JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

Un complot ?

Analyse de la probabilité de présence d’un complot


par Pierre NAU

La thèse officielle est presque trop parfaite. L’assassin du Président est arrêté moins d’une heure après le meurtre. Tout est tellement bien mené, la recherche d’Oswald, son arrestation, son inculpation du meurtre de J.D. Tippit et de celle presque simultanée de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Son assassinat par Jack Leon Rubinstein dit « Ruby » moins de 48 heures après la disparition de Kennedy empêche toute instruction et procès. Le mystère Kennedy débute.

Mais quels sont les points particuliers qui amènent à douter des conclusions de la thèse officielle celle rendue célèbre par le rapport Warren ?

1- Examinons dans un premier temps l’attitude et le comportement d’Oswald dans chacun des actes du drame.

Le meurtre proprement dit

Sans se lancer dans des hypothèses plus ou moins farfelues et donc plus ou moins crédibles, l’attitude d’Oswald posté à la fenêtre du cinquième étage du dépôt de livre scolaire est surprenante. Examinons les faits et rien d’autre.

1 - Pourquoi ne fait-il pas feu sur le Président alors que la limousine progresse face à lui dans Houston street ? Il a là une cible facile à viser, qui grossit au fur et à mesure de la progression du cortège. Aucun obstacle n’altère son champ de vision et la voiture s’apprête à ralentir avant de continuer sa route vers Elm street par la gauche. Les conditions de tir sont alors optimales.

2- Pourquoi attend-il que la limousine pénètre dans Elm street, qu’elle réapparaisse à sa vue après avoir dépassé les tilleuls qui la lui masquaient avant de se décider à tirer ? La voiture présidentielle est alors à 90 mètres de lui, s’éloigne et reprend de la vitesse après avoir débouché dans Elm street ? Les conditions de tir sont, contrairement à celles évoquées plus haut, bien plus délicates et l’entreprise est alors susceptible d’être vouée à l’échec.

- La différence de comportement d’Oswald entre l’assassinat du Président Kennedy et le meurtre de l’agent Tippit dont on l’accuse.

1- Immédiatement après les coups de feu, le motocycliste Marion Baker fait irruption à l’intérieur du Texas School Books Depository. Accompagné de Roy Truly, le gérant de l’établissement, il atteint la cantine du premier étage où il aperçoit un homme. Cet homme très calme est à peine surpris, quand l’arme pointée vers lui Baker demande à Tuly s’il connaît cet individu. Oui répond ce dernier, c’est un de mes employés : Lee Harvey Oswald. Voilà un homme qui vient de tirer sur le Président, qui n’est pas essoufflé alors que moins d’une minute depuis le dernier coup de feu vienne de s’écouler. Immédiatement après avoir dissimulé son arme, il a eu le temps de descendre par les escaliers du cinquième étage au premier et de pénétrer à l’intérieur de la cantine où il vient d’acheter une bouteille de Coca-Cola. Quel sang froid et quelle maîtrise de lui-même.

Le même homme sort tranquillement du Texas School Books Depository et prend l’autobus pour rejoindre son domicile. S’apercevant rapidement que le bus est pris dans un embouteillage, il décide de rebrousser chemin en prenant un taxi pour rentrer chez lui. Prévenant et galant, il va même jusqu’à proposer le même taxi à une dame d’un certain âge entrée en même temps que lui dans le véhicule.

Une fois arrivé chez lui il se change rapidement prend son revolver et ressort aussitôt. Pourquoi ? Après tout il ne risque rien à rester chez lui. Si la police fait irruption dans son logement il aura beau jeu de déclarer qu’il a rejoint son domicile car étant donné les circonstances, la journée de travail était terminée. Il n’est pas le seul à avoir quitté le Texas School books Depository pour le même motif.

2 - Oswald se retrouve dans Oakliff quand la voiture de Tippit l’accoste. Le changement d’attitude d’Oswald est frappant et suscite bien des interrogations :

Que lui dit Tippit pour qu’il perde subitement son sang-froid ?

En admettant que ce dernier lui en explique la raison au cours de leur brève discussion, Oswald aurait pu essayer de se justifier. Peut-être a-t-il tenté de le faire. Si Tippit est alors abattu c’est qu’Oswald se sent menacé. N’a-t-on pas retrouvé l’arme de Tippit légèrement ôtée de son étui. Pour répondre à la menace d’Oswald ? Peut-être. Les déclarations des deux principaux témoins du meurtre sont trop contradictoires et versatiles pour apporter un éclairage satisfaisant. C’est particulièrement vrai dans le témoignage du principal témoin à charge Madame Markham..!

- Pourquoi fuyant les lieux du crime, perd-il le contrôle de lui-même au point de laisser tomber au pied de Tippit ses papiers personnels* de la poche de son blouson et , plus incroyable encore, de se débarrasser de son blouson sur un parking ?

*Nota : On trouvera sur Oswald au moment de son arrestation un portefeuille à l’intérieur duquel se trouvaient ses papiers. Deux portefeuilles pour un seul homme c’est beaucoup. Curieux !!

Cette attitude complètement incohérente le condamne ou rend pour le moins suspecte son attitude. Un criminel laissant des indices pour mieux être identifié ne s’y prendrait pas autrement. Poursuivant sa fuite éperdue, son agitation est telle qu’il attire l’attention d’un commerçant étonné de son comportement étrange. Ce dernier le voit même rentrer sans payer dans un cinéma le Texas Theater.

Le Texas Theater

 
- Pourquoi se dispense-t-il d’acheter un ticket alors qu’il a largement de quoi le payer en poche ?

Lui, Oswald, qui a acheté un billet pour prendre l’autobus, payé la course du taxi attirerait donc bêtement l’attention en pénétrant sans payer. Quel changement de comportement par rapport à l’homme qu’ont rencontré il y a à peine une heure Baker et Truly.

Que s’est-il donc passé ? - dédoublement de la personnalité ? - est-ce bien le même homme auquel nous ayons affaire ? - L’attitude d’Oswald tireur solitaire

La différence d’attitude de Lee Harvey Oswald entre le moment où il est interpellé par Baker dans la cantine du premier étage du dépôt de livres et où il est appréhendé dans le Texas Theater est étonnante. Calme et maître de lui il cède à la panique et adopte une attitude incohérente. Que s’est-il passé ? Avons nous affaire au même homme. Nous sommes en droit de nous le demander tant le contraste est saisissant ?

Si Oswald est bien le tireur solitaire désigné par la commission Warren, il n’ y a pas de raison qu’il change d’attitude entre l’assassinat du président et le meurtre de Tippit. L’assassinat du premier est autrement plus impressionnant et beaucoup moins "tristement commun" que le meurtre d’un agent de police.

Si nous avons affaire au même homme, il est difficile d’admettre qu’il perde complètement le contrôle de lui-même après le meurtre de l’agent de police, alors qu’il fait preuve d’un "self-control" remarquable quand il est interpellé par Baker dans la cantine peu après les coups de feu. Pourquoi réagit-il aussi brutalement à l’intérieur du cinéma quand il est interpellé, allant jusqu’à essayer d’abattre un des policiers qui essaie de le maîtriser ? Cette attitude le condamne alors qu’à priori le seul grief qu’on puisse lui tenir, pour l’instant, est d’être entré sans payer. Pourquoi prononce-t-il la phrase désormais célèbre : "Eh bien, tout est fini maintenant. Est-ce qu’il comprend qu’on l’a découvert ? Peut-être. Est-ce que quelque chose cloche dans le scénario et quel scénario ? A ce stade des interrogations il convient d’expliquer les raisons qui peuvent laisser supposer qu’Oswald n’était peut-être pas seul impliqué dans les faits qu’on lui reproche.

2- Examinons les possibilités techniques permettant l’exécution de l’attentat de fenêtre du cinquième étage du dépôt de livres tel que décrit par la Commission Warren. Dans ce cadre et avant d’en venir aux aspects techniques de la réalisation, voyons quelles étaient les aptitudes d’Oswald dans le domaine du tir.

Capacités de tireur d’Oswald

Dans ce domaine particulièrement "sensible", les conclusions sur les aptitudes d’Oswald amènent des interrogations légitimes.

- Comment la commission Warren a-t-elle pu conclure qu’Oswald ait pu tirer avec son Mannlicher Carcano 3 balles en moins de 7 secondes, alors qu’aucun des tireurs d’élite choisis par elle n’a été en mesure de le faire dans les conditions de l’assassin présumé le jour de l’attentat ?

Seul un des tireurs choisis a pu, sur cible fixe, loger 3 balles dans un laps de temps similaire.

- Comment le même Lee Harvey Oswald, à qui l’on a attribué la tentative calamiteuse d’assassinat sur la personne du Général Walker, une personnalité d’extrême droite de Dallas, en avril 1963 a-t-il pu réussir l’attentat de Dealey plaza ?

Au printemps dernier, Oswald aurait raté un attentat apparemment facile. Au cours d’une soirée d’avril, une fois la nuit tombée, le Général Walker se tenait à son bureau, dos à la fenêtre, offrant ainsi une cible immobile parfaitement visible du fait de l’éclairage intérieur. Toujours est-il qu’Oswald, à qui la commission Warren a attribué cette tentative de meurtre, a raté une cible immobile et située à une vingtaine de mètres de l’endroit où il se trouvait. Cet épisode en dit long sur les prétendues capacités d’Oswald en matière de tir. Malgré cet épisode la commission ne se départira pas de sa conviction qu’Oswald était bel et bien l’auteur des coups de feu de Dealey Plaza. L’entêtement de la commission, sur cet épisode en particulier, la discrédite et jette une zone d’ombre sur la qualité de ses investigations.

- Comment expliquer qu’Oswald ait été en mesure de réaliser le tir parfait sans entraînement sérieux préalable ?

Un minimum de pratique est nécessaire dans ce domaine, même pour un tireur d’élite, ce qui n’est pas le cas d’Oswald. Marine autrefois, il n’a jamais particulièrement brillé dans le domaine du tir au contraire. Il se situait dans la moyenne basse et sûrement pas au niveau du tireur d’élite qu’on lui a prêté. L’absence d’entraînement d’Oswald est pratiquement indiscutable car il ne s’est servi qu’une seule fois de son arme entre le mois d’avril 1963 date de l’achat et le 22 novembre de la même année. Cette hypothèse est vérifiée dans la mesure où l’on ne retrouvera pas, dans les perquisitions effectuées au cours de l’enquête, de boîte de munitions à son domicile ou dans le garage des époux Paine à Irving. Marina, sa femme, n’a pas non plus fait état d’un entraînement intensif dans ce domaine. Au cours de sa déposition devant la commission Warren, Madame Bledsoe, la logeuse de la chambre qu’occupa Oswald en octobre en ville n’a pas fait de déclarations laissant entendre qu’Oswald pratiquait le tir assidûment. La commission a pourtant insisté en lui demandant à plusieurs reprise de décrire le nombre et la morphologie des sacs qu’Oswald avait en sa possession au moment de son séjour. La commission la met pratiquement sur la voie pour lui faire dire qu’Oswald avait autre chose qu’un sac qu’elle décrit comme un sac de marin. En vain. De plus elle mentionne qu’Oswald passait la majeure partie de son temps dans sa chambre, hormis les sorties effectuées dans le but de trouver un travail. Curieux pour un homme qui dans un mois va assassiner le Président. Il ne s’entraîne pas et sa principale préoccupation est la recherche d’un emploi. Son souci est toutefois légitime car bientôt la naissance d’un deuxième enfant va agrandir sa petite famille.

- Comment Oswald qui n’était pas le tireur d’élite qu’on prétend a-t-il pu réussir le tir parfait à l’aide d’une carabine inadaptée et mal réglée ?

Avant de répondre à cette question il convient d’apporter une réponse préalable à une autre interrogation : le Mannlicher Carcano d’Oswald est-il bien l’arme du crime de Dealey Plaza ? Loin d’être incongrue ou déplacée, cette question est suggérée par la lecture du rapport Warren et du témoignage du policier Seymour Weitzman. Dans sa déposition, il dit avoir identifié l’arme découvert derrière une rangée de livres au cinquième étage du dépôt de livres comme étant une carabine de type Mauser GEWHER de 7,92 mm. S’agissant d’un des meilleurs éléments de la police de Dallas et vu son expérience des armes, une confusion de sa part est exclue. On peut donc se demander comment cette carabine est subitement devenue une Mannlicher Carcano. Outre l’arme proprement dite, la lunette de visée montée sur la carabine d’Oswald était mal montée. Cette dernière était réglée pour un gaucher alors qu’Oswald était droitier. Marina sa femme et ses relations ont été tous clairs sur ce point. On le voit mal dans ces conditions réussir le tir parfait qu’on lui prête.

- Comment la commission Warren peut-elle être aussi affirmative et prétendre que le tir que devait réaliser Oswald n’était pas difficile ?

Si l’exécution du tir attribué est une chose facile on est en droit de se demander pourquoi aucun des tireurs d’élite choisi par la commission Warren elle-même n’a été en mesure d’égaler la performance d’Oswald. C’est à dire un tir dans l’environnement de Dealey Plaza et sur une cible mobile placée sur le même type de voiture que celle dans laquelle avait pris place John Fitzgerald Kennedy. Contrairement à toute logique, c’est sur une cible fixe disposée à l’intérieur d’un autre type de véhicule et dans un endroit différent de Dealey Plaza qu’a été faite la reconstitution. Pourquoi ? Il faut dire que les résultats obtenus par les tireurs désignés n’encourageaient guère la commission à corser la difficulté. Ce qui ne l’empêchera pas de conclure qu’Oswald avait réalisé ce tir, somme toute facile, aux dires des experts de la commission seul et sans l’aide de quiconque.

En voulant défendre à tout prix une position indéfendable, la commission Warren s’est considérablement discréditée. En s’obstinant à faire d’Oswald le tireur unique et en persistant à ne pas vouloir entendre tous les témoins qui par leurs déclarations laissaient supposer qu’Oswald n’était peut-être pas le seul tireur, elle a créé les conditions pour que l’on mette en doute la crédibilité de son travail. Voyons maintenant quels sont ces témoins oubliés qui, en toute bonne foi ont vu ou entendu autre chose et réagi en conséquence. Cet examen est primordial car si ces témoignages suggèrent que les coups de feu ne proviennent pas exclusivement du dépôt de livres, la thèse du tireur unique défendue par la commission s’effondre. On est alors obligé d’admettre qu’Oswald a été aidé.

3 - Dans quelles conditions et comment Oswald a-t-il pu être aidé dans l’exécution de l’attentat de Dealey Plaza ?

Envisagez qu’Oswald ait été aidé n’atténue en rien sa culpabilité et ne remet pas en cause sa participation à l’assassinat du Président. Qu’il est tiré ou non, il était bien présent à l’intérieur du Texas School Books Depository. Truly et Baker l’ont vu après les coups de feu et ses collègues de travail l’ont vu au cinquième étage avant de le laisser seul au moment du déjeuner. Etait-il pour autant à la fenêtre du cinquième étage au moment des coups de feu ? Oui si l’on considère les dépositions des témoins à charge.

Les témoins à charge :

Des principaux témoins à charge faisant état de la présence d’un individu en arme à la fenêtre du cinquième étage peu avant l’attentat et après, Howard Brennan est celui sur lequel la commission Warren s’est particulièrement appuyée. Non seulement il avait vu un homme à la fenêtre mais il était aussi en mesure d’identifier cet homme comme étant LeeHarvey Oswald. On comprend aisément pourquoi la commission se soit intéressée à lui. On ne peut pas contester à Brennan d’avoir vu un homme à la fenêtre. D’autres témoins ont fait la même constatation et à des endroits différents. En particulier deux détenus de la prison du comté qui avait, face à eux, le Dépôt de livres. Leur vision diffère de celle de Brennan à un petit détail près il est vrai. Ce dernier est d’importance, car ceux sont deux hommes que Rowland et Brown affirmaient, à l’époque, avoir vu à la fenêtre. L’un des deux hommes se tenait en retrait par rapport au tireur. Leur vision qui pouvait paraître imaginaire et peu fiable venant de détenus, ne souffre plus désormais la moindre contestation car, bien des années après le drame, les progrès de traitement de l’image évoluant, c’est effectivement bien deux hommes que l’on distingue à la fenêtre. On ne peut donc absolument pas remettre en cause la présence d’un ou plusieurs individus à la fenêtre Est du dépôt de livres. Toutefois si la présence de deux individus est avérée, la théorie du tireur isolé n’est plus crédible. On peut considérer que même limitée au dépôt de livres et à 2 hommes uniquement, nous avons bien affaire à une conspiration.

La capacité de Brennan à reconnaître Oswald qu’il n’avait jamais vu auparavant est beaucoup plus contestable. Souffrant de myopie il lui était difficile de reconnaître un homme situé à une quinzaine de mètres plus haut. On peut supposer que lui aussi comme d’autres a été influencé, dans la mesure où avant d’être interrogé par la police, il avait vu le portrait d’Oswald abondamment diffusé par les médias. Ceci n’empêcha pas la commission de considérer le témoignage de Brennan comme accablant et particulièrement probant. D’autres personnes avaient pourtant vu ou entendu autre chose ce jour là. Curieusement, la commission n’a pas manifesté le même intérêt pour ces témoins du drame.

Les témoins oubliés :

Immédiatement après les coups de feu, nombreux sont ceux qui se sont dirigées vers un autre endroit de Dealey Plaza. Un véritable mouvement de foule a spontanément convergé en direction du Grassy Knoll (bute herbeuse).

L’afflux de monde en direction du Grassy Knoll ne peut être mis en doute. Des instantanés photographiques attestent de cette convergence. Cette attitude spontanée concerne plus de la moitié des personnes se trouvant sur Dealey Plaza le long d’Elm street. Non seulement le simple badaud, mais aussi des policiers de la ville se sont précipités dans cette direction. Pourquoi donc la commission Warren a purement et simplement ignoré ou pour le moins négligé les témoins qui avait entendu ou vu autre chose et qui avait réagi en conséquence. Parmi eux deux témoins, pour ne retenir que ceux-ci, aurait dû particulièrement retenir l’attention de la commission. Il s’agit de Lee Bowers et de Hed Hoffman. Le premier a été négligé par la commission qui n’a pas exploité tous les aspects de son témoignage et qui n’a pas souhaité lui poser les questions qui risquait de remettre en cause sa thèse : celle du tireur unique. Le second a été pour sa part complètement ignoré par les enquêteurs de la commission.

Lee Bowers était particulièrement bien placé pour observer tout ce qui se passait dans l’espace compris entre la voie ferrée et le Grassy Knoll. Du poste d’aiguillage où il se trouvait, aucun mouvement ne pouvait lui échapper. La circulation dans le parking étant interdite depuis le milieu de la matinée, il sera surpris de voir circuler, dans l’heure précédant l’arrivée du cortège présidentiel, 3 voitures différentes à des intervalles de temps réguliers et patrouillant chacune dans un secteur précis. La dernière d’entre elle pénétra dans la zone quelques minutes avant les coups de feu, son conducteur semblant tenir un microphone à la main. Ce fait est d’autant plus curieux qu’aucune voiture des services secrets ou de la police n’avait semble-t-il pour mission de circuler dans cette zone. Alors que faisaient donc ces véhicules dans un endroit aussi sensible, peu de temps avant le passage du cortège ? Il difficile de s’empêcher de penser que leurs conducteurs étaient là pour s’assurer que tout était en ordre dans le secteur. Autre fait troublant la dernière voiture, celle qui avait fait l’inspection la plus longue et la plus minutieuse était encore là au moment des coups de feu et non loin de la palissade en bois, là où Bowers observera quelque chose de beaucoup plus important et de capital pour l’enquête. Au moment des détonations Bowers verra de la fumée s’élever de l’endroit où se trouvaient 2 hommes. La description qu’il fera de ces derniers sera étrangement semblable à celle de Julie Ann Mercer. Cette dernière bloquée dans un embouteillage dans Elm street le matin de l’attentat, verra 2 hommes se diriger vers le sommet du Grassy Knoll, l’un d’eux portant un étui étrangement semblable à un conditionnement d’un fusil. Les 2 témoins ont fait une description vestimentaire des 2 individus quasi identique sans se concerter bien évidemment puisque leurs observations ont été faites à des moments et à des endroits différents. Pourquoi donc, encore une fois, la commission Warren n’a-t-elle pas accordé plus d’intérêt à ces témoignages capitaux. Comment expliquer un tel comportement sinon en supposant que leurs déclarations s’écartaient de leur thèse : celle du tireur unique.

Hed Hoffman était lui aussi très bien placé. Non loin du Triple Underpass il verra peu après les coups de feu, un des hommes qu’avait observé Bowers courir vers un complice à qui il tendra une arme . Ce dernier la placera dans un sac après l’avoir démonté et disparaîtra. Beaucoup de détracteur d’ Hed Hoffman, mettent en doute sa déclaration en arguant le fait que celle-ci faite dans les années 1990 est bien trop tardive pour être crédible. Malheureusement pour eux, on sait depuis peu qu’Hoffman, sur les conseils d’un membre de sa famille et contre l’avis de son père qui le lui avait formellement interdit, sera entendu par le FBI une semaine environ après l’attentat. Curieusement, là aussi, il semble que le procès verbal de sa déposition se soit égaré...

Quoiqu’en dise la commission Warren, il semble bien qu’il se soit passé quelque chose d’anormal au niveau du Grassy Knoll. Pourquoi les nombreux témoins et en particulier ceux évoqués plus haut ne seraient ils pas aussi crédibles que ceux qui ont vu un tireur posté à la fenêtre du cinquième étage du dépôt de livres ?

Qu’en conclure ? Si on admet la présence d’un tireur au niveau de la palissade en bois du Grassy Knoll on comprend mieux pourquoi Oswald ou celui tenant l’arme vue à la fenêtre du cinquième étage a fait feu vers le sud dans Elm street et non dans Houston Street où un tireur unique aurait eu un tir beaucoup plus facile à exécuter. Plus facile mais plus aléatoire, au cas où il viendrait à rater son objectif. Dans cette hypothèse, le tireur n’a aucun droit à l’erreur. Pour avoir le plus de chance d’atteindre sa cible, il attendra que la limousine arrive au bout de Houston Street et qu’elle ralentisse juste avant de prendre par la gauche la direction d’Elm Street. La cible visée est alors pratiquement à l’arrêt et la tête du Président apparaît très grosse au tireur qui l’observe à travers la lunette de visée de son arme.

La voiture vient de quitter Main Street et va bientôt empruter Houston Street pour se retrouver face au dépôt delivres. Oswald ou le tireur posté à la fenêtre du cinquième étage (cerclée de rouge) voit la limousine arriver face à lui. Poursuivant sa route, la voiture présidentielle sera obligée de pratiquement s’arrêter pour négocier le virage à gauche à 120° et pénétrer dans Elm Street. La limousine presque immobile est alors une cible idéale pour un tireur isolé et la réussite du tir à peu près garantie.

 
Toutefois, en cas d’échec il ne peut changer sa position et opérer une rotation de 120° avec son arme sans être vu des spectateurs massés le long du cortège. De plus, les cartons qu’il a disposé pour limiter les chances d’être observé par la foule, lui interdisent toute rotation importante. Pour toutes ces raisons, il est difficile d’imaginer qu’Oswald qui quelques mois plus tôt a raté la cible facile qu’offrait le général Walker soit en mesure de réussir un tir autrement plus délicat au plan technique et émotionnel. Tuer le président des Etats-Unis n’est facile pour personne. Aussi, il lui faut être aidé. Ceci vaut pour lui, s’il est bien le tireur qu’a vu Brennan, comme pour tout autre tireur. En quoi consiste cette aide ?

La réussite d’un tel tir est facilitée si l’on a convenu au préalable de procéder en effectuant un tir croisé à l’aide de 2 ou plusieurs armes. Limitons nous aux déclarations de Brennan et de Bowers qui chacun ont vu ou observé à des endroits différents, des manifestations liées à un tir d’armes à feu. Leurs observations permettent d’imaginer le tir croisé de 2 tireurs. L’un faisant feu vers le Président dans son dos, l’autre tirant vers l’Est en direction du flanc droit de la limousine. 

Position de la limousine au moment du coup de feu fatal (Photo Kate Taylor)

 

Cerclé de jaune, la position probable du tireur appellé "Badgeman" pour sa tenue vestimentaire (veste ressemblant étrangement à celle d’un policier)

Dans cette hypothèse, il est clair que la victime des tireurs, sous le feu croisé de leurs fusils, n’a pratiquement aucune chance de s’en tirer. C ’est ainsi que les choses ont dû se passer si l’on admet que les déclarations de Bowers et de Brennan sont dignes de foi toutes les 2. Peut-être les tireurs étaient ils encore plus nombreux. C’est possible, mais nous entrons là dans le domaine des spéculations qui lorsqu’elles sont approximatives desservent les partisans de la thèse du complot. C’est pour cette raison qu’il est préférable de s’en tenir aux témoignages de ceux qui se sont manifesté aux moments des faits et qui s’y sont tenus. Pour en revenir à Oswald, si tenté qu’il soit le tireur du dépôt de livres et qu’il ait été dans son entreprise, on peut émettre des hypothèses et trouver un début d’explication à sa conduite et à son comportement après l’attentat.

2- Examinons maintenant l’attitude et le comportement d’Oswald si l’on admet qu’il a été aidé.En faisant une telle supposition on opte pour la thèse d’une éventuelle conspiration. Dans ces conditions, les différences d’attitude et de comportements d’Oswald évoquées plus haut peuvent s’expliquer.

- L’attitude d’Oswald membre d’une hypothétique conspiration.

Dans cette étude il faut s’en tenir aux suppositions suggérées par les faits et rien d’autre. Oswald étant décédé, Ruby ayant disparu emporté par un cancer, l’un comme l’autre n’ont pas pu dire tout ce qu’il savait ou du moins expliquer leur implication éventuelle dans les événements de Dealey Plaza du 22 novembre 1963. Oswald aurait eu certainement des choses intéressantes à dire et Ruby n’a pas dit tout ce qu’il savait à la commission Warren. Il ne s’agit pas pour ce qui concerne ce dernier de pures inventions, mais de ses propres déclarations. Dans une interrogatoire filmé, il a déclaré sans équivoque qu’il ne pourrait tout dire tant qu’il ne serait pas en sécurité, c’est à dire tant qu’il demeurerait incarcéré à Dallas. Dans ce cadre il demandait d’être transféré à Washington où, en lieu sûr, il serait en mesure de dire tout ce qu’il savait. Hélas et on se demande bien pourquoi, la commission Warren n’accédera jamais à sa requête.

Si le procès d’Oswald avait eu lieu, il aurait peut-être permis de lever le doute sur un point capital. : Oswald et Ruby se connaissaient ils ? Etaient-ils impliqués dans le meurtre de Kennedy et de quelle manière ? Admettre que les deux hommes se connaissaient et répondre par l’affirmative à la deuxième question, c’est admettre "de facto" l’existence d’un complot (projet secret concerté entre un ou plusieurs individus contre quelqu’un).

Si on admet que les deux hommes se connaissaient et qu’ils étaient les membres d’un complot, limité à leurs seules personnes ou non, la différence d’attitude d’Oswald peut s’expliquer. On peut supposer que le scénario prévu s’est parfaitement déroulé jusqu’à l’entrevue d’Oswald avec Tippit. L’examen des faits montre, en effet, qu’à partir de ce moment là, tout s’enchaîne et l’attitude d’Oswald change brutalement pour une raison difficile à expliquer. Essayons d’y voir un peu plus clair en essayant de répondre aux interrogations légitimes que nous sommes en droit de nous poser. Après quoi il sera temps d’examiner certains détails évoqués par des témoins.

Oswald et le meurtre de Tippit

Cet épisode est capital, à plus d’un titre, dans l’accusation d’Oswald. A lui seul il peut expliquer si oui ou non Oswald a été aidé dans sa tâche. Rappelons aussi que dans la chronologie des événements qui ont conduit à l’arrestation d’Oswald, le meurtre de Tippit a été l’élément déterminant. Mais avant d’en venir à son assassinat des questions viennent à l’esprit.

1- Que faisait Tippit seul dans sa voiture dans le quartier d’Oakliff distant de quelques miles des lieux de Dealey plaza alors que la plupart de ses collègues répondant à l’appel de radio du quartier général de la police s’étaient dirigés vers les lieux de l’attentat ?

Si c’était pour essayer d’intercepter le suspect décrit par la police comme Lee Harvey Oswald, rien ne prouvait qu’Oswald ait eu le temps matériel de se trouver dans son secteur de patrouille. Etait-ce dans ce cas bien raisonnable d’envoyer Tippit seul dans un secteur où l’assassin présumé vraisemblablement armé risquait de se trouver ? Pourquoi ne pas lui avoir envoyé du renfort. Cette mesure de prudence, aurait été déterminante pour la suite des événements. De plus tout le monde, à cet instant, ignorait qu’Oswald avait rejoint son domicile et qu’il en était sorti. En effet rien n’obligeait Oswald à ressortir presque aussitôt de chez lui. Le témoignage de sa logeuse madame Earle Roberts est sur ce point, clair et indiscutable. Autre fait troublant pour lequel la commission Warren n’a pas manifesté de réel intérêt : les 2 coups de Klaxon donnés par une voiture de police devant le logement d’Oswald au moment où celui-ci était en train de se changer. Là aussi elle est précise dans ses déclarations. Non seulement elle a entendu le signal sonore mais elle a aussi vu la voiture de police dont le numéro d’identification peint sur la portière débutait par 10. Ce qui correspond au numéro de la voiture de Tippit. Les deux coups de Klaxon correspondaient ils à un signal convenu ? Quoi qu’il en soit et la police de Dallas ne peut contester ce point au risque de se contredire par ailleurs : la voiture de Tippit était apparemment la seule à patrouiller dans le secteur. La probabilité que la voiture de Tippit soit à l’origine des coups de Klaxon est élevée. Si tel est le cas pourquoi et dans quel but ? Admettre ce point est capital car si tel est le cas on est obligé d’en venir à la conclusion qu’Oswald et Tippit se connaissaient ?

2- Oswald est-il bien le meurtrier de Tippit ?
Si on admet que Tippit et Oswald se connaissaient, les faits observés c’est à dire la raison pour laquelle Tippit était le seul à se retrouver dans le secteur d’Oakliff et l’objet des 2 coups de Klaxon peuvent s’expliquer.

Deux faits sont incontestables :

- Le secteur d’Oakliff est bien celui où se trouve le logement d’Oswald et la voiture de Tippit patrouillait dans ce secteur.

- Madame Roberts, la logeuse d’Oswald, a bien déclaré à la commission Warren qu’une voiture de police avait ralenti et donné 2 coups de Klaxon en passant devant le logement d’Oswald.

Apparemment seule la voiture de Tippit était en mesure de se retrouver à cet endroit et de donner les 2 coups de Klaxon signalés par madame Roberts puisque toutes les autres voitures depolic, répondant à l’appel général avait convergé vers Dealey Plaza. Interrogeons nous alors sur la signification de ce signal sonore.

Si Oswald et Tippit ne se connaissaient pas et si la voiture de police mentionnée par madame Roberts est bien la sienne, on comprend alors mal la raison de cet acte. Dans le cas contraire en revanche, tout laisse supposer qu’il s’agissait d’un signal à l’encontre d’Oswald. Là encore, si le procès d’Oswald avait eu lieu, il aurait intéressant de le questionner sur ce point en particulier. Peut-être aurait-il fourni, à cette occasion, des précisions intéressantes. Prenons donc pour hypothèse que les deux hommes se connaissent. Si Tippit avertit Oswald, c’est par convention de manoeuvre. C’est aussi la raison pour laquelle Oswald quitte son domicile pour gagner un point de rendez-vous convenu. On peut difficilement imaginer que ce point de rencontre soit la voiture de Tippit. Si c’était le cas, pourquoi n’a t-il pas attendu Oswald devant chez lui dans sa voiture et non à quelques encablures de son domicile ? Peut-être Oswald rejoint-il tout simplement le lieu de rendez-vous décidé. Or le seul endroit que l’on puisse imaginer est celui où Oswald a été arrêté : le Texas Theater. Un autre détail d’importance apparaît dans le témoignage de madame Roberts. Cette dernière affirme avoir vu Oswald une fois sorti vers l’arrêt de bus en face de son logement et y demeurer. Appelée au téléphone par une amie elle n’a plus vu Oswald une fois la communication téléphonique terminée. Si tel est le cas, on peut définitivement exclure que la voiture de Tippit soit le lieu de rendez-vous convenu puisqu’en première intention Oswald décide de prendre le bus. On peut donc raisonnablement en déduire qu’Oswald s’est rendu à pied au Texas Theater vers 13h05 distant d’un kilomètre et demi environ.

Voici l’emploi du temps d’Oswald tel que l’a reconstitué la Commission Warren. Comme on le voit beaucoup d’incertitudes demeurent. Peu de témoins ont vu ou cru avoir vu Oswald (les avis divergent entre eux). Leurs observations se limitent à une portion très réduite du trajet supposé de l’assassin présumé. Personne ne l’a vu pendant la majeure partie de l’itinéraire qu’il aurait emprunté.

 

Source Commission Warren

 

Mais que devient alors Tippit pendant que Lee Harvey Oswald se dirige vers le Texas Theater. On peut imaginer qu’il poursuit sa route tranquillement pour le rejoindre. A aucun moment il n’utilise la radio de sa voiture. On peut donc supposer qu’il ne se sent pas menacé. De plus s’il s’approche sans crainte de la personne qui le tuera c’est qu’il ne se sent pas menacé. Alors qu’a-t-il bien pu se produire pour que les événements prennent une tournure aussi dramatique ? Essayons d’imaginer en s’en tenant encore une fois au faits tels qu’ils ont été rapportés par les témoins principaux que sont madame Markham et monsieur Benavides.

De leurs déclarations il ressort que la scène du meurtre s’est déroulée de la manière suivante :

Tippit s’est approché tranquillement de l’individu. Arrivé à sa hauteur, il s’arrête. L’homme en question accoudé à la portière droite de sa voiture, échange alors quelques mots avec Tippit. Il est alors 13 h16. Quelques secondes après, Tippit sort de sa voiture pour aller à la rencontre de l’individu en passant par le devant du véhicule. Arrivé à hauteur de la roue avant droite, l’homme fait feu brutalement et abat Tippit. Le meurtrier fait alors le tour du véhicule par l’avant et s’arrête à l’endroit où gît Tippit et lui loge alors à bout portant une balle dans la tête pour s’assurer définitivement de la mort de sa victime. Après quoi le meurtrier s’enfuit tout en recomplétant le chargeur de son revolver et disparaît. Que peut-on en conclure ?

1- Si Tippit s’est approché de son tueur sans méfiance et sans en référer à son quartier général c’est qu’il ne se sentait pas menacé et qu’il le connaissait. Dans le cas contraire, Tippit a commis alors une imprudence difficilement imaginable chez un policier aussi expérimenté que lui.

2- Le meurtrier est soit Oswald comme l’a dit la commission Warren en se reportant aux déclarations des 2 témoins principaux ou une autre personne que connaissait bien Tippit. On observera toutefois qu’Oswald a quitté son logement vers 13 heure 04 et que Tippit a été abattu à 13 heures 16. De deux choses l’une : soit Oswald est un coureur à pied extraordinaire, soit il s’est rendu en voiture ou en taxi non loin de l’endroit où Tippit a trouvé la mort . Malheureusement pour l’accusation, aucun témoignage ne permet de vérifier l’une ou l’autre des deux hypothèses. De plus, aucun chauffeur de taxi de Dallas ne se souvient avoir pris en charge Oswald à proximité de son logement ou dans le secteur.

Dans ces conditions, il est difficile de rejoindre les conclusions de la commission Warren quand elle affirme qu’Oswald est le meurtrier de Tippit. La lecture complète du rapport et en particulier le volume consacré aux dépositions des témoins (The Hearings) laisse parfois le lecteur perplexe. C’est le cas des dépositions des deux principaux témoins à charge du meurtre de Tippit : Markham et monsieur Benavides. Il ressort de leurs déclarations quelques fois contradictoires et donc sujettes à caution, que le meurtrier décrit ne correspond pas forcément au portrait et à la silhouette d’Oswald. De plus, leur dépositions sont intervenues après que le portrait d’Oswald ait été abondamment diffusé sur toutes les chaînes de télévision de l’état du Texas et du pays tout entier. On peut donc supposer qu’ils ont été , inconsciemment ou non, influencés par ce matraquage médiatique avant de faire leur déposition. De plus si l’on suppose que Tippit est bien celui qui a donné le coup de Klaxon, il a de l’avance par rapport à Oswald qu’il n’a pas attendu devant chez lui et très proche du point de rencontre supposé : le Texas Theater. Or l’endroit où Tippit est abattu est distant de quelque centaines de mètres du lieu de rendez-vous. On peut donc légitimement penser que Tippit a rencontré son meurtrier quelques instants après avoir donné le coup de Klaxon mentionné plus haut. A ce moment là Oswald est peut-être encore chez lui ou vient de se mettre en route et n’est donc pas en mesure le meurtre dont on l’accuse.

3- Si Oswald est le meurtrier c’est qu’il s’est soudainement senti menacé ou contrarié par ce que vient de lui dire Tippit. Dans ce cas Tippit s’y serait pris autrement et se serait entouré de précautions élémentaires pour limiter son exposition. Il n’aurait pas pris alors le risque de quitter son véhicule pour s’exposer encore davantage. Si Tippit a commencé à dégainer son arme comme on le constatera sur sa dépouille peu après le meurtre, c’est probablement dans un geste d’autodéfense. Aucun témoin n’a d’ailleurs fait de déclarations tendant à prouver que l’attitude de Tippit était déterminée et agressive. A aucun moment il ne donne l’impression qu’il procède à une interpellation en bonne et due forme. Bien des éléments portent donc à croire que Tippit connaissait son assassin et que ce dernier avait de bonnes raisons de le supprimer. Si l’assassin n’est pas Oswald, le mobile du meurtrier est de réduire Tippit au silence, parce qu’il détient des informations que son meurtrier ne souhaite pas voir divulguer plus tard. Et si ces informations sont directement liées à l’assassinat de Dealey Plaza, on comprend encore mieux le mobile. Là commence le domaine des hypothèses les plus diverses sur la nature et la composition d’un complot éventuel et de l’appartenance d’Oswald et de Tippit, chacun dans leur rôle et attributions respectives, à ce complot. C’est un pas que je ne franchirais pas. D’autre l’ont fait avant moi mais je considère que la mise en accusation de personnes est beaucoup trop grave pour être faite à la légère. Par souci d’équité et par convention de manoeuvre, j’essaie depuis tant d’années de m’en tenir à l’analyse des faits et de ce qu’elle suggère ou peut laisser supposer.

L’aprés meurtre de Tippit et l’arrestation d’Oswald

Evoquons à nouveau les deux hypothèses pour étudier ce point critique et apporter une explication à l’évolution de l’attitude d’Oswald.

1- Oswald est l’assassin de Tippit

Oswald vient de tuer Tippit et fuit les lieux du crime. Il s’enfuit en courant et empruntant la première avenue son affolement est manifeste. Il se réfugie sur le parking de l’arrière cour d’un garagiste, se débarrasse de sa veste et s’arrête devant la devanture d’un magasin. Là toujours empreint à une nervosité importante, il n’arrête pas de se retourner comme s’il se sentait menacé ou traqué. Intrigué par son comportement, le commerçant l’observe et le suit des yeux jusqu’à ce qu’il pénètre dans le Texas Theater. Si vite que l’ouvreuse ne s’aperçoit pas qu’il vient de rentrer sans payer. Alertée par le commerçant, cette dernière appelle la police sur ses conseils. Oswald pénètre dans la salle de cinéma et manifeste un étrange comportement. Passant du balcon au parterre, il ne cesse de changer de place et n’arrive pas à trouver le calme manifesté au dépôt de livres au moment où il est interpellé par Baker et Truly. Etonnant pour quelqu’un qui avait réussi à parfaitement maîtriser ses émotions après avoir commis le crime le plus difficile au plan technique et émotionnel qui soit : le meurtre du Président. Dans la même situation plus d’un aurait pas eu le même self control. Alors on comprend mal l’attitude d’Oswald à l’intérieur de la salle de cinéma. Même si on admet qu’il vient de tuer Tippit et sans essayer de créer une échelle de valeur dans l’horreur, l’assassinat d’un policier est un meurtre moins exceptionnel que celui d’un président. On peut donc imaginer qu’Oswald aurait été en mesure de faire preuve de la discrétion et de la retenue manifestée face à Baker et Truly. Or c’est manifestement le contraire qui se produit. Pourquoi ? Venons maintenant à l’arrestation d’Oswald par la police de Dallas.

La police alertée par l’ouvreuse de la salle de cinéma fait irruption dans la salle. Les lumières s’allument et la police se dirige d’abord au balcon. Après quoi elle rebrousse chemin et s’en retourne au parterre. Là sur indication du commerçant, la police s’approche d’Oswald et l’interpelle. Il s’en suit une lutte brève au cours de laquelle des coups sont échangés. Oswald se débat brièvement avant d’être finalement maîtrisé, non sans avoir tenté de faire usage de son arme à l’adresse du policier Mac Donald chargé de le maîtriser. Oswald est alors amené au poste de police. En route il ne dit rien. A l’arrivée au siège de la police de Dallas, au policier qui lui propose que son vissage soit caché il déclare à ce dernier n’avoir aucune raison de se reprocher quoi que ce soit. Les interrogatoires vont désormais commencer pour ne cesser de se succéder jusqu’au transfert d’Oswald prévu le dimanche.

2- Oswald n’est pas l’assassin de Tippit :

C’est l’hypothèse la plus probable si l’on admet qu’Oswald s’est bien rendu à son domicile à 13 heures précises comme l’a toujours clamé avec force et sure d’elle même Earl Roberts sa logeuse. C’est aussi celle qui colle le mieux avec l’heure à laquelle Tippit a été abattu c’est à dire à 13 heures 16. Oswald sorti de chez lui vers 13 heures 06 n’avait pas matériellement le temps nécessaire pour se rendre à pied, comme l’a prétendu la commission Warren, à l’endroit où Tippit a été abattu. Pour être en mesure de commettre un tel acte, Oswald aurait du se rendre en voiture ou en bus sur les lieux du meurtre. Or nous avons vu plus haut qu’aucun chauffeur de taxi ou de bus, n’avait déclaré avoir pris en charge Oswald entre 13 heures 06 et 13 heures 16. Dans ces conditions Oswald, s’est rendu à pied de son domicile au Texas Theatre et Tippit a été abattu avant qu’Oswald n’ait atteint le cinéma et le lieu du meurtre du policier. On en vient alors à en déduire que Tippit a été abattu par un tiers, qu’il connaissait puisqu’il s’est approché de lui sans méfiance et qui avait de bonnes raisons de le supprimer.

Essayons maintenant d’imaginer le film des événements qu’a dû vivre Oswald entre son départ de son domicile et son arrestation au Texas Theatre. Oswald ignorant le meurtre se rend au Texas Theatre le lieu de rendez-vous convenu avec son complice. Qui était donc ce complice sinon Tippit, si c’est bien ce dernier qui, selon toute vraisemblance, a donné les 2 coups de Klaxon de la voiture de police vue par Earl Roberts la logeuse d’Oswald devant le domicile de ce dernier. On peut donc supposer que Tippit prévient Oswald suivant un signal convenu au préalable. Dans le cas contraire, comment expliquer une telle attitude. Admettre une telle hypothèse c’est aussi convenir que d’une part Tippit et Oswald se connaissait, et que d’autre part une autre personne les connaissant est intervenue pour commettre le meurtre de Tippit. Seuls l’examen des faits suggèrent un tel scénario et permet d’y voir plus clair et de comprendre l’attitude d’Oswald à l’intérieur du Texas Theatre. Si comme nous le supposons Oswald doit se rendre au Texas Theatre après les coups de Klaxon de confirmation de Tippit, il le fait à pied et tranquillement sans se départir du calme qu’ il affichait au dépôt de livres au moment où Baker et Truly l’interceptaient. Il y arrive probablement vers 13 heures 30 et s’y installe après s’être acquitté de l’achat de son ticket. Assis au parterre il attend son complice et doit très rapidement trouver le temps long quand il constate que son complice qui avait pourtant de l’avance par rapport à lui ne s’y trouve pas ou ne se manifeste pas. C’est à ce moment là qu’Oswald doit sentir qu’il se passe quelque chose d’anormal et contraire au scénario prévu. Son attitude change alors et il essaye de se manifester en changeant de place. De cette façon il espère que son complice le repérera et se manifestera. Très vite il s’aperçoit que ce dernier a du retard mais il reste confiant après avoir changé de place une dernière fois. Mais qu’attendait donc Oswald de la part de son complice ?

Avant de répondre à cette question il nous faut revenir sur un détail d’importance qu’a négligé la commission Warren. C’est regrettable car il permet à lui seul de supposer qu’Oswald et Tippit étaient complice. En effet on retrouvera sur la banquette arrière de la voiture de Tippit un uniforme complet. Etonnant et révélateur à la fois. Si l’on admet la complicité d’Oswald et de Tippit et en considérant le choix du rendez-vous, on peut supposer que l’uniforme de policier était destiné à Oswald et que ce dernier devait le revêtir à l’intérieur du cinéma. L’obscurité de la salle permettait de le lui fournir en toute discrétion et Oswald n’avait plus qu’à se changer tranquillement dans les toilettes et quitter le cinéma et retrouver Tippit dans sa voiture à l’extérieur et se rendre en toute impunité à un autre endroit convenu.

Que conclure de cette éventualité suggérée par l’étude des faits ? Si les faits se sont déroulés de cette manière, on peut en déduire qu’Oswald se sont faits piégés tous les deux par leurs complices et qu’ils étaient tous les deux des bouc émissaires destinés à focaliser l’attention des enquêteurs et rendre l’investigation mort née. Tippit abattu, Oswald encore en vie constituait une menace pour une éventuelle conspiration. Le rendez-vous du Texas Theatre aurait peut-être dû être fatal à Oswald. C’est sûrement ainsi que l’avait prévu les comploteurs. Essayons d’imaginer comment. Attirer l’attention du voisinage était sans doute la mission du personnage qui s’est manifesté à Brewer devant son magasin, a laissé une veste sur un parking et est entré sans payé dans le Texas Theatre. Extravagant, peut-être mais pas tant si on considère la différence d’attitude de comportement d’Oswald au dépôt de livres et au poste de police une fois arrêté. En effet il très difficile d’admettre qu’Oswald ait pu changer d’attitude aussi radicalement. Est-il possible que la seule période où il ait été agité et nerveux soit celle comprise entre le meurtre de Tippit et son arrestation, surtout si l’on admet qu’il n’a pas eu selon toute probabilité le temps matériel d’atteindre le lieu où Tippit a été abattu. Le personnage chargé d’attirer l’attention a pleinement réussi sa mission. Convaincant dans son rôle, c’est grâce à son intervention que Brewer et la caissière du cinéma alerterons la police. Une fois à l’intérieur du cinéma son rôle ne s’est peut-être pas arrêté pour autant. De plus, son attitude a peut-être permis à la police de se diriger plus facilement vers Oswald au moment où elle a fait irruption. En effet, soit Oswald a changé de place plusieurs fois de places pour attirer l’attention de son complice, soit ce personnage, ayant une ressemblance avec Oswald, a agi de telle sorte qu’on le remarque pour faciliter les recherches de la police au moment où celle-ci ferait irruption dans la salle. Quoi qu’il en soit, les policiers de Dallas se dirigeront vers Oswald au moment de leur arrivée, non sans avoir quelque peu hésiter. C’est Brewer qui leur fournira l’indication nécessaire pour se diriger vers Oswald. Ainsi, le piège avait fonctionné comme la conspiration l’avait prévu. A un détail prés. Oswald était arrêté vivant, ce qui n’avait probablement pas été prévu. On peut imaginer en effet que les comploteurs supposaient qu’Oswald se sachant piéger se serait défendu et perdu pour perdu aurait fait usage de son arme. C’est ce qu’il a essayé de faire, mais d’une part celle-ci ne semble pas avoir fonctionné normalement et d’autre part, les policiers n’ont pas fait non plus usage de la leur et ont préféré maîtriser le suspect en utilisant leurs bras. Oswald prononçait alors la phrase restée célèbre : " eh bien tout est fini". Oswald comprend la situation mais se reprend très vite. Pendant son transfert et avant d’atteindre le poste de police il met au point sa stratégie de défense. La aussi, son attitude dans les locaux de la police de Dallas laisse supposer qu’il n’était pas seul.

Les interrogatoires et l’attitude d’Oswald jusqu’à son assassinat :

L’attitude d’Oswald une fois maîtrisé par la police à l’intérieur du Texas Theatre suscite bien des interrogations et suggèrent qu’il avait des complices. La principale caractéristique d’Oswald au cours de sa détention est de n’avoir rien dit ou presque.

 

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Oswald arrêté fait face à la presse le vendredi 22 novembre dans la nuit

 

Parfaitement maître de lui, il étonnera tous ceux qui l’approcheront par son calme extraordinaire. Will Fritz qui l’interrogera à plusieurs reprises en témoignera et ajoutera même à son égard qu’il éprouvait face à Oswald le sentiment que ce dernier était rompu aux techniques de l’interrogatoire. Anticipant toutes les questions qu’on lui posait il semblait avoir toujours la réponse. Beaucoup de ceux qui eurent affaire à lui ont eu l’impression qu’il cherchait à gagner du temps. Aussi il s’appliquera à ne rien dire ou presque. Il rejette tout en bloc et déclare ne pas comprendre pourquoi il a été arrêté . Il ne reconnaît pas avoir tué Tippit et encore moins le Président. "Tout juste lance t il à la cantonade qu’il n’est qu’un pigeon "a patsy". Et c’est bien là que réside l’énigme d’Oswald. Etait il le pigeon qu’il a prétendu être ou était il au contraire un des acteurs essentiels de la conspiration à laquelle il appartenait.
Il est peu probable qu’Oswald ait été un simple pigeon. A cette hypothèse on peut opposer le "professionnalisme" d’Oswald et sa capacité à enchaîner les interrogatoires sans commettre la moindre faute. Son attitude au cours de sa détention porte à croire qu’il cherchait à gagner du temps pour laisser le temps aux véritables responsables d’organiser leur fuite. Et il faut bien dire qu’il a plutôt bien réussi si cette hypothèse est vérifiée. De plus, le témoignage de sa femme Marina est intéressant quand on lui demande son avis sur la culpabilité de son mari. Elle a toujours déclaré que si Lee son mari avait été innocent et étranger aux faits qu’on lui reprochait, il l’aurait fait savoir et de manière violente. Même si on peut mettre parfois en doute la parole de Marina, tant sa position à l’époque était inconfortable et sa crainte d’être expulsée dans son pays d’origine bien réelle, il faut la croire quand elle affirme que Lee aurait crié à l’injustice. Son comportement laisse supposer qu’il avait un rôle à jouer et qu’à ce titre il est bien évidemment coupable. Il avait en effet l’occasion pour une des premières fois de sa vie de jouer un rôle important et il faut bien avouer qu’il l’a bien tenu. Peut-être il pensait qu’en se taisant il laissait le temps à ses comparses de s’organiser et qu’en échange il le tirerait à terme de la situation inconfortable dans laquelle il se trouvait. Il faut dire que sa prestation n’a pas été suffisamment convaincante pour l’épargner et empêcher les conspirateurs de le supprimer. Même si ces derniers avaient plutôt rassuré dans les 2 jours qui ont suivi l’attentat ils ne souhaitaient pas manifestement qu’Oswald reste en vie tant ce dernier constituait une menace. Il n’avait pas la garantie de son silence une fois incarcéré et son procès à venir. Il fallait le réduire au silence. Ruby s’en chargera et de fort belle manière le dimanche 24 novembre 1963 en fin de matinée.


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