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Il est 9h 40 quand l’avion atterrit le Mardi 17 novembre 2003 à Dallas au Texas. La commémoration du 40ème anniversaire de l’assassinat du Président Kennedy aura lieu dans quelques jours. Je suis là pour çà mais aussi pour apprendre.
Outre le côté émotionnel de cette visite à Dallas, c’était pour moi l’occasion de me confronter à la réalité du terrain. C’est une démarche impérative pour bien comprendre cette affaire. A mon arrivée et après avoir emménagé dans la chambre de mon hôtel sur Main Street, je me rendais immédiatement sur Dealey Plaza, place tristement célèbre depuis un certain jour de Novembre 1963.
Au fur et à mesure de ma progression dans Main Street, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce défilé présidentiel, 40 ans plus tôt, dans cette artère principale de la ville, dernière partie de ce voyage urbain et de la vie de John Fitzgerald Kennedy.
1- Dealey Plaza : le lieu de l’assassinat :
La vue de la bâtisse de l’ancienne prison du Comté me signalait que j’approchais de Dealey Plaza. Ma surprise, la première parmi tant d’autres, était de distinguer très clairement la voie de chemin de fer sur le passage triple sous-terrain, très proche de cette même bâtisse. Illusion d’optique me suis-je dis en moi-même….
Le bâtiment de archives au coin de Main et Houston street. | Le Texas School Book Depository |
Arrivé à la fin de Main strreet, descendue sur le trottoir de droite, je pénètre dans Houston et le Texas School Book Depository me fait face, proche vraiment très proche de cette intersection entre Main et Houston street.
Outre l’émotion naturelle c’est également pour moi une énorme surprise de constater à quel point cette place est particulièrement petite, presque intime. Aucun cliché photographique n’est capable de rendre cette impression d’étroitesse qui se dégage. Aucune photo ne rend perceptible l’inclinaison importante des trois rues qui traversent cette place, Main Commerce et Elm street. Il faut se rendre au pied du passage triple sous-terrain pour bien prendre la mesure de cette pente.
Main et Elm street vu du Triple underpass. | Elm street vu du Triple underpass. |
Après avoir fait le tour de la place et m’être imprégné de la topographie des lieux, je décidais d’aller au Sixth Floor Museum, situé à l’étage d’où sont partis les coups de feu. Le musée est entièrement consacré à la promotion de la thèse officielle…
Le film de Zapruder s’arrête à l’image 312 de sorte que le rejet de la tête du Président au moment du coup de feu fatal n’est pas visible. Pour éviter de heurter les âmes sensibles nous dit-on. En revanche, ces mêmes âmes ne doivent pas l’être en regardant l’exécution d’Oswald par Ruby qui passe également en continu. C’est une affaire d’appréciation.
Par ailleurs, il est impossible de s’approcher de la fenêtre du tireur. Cette dernière est prisonnière d’une enceinte en plexiglas, à l’intérieur de laquelle, une disposition sommaire de cartons de livres d’époque est censée reconstituer l’environnement de la fenêtre, tel qu’il était en 1963. La fenêtre la plus proche permet de se rendre compte que l’environnement de la place offrait un tir bien plus aisé en direction de Houston Street que vers Elm Street pour un sniper solitaire. C’est pourtant dans cette rue que Lee Harvey Oswald a choisi de tirer. Tout était pourtant plus difficile.
L’arbre obligeait à débuter le tir qu’à 50 mètres environ une fois la voiture à nouveau visible. Le tir fatal est ainsi intervenu à 90 mètres au moment où la voiture était la plus éloignée de la fenêtre du tireur. Autre circonstance aggravante, visible que si l’on se rend sur place, la pente de la rue obligeait le tireur à effectuer une double correction en site et en azimut. Autrement dit, il devait tenir compte non seulement de l’éloignement de la limousine mais également, du fait de l’inclinaison de la rue, de sa variation de position par rapport à l’horizontale.
En clair, Oswald a réussi le tir le plus délicat pour un tireur. En se remémorant, la piètre performance de ce dernier quand il rata le Général Walker assis à son bureau et qui offrait une cible à la fois proche et immobile, on ne peut être que perplexe devant une telle performance. C’est pourtant la version officielle, celle que le Sixth floor Museum est chargé de promouvoir. A t-il les moyens de faire autrement ? Pas vraiment, sous peine de voir disparaître la majeure partie de ses sponsors et connaître le sort que son « concurrent » à quelques centaines de mètres de là, près du « JFK memorial ».
Le JFK Memorial |
Au premier plan de la photo ci-dessus le JFK Memorial. C’est la contribution de Dallas en souvenir de l’assassinat du 35ème Président des Etats-Unis. L’âme du Président qui s’élève de l’intérieur de l’ouvrage vers les cieux constitue la symbolique de cet ouvrage. Sur la partie gauche de la photo, le bâtiment qui abrite le Conspiracy Museum. Malheureusement, son mécène disparu, les enfants de ce dernier ne voulant pas prendre la suite, le musée se voit contraint de fermer ses portes à la fin de l’année. Dommage, car il offrait l’autre point de vue.
De retour sur Dealey Plaza, il est important de graver dans sa mémoire la géométrie des lieux et d’y passer un long moment. Pour s’y recueillir, essayer de se replacer dans le contexte de l’époque en prenant la place de Zapruder, de Moorman d’Algens de James Tague et d’autres témoins clés de l’évènement. La place n’ayant pratiquement pas changé depuis l’époque l’exercice peut se faire sans difficulté. C’est un excellent moyen de balayer ou de remettre en cause certaines idées reçues ou certitudes, ce qui n’est pas chose facile.
Ci-dessous la reconstitution en 2003 de ce que voyaient quelques uns des témoins importants du drame.
Le TSBD vu par Brennan | La vision d’Altgens du cortège |
Champ de vision de Moorman | La vision de James Tague |
A la place de Phil Willis | La vision d’Abraham Zapruder |
En prenant la place d’Howard Brennan (photo ci-dessus prise le 19/11/03 à 12h30), on s’aperçoit qu’il n’est pas impossible d’identifier la tête d’un individu à la fenêtre même si le reflet du soleil à ce moment de la journée peut constituer un handicap. La hauteur de la fenêtre par rapport à l’emplacement de Brennan n’est pas aussi importante que le suggère les clichés (le mien compris) à la disposition des chercheurs. Il en de même de l’emplacement d’Altgens. En se plaçant à l’endroit où il se trouvait au moment où il a pris sa photo célèbre, l’effet de grand angulaire a encore une fois tendance à augmenter les distances. C’est manifeste sur le cliché de droite.
Pour mieux apprécier encore le volume de la place et juger de sa dimension réduite, rien de mieux que de prendre de la hauteur. En se rendant au sommet de Reunion Tower à quelques encablures de là, Dealey Plaza parâit disposé dans un écrin, témoin rescapé d’une architecture d’une époque révolue. La place devenue "landsmark" en 1993, les lieux resteront à jamais à l’identique d’aujourd’hui. La plaque qui atteste du classement du lieu a été d’ailleurs curieusement disposée sur la pelouse au même niveau et à l’endroit d’Elm Street où JFK a été atteint par la balle fatale. Aucune référence à JFK n’apparait sur la plaque. Tout ce passe comme si la ville voulait exorciser cet acte lâche à l’héritage un peu difficile à porter.
Vue du sommet de Reunion Tower, la partie de "Downtown Dallas" a bien changé depuis 1963. L’immeuble qui tronait en maître à l’époque et au sommet duquel se dressait le cheval de Pegase de la Mobil Oil existe toujours, écrasé et pratiquement submergé par la nouvelle "Skyline", par ailleurs très réussie.
Dealey Plaza vue du sommet de Reunion Tower | Downtown Dallas et sa skyline |
A peine descendu de la Reunion tower, il nous faut rejoindre Commerce street et gagner le Greyhound station d’où Oswald a pris le taxi pour se rendre chez lui peu après avoir quitté le TSBD.
La station Greyhound aujourd’hui et la file de taxis |
La station est restée pratiquement la même depuis l’époque. Par contre, Oswald aurait éprouvé de grande difficulté pour regagner son domicile s’il avait fait appel aux services du même chauffeur auquel Xavier, un autre Français qui m’accompagne depuis une paire d’heure et moi-même avons eu à faire. Ce dernier, originaire du Nigeria, arrivait à localiser Zangs Boulevard sans problème, mais ignorait tout de North Beckley, là où se trouve le meublé qu’occupait Oswald en 1963. Après quelques palabres avec ses collègues présents, il recueille suffisamment de renseignements pour nous conduire à proximité. En fait, grâce à mes connaissances acquises sur divers documents et avec un peu de chance, il faut bien le dire je localise le 1026 North Beckley et lui demande de s’arrêter. A partir de là et pour la suite de la visite pendant laquelle il demeure avec nous, nous le guidons, tant la structure géométrique et simple des rues permet de se rendre aux différents endroits où Oswald et sa femme ont habité, à l’emplacement où Tippit a trouvé la mort et à celui où Oswald a fini par être arrêté.
2- Les résidences successives d’Oswald :
La confrontation avec les lieux se poursuivait ensuite avec la visite du 1026 North Beckley, le dernier meublé occupé par Oswald jusqu’au jour de l’assassinat. C’était ensuite le passage par West Neely Street, où Marina et Lee vécurent avant de partir pour la Nouvelle Orléans en avril 1963. La maison n’a pratiquement pas changé.
Le dernier domicile d’Oswald | Le domicile de Marina et Lee jusqu’en avril 1963 |
Il en est de même de l’arrière cour où Marina a pris les célèbres photos de Lee tenant des journaux d’une main et le Mannlicher Carcano de l’autre. On a un peu l’impression de pénétrer leur intimité en se retrouvant seul au milieu de cette petite cour…
L’arrière cour où Marina prit les photos de son mari le fusil à la main |
3- Les lieux du meurtre de J.D. Tippit :
Le croisement de 10th Street et de Patton Boulevard, là où Tippit trouva la mort, n’est pas très loin. Suffisamment cependant pour être perplexe sur la possibilité matérielle de réaliser la performance de se rendre du meublé à l’intersection en moins d’¼ d’heure. Comme dans beaucoup d’endroits concernés par l’assassinat, on est à nouveau frappé par les dimensions réduites de l’espace à l’intérieur duquel la scène du meurtre est intervenue. Que ce soit William Scoggins, le chauffeur de taxi en train de se restaurer à son volant et qui stationnait à l’angle de Patton et de 10 th street, que ce soit Barbara Jeanette Davis et sa belle soeur Virginia Davis dans leur appartement respectif situé dans la maison aujourd’hui disparue et qui se trouvait à l’angle de 10th street et de Patton Street, tous se étaient très proches de la scène. Même Madame Markham qui se trouvait à l’emplacement où a été pris le cliché de droite, était suffisamment proche de la scène pour observer tous les détails. Le problème pour cette dernière est qu’elle s’est mis trés vite les deux mains sur son visage pour ne pas voir la scène d’horreur dont elle était le témoin. Que dire de Benavides encore plus proche de la scène ? Toutefois, por ce dernier, certains, comme Dale K. Mayers dans son livre "Lee Harvey Oswald and the murder of J.D. Tippit with malice" mettent en avant le fait que Benavides craignant d’être touché par une balle s’était rapidement tapi au fond du plancher de son véhicule et n’avait donc pas été en mesure de voir toute la scène. A leur crédit il faut bien convenir que Benavides, pourtant le plus proche de la scène, ne fut pas en mesure d’identifier Oswald au moment de sa première déposition.
Emplacement (cercle rouge) du meurtre de Tippit vu de l’angle de Patton et 10 Street |
Vision du meurtre de l’emplacement où se trouvait Helen Markham |
Il est également troublant de constater qu’Oswald, Tippit et Ruby habitait très prés les uns des autres. Cette coïncidence est si troublante qu’en se laissant aller on pourrait la trouver presque suspecte. Pour le moins et pour ce qui concerne Oswald et Ruby, ces deux là ont du se rencontrer une paire de fois à la Wacheterria (pressing situé à l’angle de Zang Boulevard et de North Beckley. Peut-être ont-ils même échangé à l’occasion quelques monnaies ou propos divers. Suppositions pas si gratuites que çà.
En descendant Patton en direction de Jefferson Boulevard, une allée apparaît sur la droite. Celle-ci, parallèle à Jefferson Boulevard et à 10 th street, permet de rejoindre directement l’arrière du Texas Theatre distant de 500 mètres environ. Si l’on cherche un moyen de passer inaperçu, c’est l’itinéraire à prendre. C’est celui qu’aurait du emprunter l’assassin de Tippit. Rien n’indique qu’Oswald l’ait pris si l’on se réfère aux témoignages de Sam Guinyard et de Ted Callaway. A mi chemin de cette allée se trouvait le parc de voitures où Oswald s’est débarassé de son blouson.
L’alley située entre 10th street et Jefferson Boulevard. |
4- Le Texas Theatre, là où Oswald a été arrêté :
Après ce passage sur le lieu de l’assassinat de Tippit, il est naturel de poursuivre vers le Texas Theatre, là où Oswald sera arrêté. Après bien des déboires, il a été enfin décidé de restaurer ce lieu devenu historique après une certaine après-midi de 1963. Au moment de ma visite les travaux étaient en cours comme on peut le voir sur la photo ci-dessous à gauche. Sur la photo de droite, l’arrière du Texas Theatre que l’on peut atteindre directement par l’allée mentionnée précédemment.
La façade du Texas Theatre coté Jefferson Boulevard. |
Façade arrière du Texas Theatre qui donne sur l’allée |
Sur le même trottoir à 50 mètres de l’entrée du Texas Theatre, le magasin de chaussures où se trouvait Johnny Brewer a aujourd’hui disparu. Rappelons que c’est Brewer qui intrigué par le comportement d’un individu qui s’était glissé dans l’entrée du magasin au passage des voitures de police, toutes sirènes hurlantes, sortit de son magasin pour observer l’homme. En le voyant entrer sans payer dans le cinéma il demanda à l’ouvreuse qui ne l’avait pas vu car distraite par les allées et venues des voitures de police, de donner l’alerte. Brewer identifiera plus tard formellement l’individu comme étant Lee Harvey Oswald.
5- Les lieux liés à la fin de l’assassin présumé :
Impossible, toutefois de pénétrer à l’intérieur du Texas theatre pour observer, l’endroit où Oswald a été appréhendé par Mc Donald. L’établissement étant l’objet de travaux de réfection les visiteurs ne peuvent y avoir accés pour l’instant. Ce sera donc pour la prochaine fois. Dommage ! Après cette visite, la suite logique commandait de se rendre au Dallas police station où Oswald fut incarcéré et où il trouva finalement la mort le 24 novembre 1963.
Le Dallas police station où Oswald fut détenu pendant 48heures. |
La rampe d’accès au sous-sol empruntée, selon la version officielle, par Jack Ruby pour aller abattre Oswald |
Le Dallas police station ou commissariat n’a pas changé depuis 1963. C’est l’occasion pour moi de me rendre compte qu’il se trouve en face de mon hôtel. Pressé de me rendre sur Dealey Plaza en le quittant le matin, je ne m’en étais pas aperçu. Une différence cependant, le commissariat actuel se trouve ailleurs et la vieille bâtisse, préservée elle aussi, n’est plus qu’un témoin supplémentaire de ce funeste week-end de 1963. La rampe par laquelle Ruby est entré donne sur Main Street. Il ne faut pas la confondre avec celle qui se trouve à l’opposée de celle-ci et qui communique avec Commerce street. C’est pas cette autre rampe que l’ambulance qui transportait Oswald vers le Parkland Hospital est sortie du sous-sol. C’est également de cette rampe que la voiture balisée qui devait transporter Oswald vers la prison du Comté aurait du déboucher.
A en juger par la taille de l’homme assis à gauche, rapportée à celle de la largeur de l’entréee de la rampe, on se demande comment un homme de la police de Dallas en faction devant cette porte a fait pour ne pas apercevoir Ruby entrer. Il faut presque y mettre de la bonne volonté. A moins que ce dernier ne soit passer par un autre accés. Mais restons-en à la version officielle, même s’il est difficile d’y adhérer. D’autant que la corpulence de Ruby facilitait son repérage. Ou alors ce même homme en faction connaissait Ruby et n’a rien trouvé d’anormal à ce qu’il emprunte cette voie. C’était pourtant contraire aux consignes qui lui avaient été données.
Après avoir contourné le bâtiment et constaté la parfaite symétrie des deux rampes d’accés au sous-sol de l’ex DPD, je continue sur Commerce street pour me rendre à l’emplacement où se dressait autrefois le Carrousel, l’un des deux cabarets de Jack Ruby. L’étalissement, se dressait là, à la place de ce petit jardin, derrière l’arrêt de bus.
L’emplacement du Carroussel en 1963. |
La particularité du Carroussel en 1963 résidait dans le fait qu’il était un des rares établissements de la ville où l’on pouvait boire de l’alcool. Rappelons que Dallas, à l"époque, si tolérante en matière de possession d’armes à feu, l’était beaucoup moins pour la consommation de spiritueux. Aussi, il était logique que beaucoup s’y retrouve et pas seulement des policiers comme on se plaît trop souvent à le répéter, même si la proximité du DPD le facilitait.
C’était encore plus facile pour les pensionnaires du plus grand et du plus chic hôtel de Dallas qui se dresse toujours aujourd’hui, en face de l’emplacement du Carroussel. Du beau monde fréquentait l’établissement de Jack Ruby. Pour boire un verre d’alcool ou pour s’encanailler en admirant les charmes des stripteaseuses de Jack Ruby. Qui sait peut-être Johnson lui-même, quand il descendait à l’Aldolfus se rendait au Carroussel pour boire une bonne bière. Peut-être même s’y est-il rendu en compagnie de sa maîtresse Madeleine Brown auteur de l’ouvrage controversé ( Texas in the morning).
En quittant l’emplacement du Carroussel, le jour commençait à décliner. Au terme de cette journée marathon riche en émotion et particulièrement instructive, j’avais besoin de prendre du recul et de réfléhir. Eprouvé par cette confrontation avec les lieux liés à l’assassinat de JFK et aux évènements qui l’ont suivi, je me rendais à nouveau sur Dealey Plaza qui offre une atmosphère si différente au coucher du soleil. Nombreux sont ceux qui comme moi vont et viennent. Que font-ils, à quoi pensent-ils ? Est-ce également pour eux le moment des doutes ou des certitudes renforcées selon le cas ? Je ne communique pas avec eux, je n’en ai pas envie eux non plus probablement. Xavier qui m’accompagne depuis le début de l’après midi fait de même. Nous prenons juste le temps de prendre congé et de fixer le prochain rendez-vous. Demain est un autre jour.
Le lendemain et les jours suivants serviront à compléter les découvertes du premier jour. Seul dans un premier temps puis rejoint par d’autres français pour se retrouver finalement à cinq, le 22 novembre sur Dealey Plaza jour de la commémoration de l’assassinat du 35 ème Président des Etats-Unis. Xavier, Nicolas accompagné de Heather son amie Texane agréablement surprise d’un tel engouement des Français pour cette affaire, Hervé et William notre guide qui par sa connaissance trés étendue des lieux et sa disponibilité nous permettra à tous de bénéficier pleinement de notre séjour. C’est aussi pour chacun d’entre nous l’occasion de découvrir, de mieux connaître et d’apprécier des personnages jusqu’alors virtuels, par net interposé. Ce ne fut pas le moindre des intérêts de ce voyage, bien au contraire. Outre la visite, des lieux et de la ville j’ai également eu l’occasion d’assister à un certains nombre de conférences organisées par JFK Lancer, de qualités variables mais dignes d’intérêt pour certaines. C’est aussi l’occasion, pour Hervé et moi-même les deux seuls Français de l’assemblée, de découvrir d’autres passionnés venus de tous les coins de la planète. 40% de l’assistance est étrangère, témoignage manifeste de l’intérêt mondial pour cet évènement du 20ème siècle. Au final, j’en tire une impression mitigée. Certes certaines conférences valaient le déplacement, mais on ne peut s’empêcher de penser que l’organisation, à force de présence et par manque de renouvellement de ses cadres, s’essoufle quelque peu. Il est clair que l’assemblée pour un 40ème anniversaire était par trop réduite et bien en-dessous du nombre que j’attendais. Mais peut-être ne suis-je pas tout à fait objectif, tant l’attitude de JFKLancer au moment de la commémoration me paraitra, à un moment donné, complètement déplacée.
6- Samedi 22 Novembre 2003, 40 ans après :
Dealey Plaza est envahie par tous ceux qui 40 ans après se souviennent et veulent apporter leur témoignage.
La multitude des drapeaux joints aux bouquets déposés à l’endroit précis d’Elm Street où JFK trouva la mort, témoignent une nouvelle fois de l’intérêt planétaire porté à l’évènement. Cette constatation va à l’encontre de celles que l’on peut faire pour les officiels et les médias dans une moindre mesure. Les absences du Gouverneur du Texas, du maire de Dallas et de certains médias internationaux comme ceux de mon pays sont déplacés pour les deux premiers nommés et regrettables pour les derniers cités.
Dealey Plaza le 22 novembre 2003. | Témoignages venus du monde entier. |
Les attitudes dans l’assistance varient en fonction des motivations de chacun. Il y a ceux qui sont venus se recueillir, d’autres sont là par curiosité et il y a les habitués du buisiness qui ne sont pas les moins actifs. Rivalisant de slogans ces derniers sont là pour vendre le fruit de leurs recherches personnelles, plus ou moins sérieuses d’ailleurs. C’est malgré tout l’opportunité pour chacun d’entre nous de rencontrer la communauté des chercheurs et des auteurs d’ouvrages qui font autorité comme Dale K Myers. On rencontre des figures pour le moins controversées comme Jack White et Berveley Oliver qui prétend être avec une insistance quasi pathétique qu’elle est la célèbre "Babushka Lady", officiellement toujours non identifiée. Quoiqu’il en soit Beverley Oliver ne manque pas de dons. A chaque commémoration de façon rituelle elle entonne le chant traditionnel "An Amazing Grace" en y mettant toute sa conviction. L’assistance reprend derrière elle de façon plus ou moins soutenue. Mais c’est l’occasion pour Beverley de faire valoir son bel organe et rien que pour çà elle doit être satisfaite. Plus condamnable en revanche est l’attitude de JFK Lancer et de son égérie Debrah Conway. Même si on peut comprendre la place de choix qui leur est réservée tant leur constance et leur présence à chaque commémoration la légitime, promouvoir leur site et leur association en pleine minute de silence est quelque chose de particulièrement déplacé et condamnable. On touche là du doigt à quel point le buisiness peut faire déraper des gens à priori bien intentionnés au départ. Rien que pour çà, je ne regrette pas de m’être désolidarisé la veille de l’association en décidant de suivre la cérémonie de la commémoration en compagnie des quatre autres Français qui se trouvaient là.
Les médias américains et locaux s’étaient déplacés en nombre pour l’occasion. Debrah Conway les a d’ailleurs interpellés pendant son intervention en leur demandant où ils se trouvaient pendant ces 40 dernières années tant certains avaient brillé par leur absence, les années précédentes. Les médias avaient d’ailleurs investi les lieux depuis le 20 novembre, pour être le mieux placé possible. Se faisant ils contribuaient à dénaturer la place et à créer une ambiance de kermesse médiatique plutôt agaçante. Cà nous a tout de même valu à Xavier et à moi d’être interviewés par l’antenne locale de la chaîne Fox News. En mal de sujet et trés intrigué par la présence de deux français, il nous pose quelques questions et c’est l’occasion pour nous de livrer nos impressions personnelles. Juste de quoi meubler 10 secondes d’antenne à 20h45 le soir même. Pour éviter de quitter Dealey Plaza sur une fausse note j’y retournais le Dimanche 23 novembre quelques heures avant de partir. La kermesse avait plié boutique, nous étions à peine 10 personnes et on pouvait enfin se recueillir. Enfin.
7- Epilogue
Cette semaine à Dallas est passée trop vite. Trop riche en évènements, rencontres et documentations accumulés. De longues semaines et de longs mois seront nécessaires pour assimiler un moment d’une rare intensité. Dés mon départ, la décision est prise. Je reviendrai. C’est nécessaire pour comprendre et surtout j’ai besoin de me conforter à nouveau avec la réalité du terrain. Je ne saurais que trop le recommander à ceux qui n’ont pas eu encore la chance de faire le déplacement. Surprises, déceptions, étonnements et doutes jalonneront votre venue à Dallas, mais croyez-moi vous ne le regretterez pas.