JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

Interview de James T. TAGUE à son domicile de Plano en 2003

James TAGUE : l’autre blessé de l’attentat


par Pierre NAU

1- Rappel historique

James Tague se trouvait sur Dealey Plaza le 22 Novembre 1963. Observant le cortège de l’entrée du passage triple sous-terrain dans la partie où Main Street poursuit sa route, il fut blessé superficiellement à la joue par un corps étranger qui avant de l’atteindre heurta le rebord du trottoir sur lequel il se trouvait.
Curieusement, la Commission Warren ignorera longtemps ce témoin capital. Ce n’est que sur son insistance et grâce à son opiniâtreté que la Commission daignera enfin le convoquer le 7 juillet 1964. Il dut attendre 7 longs mois avant de se faire entendre. Le témoignage de James Tague était gênant dans la mesure où il perturbait singulièrement le scénario de la séquence des tirs mis en place jusque là par cette même Commission et par le FBI avant elle. Compte tenu de l’emplacement de James Tague et de sa blessure, elle fut dans l’obligation de considérer l’hypothèse qu’une balle avait manqué sa cible et qu’en s’écrasant sur le rebord du trottoir, un de ses éclats avait blessé James Tague. Deux balles restant pour l’ensemble des blessures constatées sur le Président et le Gouverneur du Texas, la théorie de la balle unique mise en avant par un de ses membres, Arlen Specter, finit par s’imposer pour bâtir le scénario de la fusillade, en dépit des réticence et du scepticisme de certains membres de la Commission Warren.


2- L’interview

Présent à Dallas à l’occasion de la commémoration du 40ème anniversaire de l’assassinat du Président Kennedy, James Tague (il préfère qu’on l’appelle Jim) a eu la gentillesse de me recevoir pendant plus d’une heure et demi chez lui dans sa demeure de Plano au Nord de Dallas. Après un voyage de 40 mn en train, je le rencontrais à la gare où il était venu m’accueillir. Après avoir pris place dans sa Cadillac rouge évocatrice des sixties, nous entamons une conversation d’ordre général pour prendre tout simplement contact. Très rapidement on se rend compte que l’on a à faire à un homme plein de bon sens parlant sans détour et très franchement. Le courant passe immédiatement, l’interview proprement dit. Une fois à l’intérieur de son domicile on se rend compte que l’environnement est à l’image de la personne et on s’y sent très vite à l’aise.

Jim Tague le 19 novembre 2003, chez lui à Plano.

Avertissement : Cette interview est ma propriété exclusive et ne peut être reproduit totalement ou partiellement sans mon autorisation.

Tout d’abord Jim, je tiens à vous remercier de me recevoir aussi chaleureusement et de bien vouloir répondre à mes questions.
J’ai entendu dire que vous n’aviez pas prévu de vous rendre sur Dealey Plaza pour voir le défilé présidentiel et que ce n’est que par simple coïncidence que vous vous êtes trouvé là. Est ce vrai ?
Je me rendais en ville à un rendez-vous quand j’ai été bloque sous le passage triple sous-terrain.

Vous étiez donc là par hasard ?
Effectivement, si je n’avais pas été bloqué par le trafic je ne me serais jamais trouvé à cet endroit.

Au moment où vous avez entendu le premier coup de feu, étiez-vous en train de regarder en direction de la limousine ou étiez-vous en train de balayer du regard l’ensemble du cortège ?
OK ! Au moment du premier coup de feu, j’ai entendu comme l’explosion d’un pétard et je me suis demandé quel était l’idiot qui était en train de jeter un pétard au passage du cortège. Je cherchais à savoir ce qui se passait en voyant l’agitation au niveau du Texas School Book Depository puis j’ai entendu le bruit de deux autres coups de feu, différents du premier coup de feu et proches l’un de l’autre. C’est pendant cette période que quelque chose m’a heurté le visage. Je me suis dit dans ma tête qu’il y avait danger et je suis retourné vers le Triple Underpass. Quelques secondes plus tard, je suis ressorti. Je ne savais pas ce qui se passait. Quelqu’un est venu vers moi et m’a demandé :"Qu’est ce qui s’est passé ?" Je lui ai répondu : "je ne sais pas".
Nous avons vu alors un policier à moto s’arrêter au niveau du Grassy Knoll. Il a fait quelque pas tout en parlant à un homme. L’homme lui expliquait : "Sa tête a explosé, sa tête a explosé...". La tête de qui demanda le policier ? Celle du Président répondit l’homme.
La personne en compagnie de laquelle je me trouvais n’était autre que Buddy Watters. Il martelait la pelouse du pied en disant : "Mon Dieu, Mon Dieu, Mon Dieu". Puis il me regarda et me dit : " Vous avez du sang sur la joue." J’étais en fait blessé superficiellement, rien de très sérieux.
Nous sommes revenus sur nos pas, avons traversé Elm. Nous étions tous abasourdis entre Elm et Main et le trafic commençait à reprendre. C’est alors qu’il m’a dit en traversant Main : "regardez, regardez la marque !". Nous nous sommes dirigés vers cette marque. Il y avait une marque fraîche de balle. La balle avait heurté le rebord du trottoir.


J’ai entendu dire à propos de cette marque que la partie de la bordure de trottoir sur laquelle elle se trouvait a été retirée des semaines après l’attentat pour être analysée. Pouvez-vous me le confirmer ?
Oui, Monsieur. La bordure de trottoir a été enlevée 8 mois et demi après l’attentat.

8 mois et demi après ?
Huit mois et demi après. On a essayé de le cacher.

J’avais pour ma part en mémoire, après avoir récemment relu votre témoignage devant la Commission Warren que vous étiez revenu sur les lieux un mois et demi après les faits. Vous l’aviez fait dans le but de prendre des photos pour les montrer à votre famille qui n’habitait pas à Dallas. J’avais pensé qu’un mois et demi après ça n’était pas déjà sérieux pour une analyse précise mais que dire alors de huit mois et demi ?
Ça n’est pas sérieux.

C’est vrai. Je suis d’accord.
Revenons-en à l’impact sur la bordure de trottoir. Quand on observe la bordure de trottoir sur le cliché de Tom Dillard pris quelques minutes après les faits, on comprend mieux pourquoi il était important de faire l’analyse le plus vite possible pour déterminer le type de métal qui pouvait être contenu dans cette marque et établir un lien avec un type de balle et par suite avec une arme. Regardons ce cliché si...
Avez-vous la bonne photo ?

La bonne photo ?
(c’est alors que Jim Tague me prend la photo et l’examine attentivement. Puis il se dirige vers un meuble dont il en retire un dossier contenant une épreuve de cette photo qui ressemble à un original.)
OK c’est la bonne, celle qui est conforme à celle que m’a donné Tom Dillard

Vous avez dit que c’est après le premier coup de feu..
Pas le premier coup de feu, après ce qui m’a semblé être l’explosion d’un pétard. Je n’ai pas identifié un coup de feu. Je n’ai pas été blessé au moment de la première explosion de ce que je pensais être un pétard.

D’accord. Ecartons la première détonation puisque vous dites avoir été frappé par quelque chose après.
Si on se rapporte aux conclusions de la Commission Warren, le deuxième coup de feu a atteint, à la fois le Président Kennedy et le Gouverneur et cette balle retrouvée pratiquement intacte n’a pu heurter le rebord du trottoir et vous blesser par la suite. Le troisième coup de feu a atteint le Président à la tête et s’est fragmentée en plusieurs morceaux. Pour que l’un de ces fragments vous atteigne et compte tenu de l’endroit où vous étiez,il lui aurait fallu être dévié de 90° sur la gauche et conservé suffisamment d’énergie pour heurter la bordure et vous blesser ensuite.A mon avis cette hypothèse me paraît très peu probable. Alors...
Le troisième coup de feu est le coup de feu manqué.

Le troisième coup de feu ?
Je suis sûr de çà. J’ai relu, un par un, tous les témoignages contenus dans les 26 volumes de la Commission Warren. Il avait des témoins de part et d’autre de la rue. Ils ont déclaré que le Président avait été touché à la tête et qu’ils avaient entendu un autre coup de feu après. Le troisième coup de feu est un coup de feu râté.
Le trouble a été provoqué par Gerald Posner. Il a prétendu à l’origine, de son ouvrage, ne pas savoir lequel des trois coups de feu avait manqué sa cible. Il a basé son livre la dessus.


J’ai lu son livre et j’ai une question à propos du coup de feu raté. Posner avance que le premier coup de feu est le coup de feu raté. Il ajoute que la balle a été déviée de sa trajectoire en heurtant la branche d’un arbre,....
Il n’a aucune preuve de ceci, aucune preuve !

OK..il ajoute qu’elle a perdu tout le revêtement de cuivre à ce moment là et qu’elle a ensuite heurté la bordure de trottoir ne laissant que des traces de plomb et d’antimoine,....
et pas de cuivre

C’est cela et avant que vous ne soyez vous-même blessé de façon superficielle.
L’analyse spectrographique n’a pas révélé de traces de cuivre. Aussi la conclusion fut qu’il ne s’agissait pas d’un balle de type "full metal jacket". La Commission Warren a ignoré ceci et a déclaré qu’une balle complète avait heurté la bordure de trottoir. Dans le rapport d’Hoover il est dit que l’analyse spectrographique n’a pas mis de cuivre en évidence dans les vêtements que portait Kennedy.

Alors ceci signifie qu’Oswald n’était pas seul...
Je ne sais pas ce que ça signifie. Est-ce un autre coup de feu ? Cela indique en tous cas que l’on est en présence d’un autre type de munition ?

Dans le même rapport Warren il est dit qu’Oswald n’a utilisé que des balles de type "full metal jacket" à en enveloppe de cuivre ?
C’est vrai. C’est exact. Oui.

Donc ils se contredisentIls se contredisent eux-mêmes. Le fait est qu’il devait y avoir un fragment et comme il n’y avait pas de cuivre sur le fragment, il n’en ont pas parlé.
Les vêtements de Kennedy ne contenaient pas de traces de cuivre. C’est J Lee Rankin qui plus tard a dit qu’il n’y avait pas de cuivre dans les fibres de la chemise.


Je reviens sur un point évoqué précédemment. Vous avez dit avoir entendu 3 coups de feu au total. Est-il possible que vous ayez été influencé par une sorte d’écho induit par les bâtiments entourant Dealey Plaza ?
Je n’ai entendu aucun écho. Tout juste une réverbération sonore, mais pas d’écho.

En se référant à ce que vous avez dit devant la Commission Warren, vous avez déclaré avoir entendu un coup de feu sur votre gauche. Pourriez-vous être plus précis et faire part de ce que vous voulez dire par là ? Autrement dit, compte tenu de la place où vous vous trouviez et de la direction vers laquelle vous regardiez, c’est à dire vers la limousine, doit-on pour autant en déduire qu’un son venant de la gauche signifie un coup de feu en provenance du Grassy Knoll ?
Je me trouvais à l’endroit que je vous ai indiqué. Au moment où je regardais le cortège, mon champ de vision englobait le Grassy Knoll et le Texas School Book Depository.

Mais sur votre gauche, si l’on trace une ligne droite de l’endroit où vous vous trouviez vers la limousine, à gauche de celle-ci se trouve le Grassy Knoll ?
C’est vrai...La réponse se trouve dans la marque laissée par la balle sur la bordure de trottoir. Cette marque aurait permis une identification et de reconstituer la trajectoire.

Au cours de votre témoignage devant la Commission Warren, Monsieur Liebeler qui vous interroge, vous montre une série de photos de façon à ce que vous puissiez indiquer les emplacements dont vous lui parliez. Au moment où il vous montre la CE 354, la question naturelle aurait du être : "Monsieur Tague, montrez-moi les emplacements dont vous êtes en train de me parler.
Au lieu de poser cette question, il vous dit au moment où il vous présente ces photos :"...Bien sûr le TSBD est ici à gauche sur la photo...."
Je considère cette façon de procéder particulièrement déloyale dans la mesure où en mentionnant le TSBD, il influençait le témoin que vous étiez. En d’autre termes il voulais vous faire dire ce qu’il désirais entendre. Qu’en pensez-vous ?
J’étais un gars de la campagne, j’étais naïf. Et vous pouvez constater cette façon de faire dans le cas de beaucoup d’autres témoins. Pour ma part j’essayais d’être le plus loyal possible et je disais ce que je savais.

Vous avez dit que vous aviez senti quelque chose vous heurter et que vous n’aviez pas immédiatement associé cela aux coups de feu. En revanche, vous avez également dit auparavant que cette sensation est intervenue au moment des deuxième et troisième coups de feu. Ceci contredit l’hypothèse de Gerald Posner dans son livre "Case Closed" où il avance que le premier coup de feu est le coup de feu raté.
Qu’en pensez-vous ? Ne croyez-vous pas que Posner a écrit son ouvrage pour contrebalancer l’impact médiatique créé par le film d’Oliver Stone "JFK" et n’a-t-il pas cherché à réhabiliter les conclusions la Commission Warren aux yeux de l’opinion ?
Posner a écrit son livre, il n’a pas pris en compte les travaux de Weisberg.

Weisberg lui a donc fourni des documents ?
C’est exact. Mais il les a ignorés. Il les a ignorés. Posner a écrit qu’il m’avait rencontré et qu’il m’avait parlé. Ce n’est pas vrai, il ne l’a pas fait.

Il a fait de même avec le docteur Wecht.
C’est exact.

Il l’a même dit devant des membres du congrès alors qu’il était interrogé par ces derniers.
C’est vrai. Il a dit qu’il m’avait interviewé alors qu’il ne l’a pas fait. Le livre de Posner est une plaisanterie. Il a induit les gens en erreur en déclarant sans preuve, que le premier coup de feu était le coup de feu raté. Le premier coup de feu a atteint le Président dans le dos.

J’ai noté une contradiction entre le rapport du FBI sur lequel la commission Warren s’est basée et les conclusions de cette même commission. Pour le FBI :


—  le premier coup de feu a atteint le président dans le dos, cette balle a provoqué une blessure peu profonde,


—  le deuxième coup de feu a atteint le gouverneur Connally,


—  le troisième coup de feu, le coup de feu fatal a atteint le président à la tête.
Ceci ne correspond pas aux conclusions de la commission Warren. Qu’en pensez-vous et ne trouvez-vous pas curieux que cette Commission qui se base sur le rapport du FBI en arrive à le contredire ?
Earl Warren a signé l’intégralité du rapport et a fait cette déclaration : « je pense que nous ne saurons jamais tout ce qui s’est passé ce jour là à Dallas. » Il lui aurait réellement fallu plus de temps. Mais il devait sortir le rapport et il l’a signé. Il y avait la pression du Président. En discutant avec un membre de la commission que j’ai rencontré, ce dernier m’a dit qu’il n’y avait eu aucune coopération de la part de Hoover. Ils ont discuté du sujet et Hoover n’en a pas dit davantage que sur son rapport.

Earl Warren était un honnête homme et une personne loyale. Juger Earl Warren sur le seul rapport de la commission qui porte son nom me paraît déloyal.
Il ne voulait pas faire ce travail. Johnson le lui a ordonné. Hoover ne lui a pas facilité la tâche. Quand Warren a nommé J Lee Rankin, conseiller principal de la commission, Hoover a essayé de l’ écarter.

Votre vie personnelle a-t-elle été affecté de près ou de loin par l’assassinat , comme une bonne partie des témoins de ce drame ?
Non.

Je vous pose cette question, car certains témoins, je pense particulièrement à Howard Brennan, ont déclaré que leur vie personnelle avait été profondément affecté par l’assassinat.
Ça n’a pas changé ma vie. Vraiment.

Harold Weisberg dont vous m’avez parlé précédemment et vous-même avaient fait un travail colossal pour faire la lumière sur tous les faits liés à l’assassinat. Était-ce pour combler les manques de l’enquête effectuée par la commission Warren qui s’était presque exclusivement reposée sur le rapport du FBI ?
J’ai écrit mon livre car j’étais fatigué d’entendre dire des contrevérités ou des choses qui ne reposaient pas sur des faits. J’ai écrit mon livre pour dire : voici ce que je sais, voici ce que je suis en mesure de prouver. Et donc le voilà.

Que répondez-vous aux gens qui vous disent : « pourquoi avez-vous attendu quarante ans pour écrire ce livre ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ?"
Je ne pense pas avoir attendu si longtemps. A partir de la soirée du 22 novembre j’ai commencé à écrire et à consigner tout ce que je savais et tous ce dont je me souvenais de ce qui s’était passé au cours de cette journée. C’est un travail progressif sur plusieurs années et c’est le résultat de mon association avec Harold Weisberg grâce auquel j’ai pu consulter un nombre important de documents et de notes.

Vous voulez dire que c’est le fruit d’un travail de quarante ans ?
C’est un travail de quarante années. Et puis j’avais une famille à élever et une carrière à mener. Une fois ma famille élevée et à la retraite, j’ai entrepris d’écrire ce livre.

Je suis impatient de le lire car il doit être intéressant vu l’investissement que vous avez consenti.
J’ai essayé, je crois que j’ai vraiment essayé de faire de mon mieux pour être le plus crédible possible.

Pensez-vous avoir été plutôt chanceux par rapport à d’autres qui n’ont pas eu l’opportunité de témoigner devant la commission Warren. Je pense en particulier à Julie Ann Mercer ?
Je ne sais pas si j’ai été chanceux ou pas. J’ai vu que la commission Warren était sur le point de boucler son travail, vers la fin du mois de juin 1964. J’ai dit alors : « eh ! La commission Warren, il y a coup de feu qui a manqué sa cible."
Ils ont réalisé alors qu’il y avait des témoins, des photos de prises. Ils avaient là un réel problème. C’est alors qu’est apparue la théorie de la balle unique à cause de ce coup de feu raté. Ils disposaient de fragments de balle qui avait atteint le Président à la tête et ils déclarèrent qu’un fragment avait heurté cette bordure de trottoir, après avoir frappé la partie interne du pare-brise de la limousine, car il n’y avait pas de trou dans le pare-brise. Il n’y avait qu’une craquelure mais pas de trou.


Ceci dit la probabilité pour qu’un fragment ait pu frapper cette bordure de trottoir et vous blesser ensuite est faible. Ça paraît même presque impossible.
C’est impossible. C’est impossible qu’un fragment soit venu du pare-brise jusqu’à l’endroit où je me trouvais.

J’ai maintenant une autre question concernant votre comparution devant la commission Warren. Est-ce à la demande spéciale de cette dernière que vous avez comparu le 9 juillet 1964 plus de six mois après les faits et presque à la fin de ses travaux, où est-ce parce que vous avez personnellement insisté ?
Il ne voulait pas entendre parler d’un coup de feu raté.

Mais qui a insisté pour que vous veniez témoigner ?
Je me suis rendu compte plus tard que c’était la demande de J.Lee Rankin. C’est J.Lee Rankin qui l’a demandé. À cause des témoins, de cette marque, il voyait qu’il y avait eu en réalité un coup de feu raté.

Rankin avait des doutes sur la séquence des coups de feu ?
Rankin a ordonné à Hoover de rechercher cette marque sur la bordure du trottoir. Hoover a répondu qu’il n’y avait pas de marque sur la bordure et qu’il ne pouvait pas en trouver. Pour lequel il y a alors dit qu’il existait des photos attestant de la présence de cette marque. Finalement le 23 juillet et se mirent à la recherche de cette marque et le 24 juillet le lendemain il répondit à grands 15 : « eh bien nous avons trouvé la marque. »

Vous avez certainement entendu parler de Billy Soles Estes qui avec William Reymond, un auteur français, a écrit en collaboration un livre dans lequel il met directement en cause Johnson l’organisation de l’attentat. Pensez-vous que Johnson ait été impliqué ?
Non. Pour moi, non. Il n’était pas impliqué.

Même s’il n’a pas été personnellement impliqué, peut-être que des groupes d’influence qui voulaient se débarrasser de Kennedy se sont servis de lui et lui ont demandé d’être coopératif faute de quoi il risquait de lui arriver ce qui allait arriver à son patron. C’est à mes yeux une possibilité, qu’en pensez-vous ?
Il y a des tas de possibilités. En particulier celles venant de la Nouvelle-Orléans. La CIA avait à l’époque des activités liées au groupes anticastristes. La baie des cochons avait laissé un fort ressentiment parmi les Cubains opposés à Castro. Mais je ne sais pas en dire plus. On peut faire des suppositions. Il y a quelques preuves fiables mais pas suffisamment. Ils avaient de l’influence. Tout ceci est très lié à la baie des cochons, à la Nouvelle-Orléans et aux Cubains. C’est l’époque où la CIA avait coopéré avec la mafia en vue d’assassiner Castro. Castro l’a su. Il y a d’état de choses là-dessus, je ne sais pas l’expliquer. C’est en tous cas le rapport qui existait. Toutefois, il n’existe pas de preuve indiquant qu’il y ait eu un complot émanant d’officiels d’un gouvernement en vue d’assassiner Kennedy. Aucune preuve.

Ne pensez-vous pas qu’Hoover se soit fait en quelque sorte doublé par la CIA ou tout au moins par une partie de celle-ci, dissidente à la suite de la baie des cochons et qu’il n’a pas vu venir le complot qui allait assassiner le président. Car après tout, Hoover avait des éléments. Il avait des renseignements de la part de ses agents. L’un d’eux suivait même Oswald peu de temps avant l’attentat. Mais il est resté passif et n’a pas pris les précautions qui s’imposaient. Ceci explique peut-être les raisons pour lesquelles il n’a pas facilité la tâche de la commission et qu’il a même dissimulé certains indices qui auraient pu mettre en évidence certaine carences de son bureau. Au fond il devait être vexé qu’en pensez-vous ?
Il était embarrassé. Oswald travaillait en réalité pour la CIA.

Vous pensez vraiment que Oswald travaillait pour l’agence ?
J’ai entendu parler de missions de sa part, il y a beaucoup d’indices qui le suggèrent. Oswald travaillait en réalité pour la CIA, au moment où il est allé en Union soviétique. Je suspecte qu’il en fait de même quand il se trouvait à la Nouvelle-Orléans. La CIA, qui avait récupéré des armes en provenance d’arsenaux militaires, fournissait le soutien logistique au groupes anticastristes et Oswald était impliqué dans cette affaire.

Oswald, une fois incarcéré, a prétendu qu’il n’était qu’un « pigeon » était-il crédible ?
Il a peut-être été le bouc émissaire. C’est possible. J’explique pourquoi il a pu l’être. Truly, le super intendant du dépôt de livres, accompagné de Marrion Baker, se sont rués en quelques secondes à l’intérieur du dépôt de livres après les coup de feu, 15 secondes après ils ont trouvé Oswald dans la cantine, qui du sixième plancher se retrouvait quatre planchers plus bas. Ils l’on vu : calme, détendu et serein. C’est pourquoi...

Oui mais il y a quelque chose de troublant malgré tout. Comment expliquer qu’Oswald après avoir tiré le troisième coup de feu, vérifié qu’il avait atteint sa cible, caché son arme et dévalé les escaliers,...
Descendu les escaliers en marchant.

O.K !, descendu les escaliers en marchant, ait été capable de descendre quatre étages pour se retrouver au deuxième étage alors que dans le même temps Baker et Truly qui ont déclaré s’être précipités n’ont été capable que de monter un étage. Il y a là quelque chose qui ne colle pas.
Oswald a quitté rapidement les lieux. Il portait une arme sur lui et le policier a été tué. Il a été recherché parce qu’il manquait à l’appel des employés du dépôt de livres.
Cela dit, le coup de feu raté, tiré du dépôt de livres, indique qu’il est coupable et sa rencontre avec Truly et Baker au deuxième étage indique plutôt qu’il est innocent. Entre les deux était-il un pigeon ? Je ne sais pas.


Avez-vous déjà rencontré Marina Oswald ?
Non jamais. Non.

Que pensez-vous d’elle et du fait qu’elle ait changé d’avis à plusieurs reprises ?
Je ne sais pas si elle a vraiment changé d’avis ou s’il s’agit simplement d’une différence de langage. Après l’attentat, elle a été conduite dans une auberge sous la bonne garde du FBI et du Secret Service. Et au cours de son interrogatoire, hormis les questions de routine qui lui ont été posées, on lui demanda si elle avait entendu parler de David Ferrie. Ils écrivaient en réalité Ferry. Nous savons ce que David Ferrie pouvait être. Mais pourquoi 36 heures ou quarante heures environ après l’assassinat, le FBI lui demandait quelque chose à propos de David Ferrie ?
Il y a eu probablement une conspiration, reconnue comme une affaire de sécurité intérieure et beaucoup de faits liés à l’assassinat ne peuvent pas être rendus publics car ils conduiraient inévitablement à la conspiration.


J’ai été impressionné également par le témoignage de Robert Oswald, le frère de l’assassin présumé.
J’ai déjà lu son témoignage. C’est quelqu’un de très bien. De très bien.

C’est vrai. Il a écrit également un article dans un journal : « le fardeau d’un frère ("a brother’s burden") ». Dans cet article, il dit être convaincu de la culpabilité de son frère qui aurait agi dans un moment de folie. Cette déclaration correspond-t-elle à son intime conviction ou le dit-il pour protéger sa famille d’une certaine manière. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas lu cet article, ni son livre.

Mike Griffith qui est un auteur que vous connaissez sûrement a publié un article visible sur son site, dans lequel il dit que la marque sur la bordure de trottoir indique à elle seule la présence d’un deuxième tireur sur Dealey Plaza le 22 novembre 1963. Qu’en pensez-vous ?
Le nombre de blessures et le coup de feu manqué nécessitent plus de trois coup de feu. Dans le cas de la commission, le premier coup de feu est raté et les deux autres causent toutes les blessures. C’est la raison pour laquelle ils ont eu recours à la balle unique pour expliquer toutes les blessures. Mais revenons à l’autopsie. La blessure dans le dos se trouve à six pouces sous l’épaule, le trou de la veste se trouve à six pouces vers le bas. Il en est de même pour celui qui se trouve dans la chemise. Or sur le dessin que la commission qu’a publié la Commission Warren dans son rapport, on voit que le trou se situe au niveau du cou. Il apparaît à cet endroit pour que la balle puisse ressortir par la gorge. Mais la balle n’est pas entrée dans le cou, elle a pénétré plus bas. La chaîne ABC essaie à l’aide de simulation informatique de recréer et de justifier le trajet de la balle unique. Mais ça ne colle pas et tout ceci est la preuve de dissimulation.
C’est également ce qui m’a dérangé au moment où j’ai vu l’image de la courbe publiée dans le rapport et qui est différente de celle que je possède et que je vous présente là devant vous. Sur la pièce à conviction 90 de la commission Warren il y a des différences d’ombre et de tenue du stylo qui pointe vers la marque par rapport à ma photo.
Tom Dillard, a pris cette photo, j’ai pris ma position et Tom se tenait derrière. La photo a été adressé aux Dallas Morning News et Dillard m’a donné l’original. C’est celui que je vous présente aujourd’hui. Je ne sais pas si Dillard a pris une autre photo de quelqu’un dans cette même position. Pas à ma connaissance en tout cas.


C’est très étonnant en effet...

Il ne reste maintenant à vous remercier Jim et pour tout le temps vous avait bien voulu m’accorder, d’autant plus que votre emploi du temps est particulièrement chargé en cette semaine du 40e anniversaire de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, pour le témoin important que vous êtes. Grâce à vous, à votre témoignage, vous avez contraint la Commission Warren a recourir à l’explication de la séquence des coups de feu et des blessures par la balle unique. Elle s’est discréditée.
Sans votre obstination à être entendu ou en serions nous aujourd’hui ?
Merci Jim.

Après quelques minutes de conversation, hors interview, Jim me ramène à la gare. Des journalistes Russes arriveront bientôt à son domicile pour une autre émission. Nous prenons congé et nous nous saluons chaleureusement. J’ai pour ma part du mal à quitter sa compagnie et un homme de sa qualité.

Pour en savoir plus sur Jim Tague et son ouvrage, il suffit de se rendre sur son site à l’adresse suivante :

 


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