Le film de Zapruder est le meilleur témoin du drame du 22 novembre 1963. Il constituait, à juste titre, la meilleure preuve à la disposition des enquêteurs et il demeure encore aujourd’hui la source de référence pour tous les chercheurs. Pourtant, une fois développé, très rapidement des erreurs ont été commises. Les décisions prises les plus contestables et les plus regrettables furent :
– de laisser Abraham Zapruder céder l’original de son film au Magazine Life,
– de priver le public américain de cette précieuse pièce à conviction pendant près de deux décennies.
Ces deux décisions ont fait naître les premiers doutes et des suspicions durables qui conduiront certains à affirmer, à défaut de démontrer, que le film qui avait été enfin rendu public était un faux et qu’il avait été truqué pour défendre la thèse officielle.
Tout ceci est d’autant plus regrettable que le film d’Abraham Zapruder est authentique et n’a pas été " arrangé ". C’est ce que cette page a pour but de démontrer.
Auparavant, il nous faut revenir à ce 22 novembre 1963 sur Dealey Plaza.
1 - Les origines du film :
Abraham Zapruder possédait un magasin de confection situé au voisinage d’Elm Street, là où le cortège présidentiel devait passer en cette fin de matinée ensoleillée du 22 novembre 1963. Abraham Zapruder était bien sûr au courant du passage du défilé présidentiel à deux pas de son magasin et ne voulait pas manquer cette occasion de voir son Président de passage dans sa ville. Il sort une première fois de son magasin sans prendre sa caméra Bell et Howell qu’il vient d’acquérir quelques mois plus tôt. Mary Sitzman, sa secrétaire qui l’accompagne, s’en aperçoit. C’est sur l’insistance, voire l’injonction de cette dernière qu’il rebrousse chemin pour récupérer la caméra restée au magasin. Sans l’opiniâtreté de Mary Sitzman, Abraham Zapruder n’aurait donc pas pris le film qui allait faire de lui un homme mondialement connu. C’est ce qu’il reconnut lui-même dans le témoignage qu’il fit devant la commission Warren : Abraham Zapruder
Une fois arrivé sur Dealey Plaza il se met à la recherche de la place la plus favorable pour prendre le film du cortège présidentiel. Il choisit un premier endroit qui ne lui donne pas entière satisfaction, il fait quelques rushs. Après avoir fait quelques pas il aperçoit la colline herbeuse qui domine l’Ouest de Dealey Plaza. C’est décidé. C’est de cette place dominante qu’il saisira dans son objectif la parade présidentielle. IL grimpe les quelques arpents de cette butte et se dirige vers un mur de soutènement qui se termine par un léger promontoire. Il grimpe sur ce perchoir avec Mary Sitzman. Cette dernière se tient juste derrière lui. Mary est là pour retenir son patron sujet au vertige. Rassuré par le soutien de sa secrétaire, Abraham Zapruder peut ainsi filmer en toute quiétude. Il fait un dernier rush et il trouve l’angle de prise de vue idéal même si un panneau de signalisation va lui cacher la limousine présidentielle sur quelques mètres. Qu’importe, l’essentiel sera présent sur la pellicule et il attend désormais le passage de John Fitzgerald Kennedy.
2 - La prise du film :
Il est 12 heures 30 à l’horloge qui se trouve au sommet du TSBD. Abraham Zapruder prend un premier rush sur lequel on voit deux motards d’escorte qui précède le cortège pour annoncer son arrivée. Quelques instants après, la limousine présidentielle apparaît. Abraham Zapruder s’apprête à réaliser le plus célèbre travelling jamais réalisé par un amateur. Il ne le sait pas encore, mais il va très rapidement se rendre compte que le destin l’a placé, lui le modeste commerçant de Dallas, à l’endroit approprié pour être le témoin d’une des plus grandes tragédies de la jeune histoire américaine.
La limousine présidentielle a maintenant entamé la descente de Elm street. Bientôt, le cortège va trouver un peu de fraîcheur en disparaissant sous le passage triple sous-terrain. Il ne reste que 200 mètres à parcourir et en finir avec ce défilé présidentiel à travers la ville qui a été un succès total. Passé le passage triple sous-terrain, la limousine prendra l’autoroute de Stemmons pour se rendre au Trade Mart où le Président et sa suite sont attendus.
Le cortège a progressé de quelques mètres quand une première détonation claque et résonne sur toute la place. Nombreux sont ceux qui croient à l’explosion d’un pétard. Cette détonation fait sursauté Abraham Zapruder. Une fois développé, le film montrera clairement sa réaction par la présence d’un flou, attestant que celui-ci a bougé sa caméra au moment de la prise de vue.
La limousine poursuit sa route à faible allure et disparaît complètement, un court instant, de la vue de Zapruder, derrière le panneau indicateur. C’est à ce moment que claque un autre coup de feu ou davantage car les avis divergent sur ce point.
Toujours est-il que lorsque la limousine réapparaît, Abraham Zapruder est saisi par la scène dont il est le témoin. Il voit le Président porter les deux mains à la gorge. Très rapidement, ses deux bras se lèvent et reste dans cette position un bref instant. Ces derniers commencent à retomber et il s’affaisse légèrement vers l’avant et du côté gauche quand le Gouverneur du Texas assis juste devant lui est touché à son tour et grimace. S’agit-il du même projectile ou non ? Le débat reste ouvert 40 ans après. Abraham Zapruder n’est pas arrivé au bout de cette scène d’horreur.
Les deux hommes, touchés tous les deux s’affaissent vers leurs épouses respectives. Quelques secondes plus tard, un projectile est tiré en direction de la limousine. La balle fait littéralement exploser la tête de JFK. Cette scène d’horreur, Zapruder figé et prostré par ce qu’il voit, la saisit dans son objectif, pour la postérité. Jackie désespérée se dresse et commence à ramper sur le coffre de la limousine pour attraper, semble t-il, quelque chose. Un agent des Services Secrets, chargé de la protection rapprochée, qui se trouvait dans la voiture suiveuse " la follow-up car ", grimpe sur le marche pied de la Lincoln présidentielle et réussit à faire rasseoir la première dame à sa place. Très peu de temps après, la limousine disparaît à vive allure sous le passage triple sous-terrain. Le film d’Abraham Zapruder s’achève, la scène n’a duré que 15 secondes.
3 - L’analyse du film
Kenneth Rahn a coutume de dire que le film de Zapruder déroute plus qu’il n’éclaire. Il est vrai que chacun y trouve son compte et que partisans de la thèse unique et défenseurs de celle du complot, image à l’appui, arrive à démontrer le bien fondé de leur thèse. L’analyse de Kenneth Rahn est pertinente. La faiblesse du film de Zapruder réside dans les diverses possibilités d’interprétation qu’offre son visionnage sur des points clés de l’énigme.
Examinons les images du film les plus explicites et voyons pourquoi elles sont, pour certaines d’entre elles, l’objet de contestations ou d’interprétations divergentes.
a) L’image 160 ou l’instant du coup de feu manqué :
La Commission Warren ait ajouté un trouble supplémentaire en refusant de trancher de manière catégorique et sans ambiguïté sur la place du coup de feu manqué. S’agissait-il du premier coup de feu ou du troisième ? Jamais elle ne s’est prononcée, si ce n’est en termes de probabilités, alors que la lecture la plus basique du film montre très clairement qu’il s’agissait du premier coup de feu. C’est très visible sur la version qu’a fait Robert Groden du film de Zapruder. A l’image 160, le Président et le Gouverneur réagisse très clairement à un stimulus externe en tournant simultanément leur tête vers la droite. C’est encore plus visible 4 images plus loin.
Tout porte à croire qu’il s’agit du coup de feu raté dans la mesure où le Président continue à saluer la foule. C’est ce que l’on peut voir sur les images 187 et 194, juste avant qu’il ne disparaisse derrière le panneau de signalisation.
C’est la peuve qu’il n’est pas encore touché et qu’il a réagi simplement au bruit provoqué par la détonation du coup de feu qui a manqué la limousine.
Nombreux sont ceux qui depuis la publication du rapport Warren optent pour cette hypothèse. Que ce soit parmi les défenseurs de la thèse officielle comme Gerald Posner ou parmi les partisans de la thèse du complot comme Robert Groden pour ne citer qu’eux.
Alors pourquoi certains ne sont pas d’accord avec cette interprétation qui semble si naturelle et confirmée par l’image ? Tout simplement parce que cette hypothèse contredit le rapport du FBI pour qui les trois coups de feu ont atteint leur cible :
– le premier est entré dans le dos du Président et le projectile n’a pénétré que de quelques centimètres dans le corps,
– le deuxième a frappé le dos du Gouverneur Connally,
– le troisième, le coup fatal, a atteint le Président à la tête.
Pour plus de précisions sur le rapport se reporter au : rapport du FBI
Doit-on en conclure pour autant que le FBI s’est complètement trompé. Rien n’est moins sûr. Il est en effet très peu probable que le FBI se soit trompé dans son rapport sur les blessures présidentielles. En revanche, il peut avoir fait erreur sur l’instant où le Président a été atteint dans le dos. Or l’image 160 parle d’elle même et exclue l’hypothèse selon laquelle le Président aurait été atteint à cet instant. Il en de même sur les vues suivantes où l’on peut voir JFK saluer la foule sur sa droite jusqu’à la disparition de la limousine présidentielle derrière le panneau indicateur.
Par conséquent si le FBI ne s’est pas trompé sur la nature et la localisation des blessures, il faut en conclure que la première blessure celle du dos est intervenue plus tard. Dans ce cas, le Président a été blessé soit :
– au moment où la limousine disparaît pendant 1,5 secondes derrière le panneau indicateur soit 24 images,
– après que le Président réapparaît sur le film de Zapruder.
C’est là que commence les divergences et les différences d’interprétations.
b) Entre l’image 199 et l’image 225 :
Que s’est-il passé entre ces deux images ? A ce stade nous sommes contraints à émettre des hypothèses en considérant :
– l’état physique des occupants de la limousine et plus particulièrement celui du Président et du Gouverneur Connally avant qu’il ne disparaissent derrière le panneau indicateur,
– la condition physique de ces mêmes occupants à l’image 225, au moment où la limousine Présidentielle réapparaît.
Situation à l’image 199 :
Sauf à être de mauvaise foi, force est de constater qu’aucun des deux occupants n’a été encore touché. Aucun des deux hommes ne manifestent de signes pouvant indiquer qu’ils ont été atteints par une balle.La seule chose qui s’est produite durant toute la séquence allant du début du film jusqu’à l’image n°199 est la réaction des deux hommes à un stimulus externe à la limousine et qui semble provenir de leur droite. C’est en tout cas vers cette direction que se porte brutalement leur tête. Cette réaction est très visible sur le film. Une telle réaction aussi vive et simultanée des 2 hommes ne peut due qu’à une source sonore importante.
Cette source ne pouvait provenir soit :
– d’un pétard jeté par un spectateur se trouvant du côté droit d’Elm street par rapport à la limousine comme de nombreux témoins, peu familiarisé avec le bruit des armes à feu l’ont cru à l’origine,
– d’un coup de feu tiré sur Dealey Plaza pour d’autres comme John Connally qui le déclarera plus tard au moment il témoignera devant la Commission Warren.
L’examen du film de Zapruder ne montre pas de spectateur en train de jeter un pétard en direction du cortège ou aux abords. Il en est de même de tous les autres film ou clichés pris sur la place ce jour là. Cette hypothèse exclue, il reste celle du coup de feu tiré et qui de toute évidence a raté la limousine. Probable ou possible pour la Commission Warren, cette éventualité est plus que probable pour ne pas dire certaine. C’est mon avis en tous cas.
Situation à l’image 225 :
C’est le moment où le Président est à nouveau visible. Il est clair sur cette image que la situation a considérablement évolué depuis l’image 199 et a pris une tournure dramatique. JFK porte les mains à la gorge et son visage prend une expression révélatrice d’un coup porté à la gorge par un projectile.
C’est particulièrement visible sur l’image ci-dessus tirée de l’agrandissement du film de Zapruder réalisé par Robert Groden.
Personne ne conteste ce point. Les divergences d’interprétations portent essentiellement sur l’origine du coup de feu responsable de cette blessure :
– pour les partisans de la thèse officielle cette balle a été tirée du TSBD alors que la limousine était masquée par le panneau indicateur. Pour ces derniers, cette même balle blessa également le Gouverneur Connally. C’est cette balle qui fut qualifié par les partisans du complot de " balle magique " à la fois à cause de l’étrangeté de sa trajectoire et du peu de dégât apparent de cette dernière,
– pour les partisans de la thèse du complot cette balle a été tirée de l’avant.
Examinons par l’image la solidité de leur argumentation respective.
Partisans de la thèse officielle :
Pour ces derniers le film de Zapruder est clair. Le coup de feu a été tiré de l’arrière peu de temps avant l’image 225, alors que la limousine était cachée par le panneau indicateur. A l’image 225, le Président porte clairement les mains à la gorge et pour ces mêmes partisans de la thèse officielle, le gouverneur est touché à l’image 226. A l’appui de cette affirmation, le déplacement vers l’avant du revers de la veste du gouverneur. Cette découverte assez récente est pourtant bien réelle.
Une observation minutieuse de l’image 225 montre clairement le déplacement du revers du veston. John McAdams y consacre une page sur son site : (voir ici)
L’explication donnée pour ce mouvement de revers vers l’avant est la suivante :
La balle après avoir traversée le Président de part en part a poursuivi sa trajectoire vers l’avant et atteint le Gouverneur dans le dos. Poursuivant sa route elle est ressortie du corps du Gouverneur au niveau de la cinquième côte avant de traverser le poignet gauche et finir sa course dans la cuisse gauche de John B. Connally. Le mouvement du revers vers l’avant aurait été alors provoqué par la balle au moment où cette dernière est ressortie du thorax du Gouverneur.
Loin de rejeter d’emblée cette hypothèse, elle résiste assez mal à l’analyse.
• Tout d’abord il aurait fallu pouvoir la confronter à l’examen de la veste du Gouverneur. Rien ne fut fait dans ce sens. De plus, aucun élément du rapport du FBI ou du rapport Warren ne fait état d’un trou ou d’altération des fibres de la veste au niveau du revers de la veste.
• Par ailleurs, la réaction du Gouverneur à la douleur intervient bien après et tend à infirmer cette thèse. Un simple examen de l’image 230 montre que John Connally ne donne pas d’indications de réaction à la douleur.
Il faut attendre l’image 246 soit plus d’une seconde après pour voir John B. Connally grimacer de douleur.
• Rien ne permet de rejeter complètement l’hypothèse selon laquelle ce mouvement est du à l’action combinée du vent présent ce jour là sur Dealey Plaza et du vent relatif provoqué par le déplacement de la limousine.
Mais il faut bien reconnaître que cette lecture ou interprétation faite du film de Zapruder par les partisans de la thèse officielle est supportée par l’image.
Partisans de la thèse du complot :
Le seul point de convergence entre les partisans de la thèse du complot et leurs détracteurs réside dans le fait que le coup de feu qui a atteint le Président dans le cou a été tiré au moment où la limousine était cachée derrière le panneau indicateur par rapport à l’endroit où se trouvait Abraham Zapruder. Pour le reste tout les oppose. Les partisans de la thèse du complot interprètent les images du film de cette façon :
• Le coup de feu a été tiré de l’avant et selon toute vraissemblance du Grassy Knoll. A l’appui de cette affirmation, la postion du Président plaqué contre le dossier de la banquette arrière de la limousine.
• D’autres vont même jusqu’à affirmer que l’homme au parapluie serait à l’origine de la blessure à la gorge. Son parapluie aurait été équipé d’un système sophistiqué de fléchettes qui expliquerait la petite taille de l’orifice de la blessure à la gorge mentionnée par les médecins de Dallas avant qu’ils ne pratiquent la trachéotomie.
• Un deuxième coup de feu tiré de l’arrière serait à la l’origine de la bascule du corps du Président vers l’avant et vers la gauche visible à l’image 226. Cette balle serait à l’origine de la blessure peu profonde dans le dos constatée par le FBI. Cette hypothèse est confortée par ce que l’on voit sur le film.
• Un troisième coup de feu intervient à l’image 246 et atteint le Gouverneur Connally dans le dos. La réaction à la douleur du Gouverneur est visible et elle coïncide avec le témoignage de John B. Connally qui soutiendra jusqu’à sa mort qu’il avait été atteint par un coup de feu différent de celui qui avait atteint le Président. L’examen du film a plutôt tendance à accréditer sa déclaration au cours de laquelle il mentionne qu’il a eu le temps d’observer le Président avant d’être atteint à son tour. Là aussi, les images appuient la thèse des partisans du complot.
Que dire de plus sinon que le film de Zapruder, à l’instar de ce qui a été dit précédemment pour les partisans de la thèse officielle, supporte également les hypothèses avancées par ceux qui défendent la thèse du complot.
b) Entre l’image 312 et l’image 320 :
Partisans de la thèse officielle :
Pour les partisans de cette thèse tout est très clair et la signification des images du film est la suivante :
• l’image 312 :
C’est l’instant où la balle pénètre dans la partie supérieure droite de l’arrière du crâne du Président. A l’appui de cette affirmation, le très léger déplacement de la tête vers l’avant visible sur le film. Il faut préciser cependant que ce mouvement est imperceptible et ne se détecte pas forcément au premier visionnage. Sans être prévenu de sa présence, préalablement au visionnage du film il est quasiment impossible à détecter. A vous de juger de la validité de cette preuve.
• L’image 313 :
C’est le moment où la balle tirée de l’arrière où plus exactement les fragments de balles ressortent de la tête du Président au niveau de la partie supérieure droite du crâne de JFK. Le halo rouge visible sur l’image et la projection de matière cervicale vers le haut et très légèrement vers l’avant permet aux partisans de cette thèse d’étayer leur démonstration. Précisons toutefois que si la projection vers le haut est incontestable, celle vers l’avant l’est beaucoup moins. On note même, dans une moindre proportion il est vrai, de la projection également vers l’arrière. A cette observation, les partisans de la thèse officielle rétorque que la projection vers l’arrière est due au vent relatif provoqué par la limousine. Cependant, il faut se rappeller qu’au moment du coup fatal, la limousine était pratiquement à l’arrêt, comme tous les témoins se trouvant au niveau de la limousine à ce moment là, l’ont confirmé. Dans ces conditions, l’influence du vent relatif devait être considérablement réduite pour ne pas dire nulle.
• Les images 319 et 320 :
Sur ces images apparaît très clairement le mouvement brutal vers l’arrière et vers la gauche de la tête et du tronc du Président. Si tout le monde est d’accord sur cette observation, les explications sur la cause de ce mouvement diffèrent radicalement. Sans revenir en détail sur l’explication donnée à cette page et en particulier sur la théorie du " jet-effect ", rappelons que pour les partisans de la thèse officielle, ce phénomène physique ajouté à une contraction d’origine nerveuse provoquée par les dégâts subis par le cerveau est à l’origine du mouvement. Sans nier l’existence du phénomène du " jet-effect ", il faut rappeler également que la communauté médicale reste divisée sur ce point.
Partisans de la thèse du complot :
• Les images 312 et 313 :
Pour la majorité des défenseurs de cette thèse l’image 312 n’indique rien de particulier sinon qu’elle précède l’image 313 moment de l’impact de la balle fatale. Pour ceux-ci, la balle a été tirée de l’avant et d’un endroit se situant à la droite du Président. A l’appui de cette thèse la partie de halo de sang et de matière cervicale qui a été projetée sur le motard d’escorte se trouvant à l’arrière gauche de la limousine. Cette projection sur le motocycliste n’est pas visible sur le film de Zapruder. Leur thèse est essentiellement confortée par le témoignage de ce motocycliste.
Toutefois, il convient de mentionner que certains partisans de la thèse du complot s’appuie également sur l’image 312 pour étayer leur thèse. Dans leur cas, il pense que le Président a été doublement atteint au même instant :
– par une balle tirée de l’arrière et qui aurait pénétrant à l’image 312 expliquant le léger mouvement de la tête du Président vers l’avant. Toutefois cette balle aurait été tirée d’un endroit autre que celui du coin Sud-Est du dépôt de livres scolaires. L’alignement de la tête du Président et celle de Jackie est tel que cette dernière aurait été également touchée par le projectile. A l’observation de l’image 312, il est vrai qu’il est difficile de rejeter cette hypothèse.
– par une balle tirée de l’avant droit et du Grassy Knoll. Cette théorie se tient car elle permet de mettre tout le monde d’accord sur l’image 312 et d’expliquer la projection de sang et de matière cervicale vers l’arrière gauche de la limousine. Par ailleurs, elle permet également d’expliquer la blessure massive constatée par le médecins au moment de l’admission de JFK au Parkland Hospital. Enfin, comme évoqué précédemment, tous les partisans de la thèse du complot rejètent l’idée selon laquelle la balle provenait du coin Sud-Est compte tenu de l’alignement de la tête du Président et de celle de sa femme.
• Les images 319 et 320 :
Ces images sont les plus déterminantes pour les partisans de la thèse du complot. Le rejet de la tête vers l’arrière et vers la gauche ne peut être que la conséquence d’un coup de feu tiré de l’avant droit du véhicule et selon toute vraisemblance du Grassy Knoll. Par ailleurs et comme le mentionne Robert Groden dans son ouvrage " The killing of a President ", la réaction d’effroi de Jackie à l’image agrandie figurant ci-dessous est révélatrice. Plus que sa réaction c’est l’endroit où elle porte son regard qui est démonstratif sur ce cliché. Le regard de la Première Dame pointe en direction de l’arrière de la tête de son mari.
Pour Groden, elle réagit de la sorte à la vision de la blessure béante située à la partie inférieure droite de la boite crânienne de son mari.
Rien d’étonnant également pour que cette dernière, sur les images suivantes, se dresse puis rampe sur la malle de la limousine pour attraper un morceau du crâne de son mari qui s’était détaché. Ce morceau sera d’ailleurs retrouvé plus tard sur la gauche d’Elm street tendant ainsi à accréditer cette thèse.
Conclusion :
Au terme de cette analyse rapide on peut en conclure que le film de Zapruder sert aussi bien les partisans de la thèse officielle que ceux de la thèse du complot. Tout dépend de la lecture que l’on en fait. A ce titre la remarque de Kenneth Rahn est pertinente. En effet, loin de constituer une preuve inattaquable, le film de Zapruder désoriente. Le paradoxe est qu’il réussit à servir avec un bonheur égal deux thèses antagonistes. Dans ces conditions on comprend mal pourquoi il aurait été truqué ou arrangé puisque chacun y trouve son compte. Pourquoi alors cette suspicion tenace autour de l’authenticité de ce film. Examinons les raisons qui ont pu introduire de tels doutes dans les esprits.
4 - L’authenticité du film en question
L’idée que le film a été truquée a la vie dure. Le débat fat rage 40 ans après sans raison bien fondée. Plus que les raisons techniques, difficiles à prouver, les détracteurs de l’authenticité du film avancent les décisions regrettables prises après le développement de ce dernier. Il faut bien reconnaître que ces décisions ont fait naître des suspicions légitimes. Deux décisions majeures sont à l’origine de la polémique :
• On laissa Abraham Zapruder céder l’original de son film au Magazine Life à qui il accorda l’exclusivité,
• On priva le public américain de cette précieuse pièce à conviction pendant 15 ans.
Life et Zapruder :
Aussitôt le film pis, Zapruder le fit développer dans un laboratoire de Dallas. Deux copies furent faites à partir de l’original. Les heureux détenteurs furent à l’origine :
• Le magazine Life,
• Les services secrets,
• Abraham Zapruder.
Les seules images rendues publiques le furent par l’intermédiaire du magazine Life détenteur exclusif des droits de diffusion. Curieusement, le public français fut parmi les plus gâtés. Paris Match publia la semaine suivant l’assassinat la majeure partie des images du film dans le numéro 765 du 7 décembre 1963. Malheureusement, il manquait l’image 313, celle du coup fatal. L’image 312 était alors présentée comme celle de l’instant de la balle fatale. Ceci veut dire que LIFE distillait les images qu’il revendait au risque d’endommager l’original du film. C’est ce qui arriva hélas. Il manquera à jamais les images 208, 209, 210 et 211 par manque de soin lors des découpages successifs effectués par les services photographiques du magazine.
Nota : C’est ce que j’ai tout du moins pensé pendant un moment. Toutefois, un chercheur a reconstitué l’ensemble des images (frames) et elles sont visibles à cette adresse :
http://www.assassinationresearch.com/zfilm/
Par ailleurs, certaines images furent inversées, lors de la remise en place des images prélevées, de sorte que le visionnage du film donnait des résultats pour le moins inattendus. Certains détracteurs de la thèse officielle, criant au scandale, dénoncèrent une manipulation volontaire destinée à favoriser la thèse officielle.
Le plus regrettable dans cette histoire, c’est que seuls le manque de rigueur, la négligence et l’incompétence sont à l’origine de ce " gag " fâcheux. C’est malheureusement un travers trop fréquent dans le dossier JFK dans le maniement des pièces à conviction. Laisser Zapruder donner l’exclusivité d’une des pièce à conviction les plus importantes du dossier à un magazine, fut-il de qualité, a été une erreur majeure des services officiels et du gouvernement américain. Sa mise sous scellée pendant toute la période de l’enquête aurait du être décidée. On aurait ainsi préservé une pièce à conviction essentielle du dossier.
L’Amérique privée du film :
Pourquoi avoir privé le public américain pendant près de deux décennies. Pire, la première diffusion en séance publique n’interviendra qu’en 1969 à l’occasion du progrès de Clay Shaw à la Nouvelle Orléans. Sans l’insistance de Jim Garrison, combien de temps aurait-il fallu attendre avant la publication du film de Zapruder. Cette diffusion en séance resta toutefois confidentielle dans la mesure où elle ne concerna que quelques jurés et le public présent à la séance du procès de Clay Shaw.
Paradoxalement, la véritable diffusion grand public se fera par l’intermédiaire du film très controversé de Kevin Costner " JFK ".Comment a t-on pu en arriver là et pourquoi avoir ainsi priver le public américain d’un droit de savoir légitime. Il est difficile de répondre à cette question. La thèse selon laquelle le film risquait de remettre en cause les conclusions de la thèse officielle ne tient pas. Celle qui prétend que le film favorisait la thèse du complot ne tient pas non plus. Nous l’avons vu, chaque bord peut trouver la matière nécessaire pour étayer sa thèse, suivant l’interprétation que l’on fait des images du film. Alors pourquoi ? Les raisons mercantiles mises à part, il n’y a rien dans le film qui puisse porter atteinte à la raison d’état. Peut-être le côté choquant voire traumatisant incontestable des images a pu être la raison initiale pour ne pas ajouter au traumatisme ambiant des images difficiles. Même si ce motif peut se comprendre dans les premiers moments qui ont suivi ce drame, une aussi longue attente ne se justifiait pas. Cette privation aura même des effets dévastateurs dans l’opinion. Cette attitude fera naître :
• une suspicion de trucage du film,
• le sentiment qu’on cachait quelque chose, alors qu’il n’y avait rien à dissimuler.
Enfin, l’attitude des descendants de Zapruder compliquera davantage une situation regrettable. En dépit des recommandations de l’ARRB en 1996 qui demanda que le film de Zapruder soit un témoignage d’histoire à la disposition libre du patrimoine et des chercheurs, les descendants de Zapruder se sont lancés dans une bataille juridico-financière avec l’Etat qui n’est toujours pas réglée à ce jour. C’est la raison pour laquelle il est de plus en plus rare de trouver le film de Zapruder sur le web. Les risques financier encourus sont tels que le webmasters sont de plus en plus réticents à le faire figurer sur leur site. Mettre quelques vues tirées du rapport officiel qui est lui dans le domaine public reste la seule alternative limite.
Aujourd’hui, le monde n’est plus privé du film de Zapruder car de très nombreuses copies de qualité variable ont été mises en circulation. Toutefois, la stricte application de réglementation et de la demande de la famille Zapruder pourrait conduire à sa disparition progressive. Heureusement, le flou juridique actuel par rapport à la recommandation de l’ARRB permet de gagner du temps et de retarder une échéance qui plus le temps passe ne devrait pas se produire. La communauté des chercheurs appréciera...
Le film de Zapruder est-il truqué ?
Avant de répondre à une telle question il faut se demander : Dans quel but et pourquoi l’aurait-il été ?
Nous avons vu précédemment que les partisans de la thèse officielle comme ceux du complot trouvait dans le film, tel qu’il se présente, la matière nécessaire pour illustrer leur opinion. Pourquoi donc "arranger" le film ? Une telle opération n’a d’intérêt que pour favoriser une thèse plutôt qu’une autre. Alors bien sûr des imperfections, des tâches suspectes apparaissent dans le film. Signifient-elles pour autant que des manipulations sont intervenues ? Rien n’est moins sûr et très sincèrement, je ne le crois pas. Ne perdons pas de vue que nous sommes dans les années 60 et que la pellicule 8 mm était loin d’être aussi performante et d’avoir le "piqué" des caméscopes numériques actuels. Il faut donc se garder de tirer des conclusions trop hâtives, car seuls les moyens lourds et sophistiqués des laboratoires peuvent nous donner des indications plus précises. En fait, la seule manipulation qui s’est produite est celle dont s’est rendu coupable le laboratoire du magazine Life en opérant des découpages et en inversant ultérieurement des images au moment de la reconstitution du film. C’est ainsi qu’on disparu certaines images (voir plus haut). Enfin et avec l’expérience du 8 mm acquise dans mes jeunes années, manipuler de la pellicule 8 mm est extrêmement délicat et pratiquement impossible sans laisser de traces de la supercherie. De toute façon, une telle manipulation relève du niveau des laboratoires possédant les moyens de le faire. Il n’est pas certain que, même à Dallas à l’époque, une telle manipulation ait été possible. Zapruder a rapidement fait développer son film et les copies ont été très vite diffusées. Le temps matériel manquait pour conduire une telle opération. C’est la raison pour laquelle le film n’a pu être truqué et qu’il est authentique.
5 - Epilogue :
Que dire au terme de ce parcours rapide sinon en conclure que le film de Zapruder dérange plus qu’il n’éclaire. Bien évidemment il reste la source cinématographique de référence de ce drame. A ce titre il occupe la place de choix qui lui est due. Toutefois, ce serait une erreur de ne le prendre que pour unique référence. En effet il faut se poser la question suivante :
Qu’aurions nous fait et quelle tournure aurait pris l’enquête officielle et les autres sans ce film. Sans l’insistance de Mary Sitzman Zapruder n’aurait pas utilisé sa caméra ce jour là et il nous manquerait aujourd’hui cette pièce essentielle au dossier.
Une version "remasterisée" du film existe. Il est possible d’en faire l’acquisition à cette adresse :
Si le film de Zapruder est le plus connu, d’autres existent également. Ils peuvent être visionnés à cette adresse :
http://www.jfk-online.com/films.html
Ils sont instructifs et révélateurs. Toutefois celui de Zapruder est le seul qui contient l’intégralité de l’attentat. Enfin, il y a de nombreux clichés qui une fois réunis donnent une idée assez précise des évènements de ce 22 Novembre 1963.