment imaginer que le personnel rigoureux et méthodique d’un hôpital habitué à accueillir des blessés par arme à feu n’ait pas eu leur attention attirée par la présence d’une balle sur un de leur brancard ?
Dans ces conditions, la polémique et la suspicion ne pouvaient manquer de gagner l’observateur attentif et curieux. Certains n’ont pas pu s’empêcher de penser pour les plus discrets ou de déclarer pour les plus extravertis que cette balle avait été placée sciemment par quelqu’un. Ce quelqu’un porte même un nom et ce geste aurait été l’oeuvre de Jack Ruby aperçu par certains et par le journaliste Seth Kantor en particulier à l’hôpital Parkland quand le Président et le Gouverneur étaient soignés par les médecins de Dallas. Evidemment la présence de Ruby a été formellement démentie par la Commission Warren. Seth Kantor a du, lui aussi, faire erreur, comme à chaque fois que les faits allaient à l’inverse de la thèse de la Commission Warren.
Le troisième coup fatal :
Le troisième coup fatal a été tiré de l’arrière. La balle entrant dans la zone occipito-pariétale, est ressortie au niveau de la tempe, l’onde de choc faisant au passage exploser la partie supérieure de la boîte crânienne.
Le schéma ci-dessus à gauche qui figure dans les pièces à conviction de la Commission Warren, illustre le trajet de la balle. Cette illustration est conforme au film de Zaruder dans une certaine mesure. A l’impact de la balle, le Président se trouve dans cette position comme le montre la vue de droite.
- Le "jet effect"
Ce phénomène constitue la première explication de la réaction de la tête du Président à l’impact. En effet, le jet effect est un phénomène physique bien connu. Du fait de l’onde de choc et de la grande vitesse du projectile, un corps ou un objet a tendance à réagir vers la direction d’où vient la balle alors qu’on s’attendrait à l’inverse. C’est ainsi que la tête du Président touchée par une balle tirée de l’arrière n’est pas projetée vers l’avant mais vers l’arrière. Cette tendance est aggravée aussi par le fait que le cortex cérébral et le système nerveux du Président avaient été gravement endommagés par le projectile. Une contraction brutale des muscles du dos a eu alors pour effet de raidir son corps qui avec l’action conjuguée du jet effect a été projeté vers la gauche et vers l’arrière. Cette thèse est ardemment défendue et illustrée par John Mac Adams.
Toutefois, pour être complet et avant d’avoir un avis personnel il est intéressant de connaître l’opinion adverse de Stewart Galanor sur le même sujet.
2- Les radiographies de la tête et l’examen du cerveau du Président.
Il ne faut donc pas rejeter en bloc cette thèse qui repose sur un phénomène physique incontestable. L’avis des médecins sur le sujet est partagé. Loin de nier le phénomène certains doutent que tout ce soit passé aussi simplement dans le cas du Président. La seule façon de mettre tout le monde d’accord, reposait donc sur les radiographies prises au cours de l’autopsie mais aussi et surtout sur l’examen du cerveau du Président. Car si les radiographies semblent confirmer que l’entrée de la balle se situe à l’arrière dans la partie occipito-pariétale elles n’ont pas fait l’unanimité pour autant. Certains ont même prétendu un temps qu’elles étaient truquées ou même qu’elles n’appartenaient pas au Président. Depuis 1978 et grâce à l’enquête du HSCA, on sait maintenant qu’il n’en est rien et que les radiographies sont bien authentiques. Toutefois certains irréductibles persistent dans leur dénégations. Le moyen le plus incontestable aurait été l’examen du cerveau du Président.
Hélas, là encore les choses ne se sont pas déroulées de la meilleure des façons qui soit. Tout d’abord, le Docteur Humes sera surpris de constater que le cerveau avait pratiquement disparu ce que les médecins de Dallas n’ont pas confirmé. Toutefois, avec la partie restante, un examen rigoureux des lacérations provoquées par le projectile aurait permis de reconstituer la trajectoire de la balle. Conservé et durci par le formol c’est une technique fréquemment utilisée dans la reconstitution des trajectoires. Malheureusement il n’en fut rien et il sera déclaré que le cerveau, une fois récupéré et disposé dans le conditionnement adéquat, avait été placé aux Archives Nationales. Quand le HSCA quinze ans plus tard voudra le récupérer pour le faire examiner par son panel d’experts, il s’entendra dire que le cerveau avait disparu. Incroyable mais vrai. Cet épisode est regrettable et révoltant à la fois, car une fois encore les enquêteurs avaient tout à leur disposition pour faire toute la lumière sur la trajectoire de la balle :
• un film
• l’arme du crime
• le cerveau du Président
• les témoins
Encore fallait-il en faire un bon usage et ne pas ainsi laisser libre court à toutes les spéculations les plus folles. Parmi les plus rocambolesques et les plus gratuites viennent dans l’ordre :
• La manipulation du corps du Président dans "Air Force one" entre Dallas et Bethesda pour fausser les résultats de l’autopsie ;
• Le vol et la disparition du cerveau du Président pour ne pas déterminer le cheminement exact de la balle à l’intérieur du cerveau du Président ;
A ces affirmations gratuites pour la plupart, il faut cependant opposer un fait inexpliqué qui, hélas a eu tendance à accréditer la thèse du maquillage du corps du Président. Comment en effet un corps ayant quitté l’hôpital de Parkland enveloppé dans un linceul partiellement dévêtu et disposé dans un cercueil en bronze a t-il pu être réceptionné par le Docteur Humes à Bethesda dans un cercueil ordinaire. Voici un extrait de son témoignage devant la Commission Warren :
Je dois débuter ma déposition en déclarant que le corps du Président est arrivé dans notre morgue dans un cercueil fermé. Le Dr. Boswell et moi-même, avons ouvert le cercueil, et le corps du Président était dévêtu dans le cercueil, et était enveloppé dans une drap estampillé Parkland hospital, mais une fois le drap retiré, son corps était dévêtu , ainsi nous ne disposions d’aucun habillement à ce moment-là.
Pourquoi, dans quel but et à quel moment. On attend toujours la réponse des officiels. On comprend mieux alors la persistance des rumeurs et des hypothèses les plus folles. Les autorités sont les seules responsables de cette situation et il appartient à celles-ci de s’en expliquer. Pour ma part je ne fais que constater et je me refuse d’alimenter la polémique.
Que reste-t-il donc de la conclusion balistique de la Commission Warren. Pas grand chose d’intéressant et plus de questions que de réponses. A savoir :
• Une certitude celle de la première balle
• Une utopie ou une hypothèse à laquelle il est difficile d’adhérer celle de la balle magique
• Une hypothèse pour la troisième balle que seul l’examen du cerveau du Président aurait permis d’accréditer définitivement.
2 - La conclusion du HSCA (House Select Commitee on Assassinations)
Les conclusions du HSCA ne sont pas différentes de la Commission Warren pour ce qui concerne les balles tirées du Texas School books Depository. Toutefois, l’étude scientifique menée par le panel d’expert du HSCA est beaucoup plus convaincante que celle menée par la Commission Warren. Le groupe d’expert s’est avant tout attaché à déterminer d’où étaient venus les coups de feu en utilisant des moyens de déterminations scientifiques sophistiqués, au lieu de faire coller la provenance des coups de feu à une thèse prédéterminée à l’avance.
La conclusion du HSCA faisant état de la présence d’un deuxième tireur, la présence d’un complot oeuvrant sur Dealey Plaza le 22 novembre 1963 était établie. Du coup on comprenait mieux pourquoi Oswald avait fait feu dans cette direction (Elm street) et non pas dans Houston street quand le cortège arrivait face à lui, ce qui aurait été logique pour un tireur isolé. Dès lors qu’il y avait deux tireurs la meilleure façon de garantir le succès de l’opération était de procéder à un tir croisé ou en triangle. Cette façon de procéder est un classique du genre pour toute organisation criminelle voulant réussir son coup.
Evidemment, les adversaires de la thèse de la conspiration ne mettront pas longtemps à contester les résultats de l’étude acoustique du HSCA qui mettait en évidence un coup de feu supplémentaire. Ils iront même jusqu’à prétendre que l’enregistrement sonore étudié provenant de la radio embarquée d’un des motocyclistes du cortège n’avait pas eu lieu au moment des coups de feu mais après et à un emplacement différent. Quand on connaît le sérieux et la rigueur du panel d’experts du HSCA on ne peut être qu’étonné à l’encontre d’une telle affirmation. On voit mal en effet comment les mêmes experts capables de garantir l’authenticité des diverses pièces à conviction (radiographies et photos de l’autopsie, photos d’Oswald tenant le fusil prises par Marina, bon de commande rempli par Oswald pour l’achat de ses armes et la location de sa boîte postale) auraient fait une erreur concernant la bande magnétique. C’est un peu toujours la même chose avec les partisans de la thèse du tireur unique. A chaque fois qu’un élément de preuve est susceptible de remettre en cause leur théorie les experts, enquêteurs ou chercheurs sont suivant les cas :
• des charlatans ;
• des fabulateurs ;
• des incompétents notoires.
Cette attitude est affligeante et dessert la recherche de la vérité. De plus, remettre en cause le sérieux de l’enquête du HSCA est quelque peu déplacé quand on sait ce que l’enquête du HSCA a coûté au contribuable américain (6 millons de $). Les experts avaient une éthique et une méthode de travail difficilement contestable et particulièrement crédible. Car même si finalement le HSCA ne remet pas en cause les conclusions de la Commission Warren, le travail accompli n’en demeure pas moins sérieux à défaut d’être parfois totalement convaincant.
C’est le cas notamment de la théorie de la balle magique qui est confirmée par le HSCA. Toutefois l’expertise effectuée faisait appel à des techniques sophistiquées qui sont difficiles à contester pour le profane. Partant de là, c’est une question de confiance. Pour ma part, je reste sceptique sur la théorie de la balle magique mais dans le même temps je respecte le travail effectué par les experts du HSCA et ne le condamne pas à priori.
N’oublions pas pour autant l’essentiel du travail accompli par le HSCA dans le domaine ballistique et synthétisé ci après :
Origine des coups de feu
• 3 coups de feu tirés de la fenêtre Est du sixième étage du dépôt de livres scolaires
• 1 coup de feu certain et peut-être davantage tiré du Grassy Knoll
Armes du crime
• Le Mannlicher Carcano appartenant à Oswald pour les 3 coups de feu tirés du dépôt de livres scolaires
• indéterminée pour le ou les coups de feu tirés du Grassy Knoll
Séquence des coups de feu
• Le premier coup de feu tiré par Oswald manque sa cible, ricoche sur le rebord du trottoir de Main street et un fragment de béton blesse James Tague sur la joue
Conclusion identique à la celle de la Commission Warren
• La balle atteint le Président dans le dos entre la colonne vertébrale et la partie inférieure gauche de l’omoplate droit. Ressortant par la gorge de JFK, la balle atteint le Gouverneur Connally dans le dos puis ressort de la poitrine avant de traverser et de fracturer le poignet droit pour se loger définitivement dans la cuisse gauche du gouverneur.
Conclusion identique à la celle de la Commission Warren
• Le troisième coup de feu est fatal au Président. La balle l’atteint à la tête en pénétrant par l’arrière droit du crâne avant de ressortir au niveau de la tempe droite. La balle fait exploser la partie supérieure droite de la boîte cranienne du Président et une part importante de la matiére cervicale est détruite.
Conclusion identique à la celle de la Commission Warren
• Le quatrième coup de feu est tiré de la butte herbeuse mais manque la limousine
(Non mis en évidence par la Commission Warren)
Les conclusions essentielles se résument à :
• la mise en évidence d’un deuxième tireur ;
• Oswald reste coupable et demeure l’auteur des trois coups de feu tirés du Dépôt de livres ;
• Le Mannlicher Carcano est l’arme utilisée par Oswald et celle responsable des blessures occasionnées au Président et au Gouverneur ;
• Le deuxième tireur à manqué sa cible ;
• L’arme du deuxième tireur reste indéterminée ;
• la théorie de la balle magique n’est pas remise en question.
Conclusion :
L’enseignement majeur à retirer de l’étude balistique du HSCA réside dans la mise en évidence d’un deuxième tireur. Qui était-il ? Est-ce la silhouette que l’on aperçoit grâce aux techniques sophistiquées actuelles de traitement de l’image sur le cliché de Mary Moorman ? Au fond peu importe. L’essentiel est de retenir qu’Oswald n’était pas seul. Connaissait-il son complice ou non ? Peu importe aussi. Le plus important et le plus inquiétant à la fois dans ce cas est que l’assassinat du Président Kennedy n’est pas l’oeuvre d’un tireur isolé et deséquilibré mais le résultat d’une conspiration. Laquelle ? Le HSCA s’est déclaré incomptétent pour en déterminer la nature et l’ampleur.